dimanche 30 juin 2013

mercredi 26 juin 2013

TRAVERSEES (La traversée des apparences)

Titre original : "The voyage out" - 1915 -
Auteure : Virginia WOOLF
Traducteur : Jacques AUBERT
Editions : Gallimard- La Pléiade- 2012- 376 pages


Alors que j'ai toujours été passionnée par la lecture du journal de Virginia Woolf et par sa personnalité, j'ai très longtemps remis à plus tard la lecture de ses romans.
Très très longtemps même puisque ce n'est que l'an dernier que j'ai décidé de m'y atteler ... en m'offrant le premier tome de ses oeuvres romanesques que La Pléiade venait de publier.
Un an après (!), je viens donc de franchir le pas suivant en entreprenant la lecture de "Traversées", son premier roman, plus connu sous le titre de l'une de ses précédentes traductions "La traversée des apparences".
Et j'ai été conquise.

Traverser Londres, traverser l'océan, traverser le fossé qui sépare une adolescence attardée de l'âge adulte, traverser la mince frontière qui sépare la vie de la mort, avant de retrouver, pour ceux qui restent, l'existence convenue et fantasque d'une petite société britannique en exil, pour quelques jours encore.
Découvrir d'autres mondes, découvrir d'autres gens, découvrir d'autres livres, découvrir l'amour et son revers le désespoir.
Voilà le parcours que Virginia Woolf nous propose en nous invitant à suivre, Rachel Vinrace, vingt-quatre ans, qui pour la première fois quitte Richmond et ses tantes pour suivre son père en Amérique du Sud.
Si l'on s'en tient à la seule géographie, elle ira moins loin que prévu au départ,  mais beaucoup plus profond si par contre, on envisage son devenir.
Elle est aidée dans son parcours, par d'autres parents, Ridley et Helen Ambrose, qui lui offrent en plus de leur attention bienveillante, le luxe nécessaire d'une grande chambre et du temps rien qu'à elle ;  par deux jeunes gens tout droit sortis d'Oxbridge,  St John Hirst et Terence Hewett, qui l'abreuvent de  lectures  et  de discussions, quand ce n'est pas d'amour ;  par tous ceux qu'elle rencontre enfin, aussi vains soient-ils,  qui lui enseignent que l'on ne sait jamais rien des autres, pas même des plus proches.

Ce qui  m'a rendu la lecture de ce livre particulièrement passionnante et émouvante, c'est le sentiment que j'ai eu de voir le parcours d'une romancière se construire devant moi.
Les lieux, se succèdent : Londres, la mer, le fleuve ; les personnages se croisent, dont à mon grand étonnement, déjà Richard et Clarissa Dalloway, les thèmes s'enchaînent : les femmes,  le couple, les mots, l'écriture, les livres, tout le monde que Virginia Woolf porte en elle et sur lequel elle travaillera avec tant d'acharnement, de joies  et  de souffrances.
Entre ironie et tragique, je suis passée du sourire à l'émotion la plus vraie, soutenue que j'étais, par une écriture très belle, dont on comprend tout de suite qu'elle est celle d'un très grand écrivain.

Ce livre est le troisième que je lis dans le cadre du challenge "Lire avec Geneviève Brisac" proposé par Anis

dimanche 23 juin 2013

SAISISSANTE



La cathédrale Notre-Dame du Réal. Embrun - Hautes-Alpes - France

jeudi 20 juin 2013

LE FANTÔME DE SAVINES





Auteurs : Marie-France et Jean-Christophe SARRAZIN
Aquarelles : Silvio PARADISO
Traduction en anglais : Blandine DELORME et James GADD
Collection : "Les contes savants du P'tit montagnard" - 2013 - 33 pages

Dans quelques jours et durant deux mois, des milliers de personnes venues de tous les coins d'Europe, vont passer en car, en camping-car, en voiture, en moto, à bicyclette, et même parfois assez imprudemment à pied, sur le beau pont qui franchit le lac de Serre-Ponçon à la hauteur de Savines-le-lac.


Mais à part les autochtones, surtout s'ils sont âgés, combien seront-ils à savoir, que sous le pont, sous l'eau, se trouvent encore les traces du village de Savines ?
Peu je pense et c'est bien dommage, car ce qui s'est passé ici a profondément marqué la vie de la région, laissant chez certains, et on le comprend, des cicatrices encore très douloureuses.
En effet, le 3 mai 1961, après que le petit millier d'habitants de ce bourg aient été expropriés, après que l'ensemble de leurs maisons aient été démolies, après que l'église ait été  dynamitée et que les tombes des cimetières aient été déplacées, le barrage à été mis en eau et les flots de la Durance ont peu à peu englouti ce qui faisait le cadre de leurs vies.

Photo : " Le Dauphiné Libéré"

Photo : " Le Dauphiné Libéré"







































C'est  pour que le souvenir de Savines reste vivace, notamment auprès des enfants, que les auteurs ont décidé de publier ce petit livre en deux parties.
Tout d'abord un conte, également traduit en anglais au bénéfice de tous les petits britanniques et néerlandais qui viendront bientôt se baigner ici, suivi d'un glossaire qui fournit des informations sur quelques unes des célébrités du pays : le préfet Ladoucette, le sculpteur Jean-Esprit Marcellin, Vauban, et quelques sites remarquables : la citadelle de Sisteron, Briançon et ses gargouilles, la cathédrale d'Embrun,  le barrage de Serre-Ponçon bien sûr et les autres villages engloutis à l'instar de Savines : Ubaye, l'Ile Rousset, la Ribière, la gare de Prunières.

"Quel rapport avec le conte ?", allez-vous peut-être penser.
La disparition. 
Car c'est le choix des auteurs : un fantôme, ancien habitant du village, fait disparaître jour après jour, les monuments célèbres de la région, pour reconstruire son village sous les eaux avant d'ouvrir les vannes du barrage et ainsi le faire réapparaître et revivre.  
Il faudra convoquer le prestigieux Vauban, très actif dans la région, pour l'en dissuader.

N'ayant pas en ce moment de jeunes oreilles à proximité, je ne peux me prononcer sur l'efficacité du procédé.
Mais j'ai trouvé que c'est une très belle initiative, susceptible en outre de passionner les enfants. 
Je suis certaine également que de nombreux parents pourront y trouver leur compte et que certains voudront ensuite en savoir plus.
 J'ai bien apprécié également les illustrations  et notamment le beau rendu des visages.
Un seul regret : que le glossaire ne soit pas  également traduit... 
Mais rien n'est parfait en ce monde !


Anis, "Traversées", ce sera pour la semaine prochaine !

dimanche 16 juin 2013

dimanche 9 juin 2013

UN ANGE PASSE...

Rome - Italie -
... Juste quelques jours de silence, le temps de retomber sur mes pieds, après quelques semaines un peu trop agitées !

mercredi 5 juin 2013

LES ARPENTEURS DU MONDE


Titre original : "Die Vermessung des Welt"- 2005 -
Auteur : Daniel KEHLMANN
Traductrice : Juliette AUBERT
Editions : Actes Sud Babel - 2007 - 299 pages

C'est certainement la loi des séries car voici encore un roman historique.
Si je pouvais entendre la manière dont chacune et chacun d'entre-vous entend ce mot "encore", il me serait facile de départager les "pro" des "anti".
Je me classais jusque là indubitablement dans les rangs des premiers, mais plus j'ai avancé dans ma lecture plus je me suis sentie renâcler, tout en reconnaissant bien volontiers l'intelligence, la culture, l'humour indubitables de l'auteur.
Il m'est même souvent arrivé de rire franchement ce qui est tout de même une bien bonne chose .
Alors de qui et de quoi qui s'agit-il, et pourquoi ces réticences ?

Les héros de ce roman, à cheval sur les XVIIIème et XIXème siècles, ne sont rien moins que de deux savants allemands, d'une envergure exceptionnelle, que tout oppose sinon leur génie :

D'une part, Johann Carl Friedrich GAUSS (1777-1855), mathématicien ("Le prince des mathématiques"), astronome, physicien, issu d'une famille pauvre, élève boursier, marié deux fois et père de six enfants, pieux et conservateur, sédentaire et peu prolixe en publications, au point que l'étendue de son oeuvre ne fut découverte que bien après sa mort,

J. C. Gauss par C. A. Jensen -1840-

D'autre part, Alexander Von Humboldt (1769-1859), naturaliste, géographe ("le père de la géographie moderne"), explorateur, fils d'un officier de l'armée prussienne, éduqué par des précepteurs, célibataire et probablement homosexuel,  admirateur de la révolution française, opposé à l'esclavage,  très prolifique auteur  d'ouvrages et d'articles en français et en allemand, souvent inspirés par ses expéditions  notamment, en Amérique du nord et du sud et en Sibérie. 

A. Von Humboldt par J.K. Stieler -1843-

Alors qu'ils sont déjà âgés et couverts de gloire, l'auteur imagine leur difficile rencontre à Berlin lors d'un congrès de naturalistes et saisit ce prétexte pour nous raconter en chapitres alternés, la vie  et l'oeuvre de ces deux personnages exceptionnels, dont il dresse un portrait  pour le moins railleur : l'un est un affreux râleur misogyne, qui n'aime que sa maman fustige sans pitié ses enfants et n'a qu'une idée en tête : rentrer à la maison. L'autre  est un puceau rougissant,  coeur tendre et moralisateur fatigant, souvent loin des réalités quotidiennes mais tout de même chambellan du roi.
Il le fait d'ailleurs de manière très brillante, maîtrisant parfaitement son sujet : tout est dit de leur parcours, de leurs rencontres, de leurs découvertes et tout est dit avec humour, voire ironie,  et intelligence... Trop peut-être !

Car, sans trouver "répugnant" comme le fait Gauss, avec sa mesure habituelle supposée, ces romans "qui se perdaient en fabulations mensongères parce que leur auteur associait ses idées saugrenues aux noms de personnages historiques", je me suis par moments agacée et interrogée : pourquoi au fond leur faire subir cela ?
Pour rire, allez-vous me répondre, et c'est probablement une bonne réponse ! 
Car sans cette lecture me serais-je d'ailleurs jamais penchée sur la vie de Gauss ? Honnêtement, je ne le crois pas.
A l'inverse aurais-je moins ri si d'autres noms leur avaient été donnés. Je ne le crois pas non plus.
A chacun de voir donc en fonction de ses goûts et de son caractère.
Quoi qu'il en soit le débat continue.