Titre original : Mesl-e Hame-ye Asr-hâ
Auteure : ZOYÂ PIRZÄD
Traduction du persan (Iran) : Christophe BALAŸ
Couverture : David PIERSON
Editions : ZULMA -2007, 2015- 132 pages
Cela a été un grand plaisir pour moi, de découvrir dans la touffeur et le tohu-bohu de la FNAC de Marseille, ce petit livre à la couverture d'un vert printanier, qui correspond si bien à la beauté et à la simplicité de ce livre.
Le plus important, cependant était le nom de l'auteure, dont j'avais déjà lu, avec bonheur, plusieurs livres, dont un chroniqué ici
Pas de roman cette fois, mais dix-huit très courtes nouvelles, dont certaines m'ont fait penser à des poèmes en prose, ceci n'engageant que moi !
Deux d'entre elles ont pour héros des hommes, perçus dans un moment de fragilité.
Les seize autres parlent de la vie des femmes, saisie dans une continuité quasi hypnotique : bébé, petite-fille, jeune-fille, jeune femme, femme mûre, femme âgée, ou d'une étape de celle-ci, pas un moment drame ni d'intense bonheur, non, juste un moment banal, ou qui semble l'être, alors que pourtant, sans que rien ne se passe vraiment, la vie bascule.
Femme au bouquet de fleurs. Iran, période Séféride. Vers 1575.
Peinture à l'eau et or sur papier. Smithsonian museum of Arts. Washington. |
Toutes ces femmes ne sont en rien des héroïnes. Ce sont des femmes mariées ou veuves. Très peu d'entre elles travaillent à l'extérieur. Elles tiennent leur maison, s'occupent avec tendresse de leurs enfants, font la cuisine, beaucoup de cuisine, arrosent leurs fleurs, avec comme seul horizon, mais ce n'est pas une punition, le bout de la rue où tout s'agite un peu trop, le pêcher qui année après année s'entête à fleurir.
Si certaines ont parfois envie de faire autre chose, écrire une histoire par exemple, la plupart se satisfont de cette vie, sachant qu'elles tiennent leur rôle.
Leurs maris n'ont rien de tyrans : ils vont à leur bureau et rentrent chez eux le soir. Si le menu ne leur plaît pas, ils peuvent se permettre une petite grimace mais mangent "sans faire d'histoire".
Où sommes-nous ? En Iran. A quelle époque sommes-nous ? Quelque part entre les années cinquante du siècle dernier et aujourd'hui. En fait dans un espace intemporel, -s'il est possible d'écrire côte à côte ces deux mots -même si, dans les dernières nouvelles, une actualité proche ou un peu plus lointaine semble laisser sa marque.
Iran, Ispahan. Panneau de céramique à la joute poétique. XVIIe siècle. Musée du Louvre. Paris |
Rien ne se passe ou si peu et pourtant tant de choses son dîtes : sur la vie, sa brièveté, ses bonheurs minuscules, ses grands malheurs, sa fragilité.
Aucun pathos ici, des mots simples, des phrases fluides, qui rendent toute la vérité des moments que la sensibilité et l'oeil exercé de l'auteure savent si bien saisir.
Un vrai bonheur de lecture à ne pas manquer.
Je tiens de plus à préciser qu'habituellement je ne goûte que très peu les nouvelles. Alors...
J'aime beaucoup l'univers de cette romancière, que tu as joliment illustré, et j'en reconnais l'atmosphère à travers ton billet. Des nouvelles, je n'en lis pas souvent, peut-être ferai-je une exception pour celles-ci ?
RépondreSupprimerN'hésite pas Tania ! Moi non plus je ne suis pas une lectrice de nouvelles. Mais celles-ci m'ont vraiment charmée. J'espère que tu vas mieux !
SupprimerJe note : j'aime beaucoup les nouvelles. Merci.
RépondreSupprimerJe suis certaine que ce livre vous plairait !
SupprimerUne auteur que je devrais découvrir;.. (comment ça, il y a cette oeuvre au louvre?)
RépondreSupprimerIl parait !Dans la nouvelle section des arts de l'islam, semble-t-il !
Supprimerj'en garde un bon souvenir, et j'aime beaucoup cette auteure !
RépondreSupprimerMoi aussi, je l'aime beaucoup. Elle dit tout si simplement. Du grand art, je trouve.
SupprimerOhhh quel joli billet et illustrations, merci!
RépondreSupprimerComme Bonheur du jours, j'aime énormément les nouvelles, un art de concision difficile à réussir. Alors c'est noté!
Merci à toi, Colo ! Tu devrais lire celles-ci et me dire ensuite ce que tu en penses. Cela m'intéresserait beaucoup !
SupprimerJe n'ai pas encore abordé cette auteure ; je pense le faire un jour.
RépondreSupprimerTu verras c'est un plaisir !
Supprimerune romancière et poète que je ne connais pas
RépondreSupprimerj'aime énormément tes illustrations
Tu devrais la lire, Dominique, c'est un vrai plaisir. Quant aux illustrations j'ai essayé qu'elles collent à la douceur apparente du texte et montrent aussi le raffinement de cette civilisation.
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RépondreSupprimerUne très belle esthétique de couverture, autant pour celui-ci que l'autre de l'auteur il y a... déjà 5 ans. Et le choix des illustrations va de pair, le panneau de céramique du Louvre est merveilleux. Je garde l'auteure chez Zulma en tête.
RépondreSupprimerOui, c'est vraiment l'une des caractéristiques des éditions Zulma, et ce qUi rend toujours ses ouvrages attrayants. J'ai lu que pour chaque couverture l'auteur de celle-ci, cherchait à rendre l'atmosphère de l'ouvrage dont il était question. Ici et comme toujours c'est parfaitement réussi.
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