mercredi 21 décembre 2011

LES DRÔLES DE MOTS DU MERCREDI


Cette semaine, deux mots, dont tout le monde connaît la signification  : inutile donc d'avoir recours aux dictionnaires et autres encyclopédies en ligne ou non ! 
Tous, autant que nous sommes  souhaitons juste pouvoir les vivre, ce qui n'est pas toujours le plus facile.

                          JOIE                                                               PAIX

Quand ce n'est pas le cas, un troisième mot peut venir à notre aide :



     ESPOIR



JOYEUX NOËL ET BONNE ANNEE 
A TOUTES ET A TOUS !


mardi 20 décembre 2011

LA JEUNE-FILLE ET LE SERPENT MÂÂGENIN



Histoire de l 'Île des Pins (Nouvelle-Calédonie)
adaptée d'une histoire de tradition orale nââ kwënyii
Texte raconté par Sophie KOICE 
Illustrations : Catherine BAYLE
Adaptation du texte : Isabelle LEBLIC
Editions : La société des Océanistes- 2011-
32 pages


Pour terminer l'année 2011 et à quelques jours de Noël, j'ai choisi de vous parler d'un livre pour enfants.
Pas de sapins tout scintillants, ici, ni d'oursons courant dans la neige, pas de feux de cheminée non plus ni de dindes rôtissant dans le four, mais une  petite-fille dans  une île  lointaine et l'histoire de la création d'une famille, ou plutôt d'un clan les  Koicé Kokué.

En Nouvelle-Calédonie comme ailleurs, rien ne donne plus envie à un enfant de désobéir qu'une interdiction. La petite-fille de l'histoire n'échappe pas à la règle. Il ne faut pas descendre dans la baie d'ORO ? C'est ce qu'elle fait aussitôt et comme, partout, une fois la désobéissance accomplie... la punition suit et ici  dure. Heureusement, il y a toujours moyen d'échapper à un sort jeté, la bête ici aussi devient prince et de nombreux enfants suivront : les Koicé Kokué.

Retranscrit et illustré pour un petit garçon d'origine kanak  et tous les autres enfants kanak avec lui, cette histoire peut parler également à ceux qui ignorent tout de la Nouvelle-Calédonie : parce que le serpent Mâagenin intrigue et fait peur, parce que sa métamorphose soulage, parce que la fin de l'histoire ouvre sur l'avenir.

J'ai aimé la maquette de ce petit livre : les grandes illustrations  en pleine-page ( de beaux collages simples et évocateurs) font face au texte imprimé dans la couleur dominante de celles-ci, créant ainsi une suite d'atmosphères, dans lesquelles on entre avec crainte ou plaisir.

Ce premier ouvrage de la collection "Petites histoires d'Océanie"  est donc à saluer à plus d'un titre, puisqu'il peut faire découvrir à tous ceux que l'Ailleurs intéresse, une des multiples et pourtant si semblables manières que les hommes et les femmes ont trouvées pour répondre au mystère de leur origine.

Les plus grands liront avec intérêt la courte postface : "La société kanak de Nouvelle-Calédonie en quelques mots..."
Ils y apprendront plus sur le serpent Mââgenin  et les esprits ancestraux, mais également sur les lieux sacrés ou interdits qu'il faut respecter, comme tous les autres domaines privilégiés par les esprits : forêts profondes, brousse, nuit....
Des pistes bibliographiques sont données en conclusion à ceux qui voudront élargir leurs connaissances

jeudi 15 décembre 2011

AMBROISE LOUIS GARNERAY

Nous sommes aujourd'hui habitués aux splendides photos de baleines qui nous révèlent tout le mystère, toute la beauté et la puissance de ces animaux extraordinaires.
Au milieu du XIX ème , au moment où Herman MELVILLE écrit "MOBY DICK", les choses sont bien différentes.
Soucieux de rendre un hommage aussi complet que possible à l'animal qui l'obsède, MELVILLE consacre deux chapitres entiers aux diverses représentations de la baleine : gravures, peintures, sculptures sur bois ou ivoire et même  montagnes et étoiles qui portent son nom.
S'il est généralement peu tendre avec les artistes ou scientifiques qui se sont frottés au sujet, l'un d'eux pourtant trouve grâce à ses yeux, un français, Ambroise Louis GARNERAY, dont il a admiré deux tableaux, reproduits en aquatinte.

"Elles représentent respectivement des attaques de Cachalot et de la Vraie-Baleine.
Dans la première, un noble cachalot est dépeint dans la pleine majesté de la puissance ; il vient de remonter des profondeurs de l'Océan, juste dessous une baleinière, et porte sur son dos, haut dans l'air, l'affreuse épave démantelée...

"Pêche du Cachalot" -New-Bedford Whaling Muséum-  New-Bedford  Mass-USA

Debout sur cette proue, pour cet insaisissable éclair de temps, on voit un rameur, mi-voilé par le jet furieux de la baleine et s'apprêtant à sauter comme dans un précipice. La scène est merveilleusement juste et vraie."

"Dans la seconde gravure, le canot est en train d'accoster le flanc d'une grande Vraie-Baleine en mouvement et qui roule sa masse noire pleines de mauvaises herbes marines, comme quelque éboulement de rocher couvert de mousse des falaises patagoniennes...


"Pêche de la baleine" -New-Bedford Whaling Muséum- New-Bedford  Mass-USA


Ainsi au premier-plan tout est rage et mouvement. Mais à l'arrière-plan, par un contraste artistique admirable, est représenté le niveau vitreux d'une mer encalminée ; du vaisseau impuissant, les voiles dégonflées sont affaissées et la masse inerte d'une baleine morte, forteresse conquise, a le drapeau de capture qui tombe paresseusement du bâton fixé dans le trou de son jet."


"Qui était Garneray le peintre ?Je ne sais. Mais je gagerais ma vie qu'il avait pratiqué son sujet, ou alors qu'il avait été merveilleusement formé par quelques baleiniers expérimenté."


Herman Melville  avait raison. Ambroise Louis GARNERAY savait e quoi il parlait !

Né en 1783, à Paris, il s'engage à l'âge de 13 ans dans la Marine.

"Excepté la piraterie, je crois que j'ai pratiqué tous les genres de navigation"

Navigant  tout aussi bien sur des vaisseaux de guerre officiels, qu'avec Surcouf, sur des bateaux corsaires, il ne quitte la mer qu'en 1806, quand, blessé, il est fait prisonnier par les anglais, qui le garderont "les huit années suivantes dans l'enfer des pontons en rade de Plymouth".
Formé  enfant par son père, il utilise ce temps à peindre, puis, libéré devient rapidement peintre officiel de la Marine puis Directeur du musée de Rouen.
Parallèlement il écrit des récits et ses mémoires, qui font de lui "un des précurseurs du roman d'aventure maritime", qui remaniés et édulcorés, seront ensuite publiés dans des éditions pour la jeunesse.
Il meut à Paris en 1857.

Ainsi, d'un livre à d'autres, si nous le voulons, nous ne quitterons pas la mer !






mercredi 14 décembre 2011

LES DRÔLES DE MOTS DU MERCREDI


Il y a vraiment beaucoup de "Drôles de mots", dans "MOBY DICK" ! De très nombreux termes de marine, mais aussi d'autres plus spécifiquement liés aux baleines.
C'est l'un de ceux-ci que j'ai retenu aujourd'hui, parce qu'il m'a beaucoup intrigué et qu'il revient très souvent dans le texte qui lui consacre d'ailleurs un chapitre entier... vers la fin.


LE SPERMACETI :
"De même comme la tonne de Heidelberg, qui était toujours pleine des plus excellents vins du Rhin, la tonne de la baleine contient de loin le plus précieux de sa vendange huileuse, c'est-à-dire "le spermaceti" si hautement apprécié, à l'état absolument pur, limpide et odoriférant."

Après bien des consultations de dictionnaires et d'articles sur Internet voici une petite synthèse, qui j'espère sera aussi claire et juste que possible :

Tout d'abord, un prélable et un peu d'anatomie :
- Le spermaceti ne se trouve pas chez tous les cétacés, mais essentiellement dans la tête des cachalots : spermwhales en anglais.
- Celle-ci occupe le tiers de la longueur de son corps et présente une forme extrêmement arrondie à l'avant :


Source : petroleumhistory.org


Sa partie supérieure -" the case" que l'on pourrait traduire, par "la caisse"- est une vaste cavité dans laquelle est stocké le spermaceti. Ce n'est en aucun cas le cerveau - comme il est écrit dans certains dictionnaires que je ne dénoncerai pas... - qui, comme vous le voyez, se trouve en bas à droite.
Cette grande "caisse" est remplie d'une substance blanche et grasse, le spermaceti - appelé également et de façon impropre "blanc de baleine" en français, car la baleine n'est pas dotée de cet organe- composée d'acides gras, que le cachalot a le pouvoir de fluidifier ou de faire cristalliser en modifiant l'afflux sanguin dans cette partie de son corps. Le volume contenu est énorme puisqu'on parle de 4 tonnes, alors que le cerveau du cachalot lui, ne pèse que 8 kg.

Le spermaceti remplit probablement deux fonctions :
-  la première d'aide à la flottabilité, permettant au cachalot, soit de se maintenir à la surface de l'eau, quand le spermaceti est à l'état liquide, soit au contraire de s'enfoncer de plus en plus sous l'eau quand celui-ci se cristallise : c'est alors une sorte de balast naturel.
- la seconde, d'écholocation, en faisant office "de lentille de convergence pour les ondes sonores" :  c'est alors un élément du sonar des cétacés.

Bon, on y voit plus clair pour les cachalots ! Mais en quoi le spermaceti peut-il bien intéresser les humains ?

Herman MELVILLE nous donne la réponse :

"En voilà pour trois milles dollars les gars, une vraie banque. Toute une banque ! La Banque d'Angleterre !"


Et oui, au XIX ème siècle -et peut-être d'ailleurs encore aujourd'hui-, le spermaceti valait une fortune. Purifié à l'alcool et appelé alors cetine, cette substance combustible, qui produit une belle lumière blanche, sans fumée, était essentiellement utilisée pour la production ... de bougies :

Pas de pitié donc :

"Malgré sa vieillesse, son unique nageoire et ses yeux aveugles, elle était vouée à la mort par assassinat, afin de donner de la clarté aux joyeux mariages et autres festins de l'homme, et aussi à illuminer les sollennelles églises dans lesquelles il est prêché que tous doivent être absolument inoffensifs envers tous"

Des bougies, du lubrifiant, des produits de beauté, des baleines de corset ou de parapluie, voilà pourquoi les cachalots, les baleines (et combien d'hommes? ) ont été exterminés !
Je reste songeuse...

dimanche 11 décembre 2011

MOBY DICK






Auteur : HERMAN MELVILLE
Editions : Gallimard 1940- Folio Classique  n°2852-731 pages-


Depuis quelques jours je n'ai guère travaillé sur mon blog.
Noël y est pour quelque chose, bien sûr, mais Herman MELVILLE, encore plus !

J'ai en effet entrepris une lecture que je repoussais depuis 40 ans : MOBY DICK, et MOBY DICK ne se lit pas comme n'importe quel autre livre. Il faut du temps et beaucoup d'attention !
Car il ne s'agit pas d'un livre, mais de plusieurs, une véritable somme, sur la baleine et les hommes qui la poursuivent, brassant les mythes, l'histoire,  la géographie, les techniques de marine et de chasse,  mais aussi la métaphysique, la symbolique des couleurs, l'histoire de l'art et je dois en oublier.

Ishmaël, le narrateur, ne se contente pas de nous raconter une aventure mais au fur et à mesure que celle-ci se déroule,  nous fait partager sa passion. Et comme tout passionné il s'interroge, il recherche, il s'indigne, il convoque la Bible, Plutarque, Montaigne, Shakespeare et tous ceux qui de près ou de loin se sont intéressés à ce qui le fait vivre. Il éprouve enfin le besoin de synthétiser ses pensées, pour lui tout autant que pour nous, avant de reprendre le fil de son récit et nous entraîner dans cette chasse aussi  prosaïque que mythique.

Alors que je ne suis qu'à une grosse moitié du livre en plus de dix jours, je sais déjà que j'ai rencontré un chef d'oeuvre. Car rien n'est ennuyeux ici, tout est original, étonnant, passionnant. 
Alors que j'avais entrepris cette lecture avec crainte, je la poursuis à présent avec avidité.

J'espère, si vous ne l'avez déjà fait, vous donner envie de monter aussi sur le "Péquod", ce bateau-monde où :
"l'Américain natif fournit libéralement les cerveaux: le reste de l'univers fournissant non moins libéralement les muscles". 
C'est pourquoi les posts suivants risquent fort de tourner encore et pour quelques jours autour d'elle :

LA BALEINE




I

lundi 5 décembre 2011

LE CHEVAL A BASCULE







Titre original : POSTERN OF FATE
Auteur : AGATHA CHRISTIE
Traductrice : Janine LEVY
Editions : Le Masque 2007 -222 pages-


Voici déjà décembre, le moment où il faut savoir mettre fin aux travaux engagés, avant de commencer l'année avec de nouveaux projets. 
Le temps, donc, pour moi,  de terminer la série des Beresford, par ce dernier roman, qui a la particularité d'être également le dernier livre écrit par Agatha CHRISTIE.
La couverture que j'ai choisie -c'est bien sûr pour cela que je l'ai fait, en plus de l'avoir trouvée très belle- nous offre tous les éléments clés de l'intrigue : 

Nos héros, Tommy et Tuppence sont toujours là, mais leurs cheveux blancs nous indiquent... qu'ils n'ont pas rajeuni.
A présent  largement septuagénaires, comme Agatha elle-même, ils viennent d'emménager, non loin de la mer,  dans une  charmante demeure, qui nécessite quelques travaux : électricité à refaire, jardin à reprendre, sans parler de la nécessité de trier et ranger leurs livres dont le nombre s'est accru  : les précédents propriétaires,  leur ont en effet laissé de nombreux titres pour la jeunesse, qui ravissent Tuppence : elle y retrouve toute son enfance, un vrai bonheur !

Mais celui-ci, bien entendu, ne serait pas total, si son oeil expert n'était attiré, dans un vieil exemplaire de "La flèche noire" de Stevenson -le livre rose de a couverture-, non par une phrase ou des mots soulignés dans le texte, mais par des lettres marquées à l'encre rouge : 84 en tout.
Maligne comme elle est restée, elle va bien entendu très vite découvrir ce que celles-ci signifient.
Est-il utile de préciser qu'elles la conduisent vers un nouveau mystère ?

Ce n'est qu'après beaucoup de thé bu en compagnie des aînés du village, quelques tours périlleux sur une voiture à pédales et une petite blessure par balle, qu'elle découvrira enfin la clé de l'énigme avec l'aide de Tommy qui s'occupe des contacts "sérieux" à Londres, et surtout celle d'un nouveau et très attachant compagnon, le chien Hannibal, chargé, vaste tâche, de la protéger.

Une chose est certaine, ce n'est pas la qualité de l'intrigue qui fait le charme de ce livre :
Agatha Christie elle-même ai reconnu qu'elle a eu beaucoup de mal à l'écrire, ce qui explique peut-être pourquoi elle n'a pas repris la plume ensuite.
C'est plutôt le sentiment qu'on a de vivre une expérience connue : relire ses livres de petite-fille, découvrir une vieille maison qui vous rappelle un moment passé de votre vie.
Comme pour tous les ouvrages de cette édition, la préface confirme et développe ces premières impressions :   "Les Lauriers",  où se déroule l'intrigue, ressemble beaucoup à "Ashfled ", où Agatha Christie passa son enfance  : on y retrouve exactement, noms et descriptions compris, "Kay-Kay", la petite serre du jardin,  "Mathilde" le cheval à bascule et la carriole attelée d'un petit cheval de bois surnommée "Truelove", sur laquelle la petite Agatha dévalait la pente du jardin. Ce sont également ses lectures d'enfance qu'elle place dans la bibliothèque que Tommy et Tuppence ont tant de mal à ranger.
Même Hannibal, le vaillant Terrier de Manchester, qui dévoile le coupable, est le double de Bingo, le chien de Max Mallowan, son époux.

 C'est donc pour ce côté très nostalgique que j'ai aimé ce livre, mais aussi, pour les souvenirs très récents qu'il m'a remémorés : découvrir une nouvelle maison, ranger sa bibliothèque pendant des heures en parcourant ceux que l'on avait préférés, et  comme dans les autres ouvrages de cette série, pour Tuppence, dont on peut penser qu'Agatha Christie enviait alors la jeunesse, toujours renouvelée.

Ceux qui voudraient en savoir plus (voire tout !) sur Agatha Christie et son oeuvre trouveront, sur le net, de multiples sites, dont celui-ci, dont je n'arrive malheureusement plus à trouver la version française.