mercredi 29 février 2012

LES DRÔLES DE MOTS DU MERCREDI




En ces temps de douceur, où tout semble dire que le printemps n'est pas loin, j'ai pensé que des mots tirés du dernier numéro de La Salamandre étaient tout indiqués.

Si celui-ci est principalement consacré au Milan noir ( engl. Black kite), le premier mot intéresse... les grenouilles, dont les femelles, en cette saison, sont en pleine activité de ponte.

Une gouille :
"Les femelles y pondent un paquet de 300 à 1500 oeufs peu après leur arrivée, puis quittent subitement les gouilles"

Source : Pôle-Relais-Tourbière
Cliché : Francis MULLER

Le mot "gouille" est principalement utilisé dans les cantons de la Suisse francophone, mais également en France, plus particulièrement en Savoie ou dans le Bugey.
Il s'agit à l'origine d'une flaque d'eau, d'un trou d'eau, d'un petit étang.
Mais on l'utilise également par euphémisme pour désigner un lac et en tout premier lieu le lac Léman... quand ce n'est pas un océan.
Ainsi, au lieu de dire "Je vais en Amérique", on peut déclarer avec le plus grand sérieux "Je traverse la gouille"...


Le second mot nous renvoie à une histoire bien connue.
Je ne l'avais jamais rencontré auparavant, et ai été étonnée de le découvrir, même si très rapidement j'ai fait le lien avec les malheureux Caïn et Abel.
"La Salamandre" a d'ailleurs la gentillesse de nous donner en une seule ligne le mot et sa définition.

Le caïnisme :
Il s'agit de la compétition entre frères ou entre frères et soeurs.
"Cette compétition entre frères et soeurs est appelée caïnisme"


L'article nous explique en effet, que "les poussins [du milan noir] sortant de l'oeuf avec un décalage d'un à deux jours, parfois plus en fonction du rythme de la ponte", plus la différence d'âge est marquée, "plus les cadets courent le risque d'être affamés ou assommés à coup de bec par leurs aînés.
 A la fin, devenus apathiques, ils sont considérés "comme des proies bonnes à être dévorées". 


Source : http://welkers-pagesperso-orange.fr
A bon entendeur, salut !

lundi 27 février 2012

CHRONIQUES DE JERUSALEM







Auteur : GUY DELISLE
Couleur : Lucie Firoud et guy Delisle
Editions :  Delcourt coll. Shampooing -2011- 334 pages


J'étais entrain de terminer "Jérusalem -une biographie-" lorsque j'ai appris que la BD qui venait d'obtenir le "Fauve d'or - prix du meilleur album 2012-", au festival d'Angoulême avait pour titre "Chroniques de Jérusalem".
Bien que n'étant pas lectrice de BD, je me suis dit que je ne pouvais pas manquer çà, et ne l'ai pas regretté.

Il doit y avoir à peu près deux ans, Guy Delisle, comme il semble en avoir l'habitude, quitte le Québec, pour suivre sa compagne, Nadège qui travaille pour "Médecins Sans Frontière". Elle vient d'obtenir une mission d'un an à Jérusalem-Est. Leurs deux jeunes enfants, Louis et Alice, les accompagnent.
Mois par mois, nous allons partager la vie de la famille ou plus exactement celle de Guy Delisle qui, tout en assurant l'intendance, entrevoit le monde complexe qui l'entoure et cherche à en rendre compte avec ses outils habituels : papier et crayons.
Petit à petit, accompagné ou non de ses enfants,  il va découvrir son quartier, puis au gré de rencontres fortuites ou organisées, le reste de la ville, la plage de Tel-Aviv, Hébron, Naplouse, un peu de la Cisjordanie, les colonies....
Il va donc tenter de circuler dans une ville quadrillée de murs et scandée par les check-points,  tenter de visiter la Vieille Ville en échappant aux foudres des intégristes de tout poil, tenter de trouver le lieu le jour et l'heure où il pourra admirer l'esplanade des Mosquées.
Il va aussi se lier avec d'autres expatriés souvent aussi perplexes que lui, découvrir la vie en morceaux de ses voisins arabes, accompagner des militantes israéliennes pour la paix, observer prudemment les hassidims dans leur quartier, être confronté indirectement aux exactions des "faucons".
Puis lui et sa famille vont repartir.

Ce qui fait pour moi tout l'intérêt de cet ouvrage c'est le parti choisi par Guy Delisle.
S'il a des convictions, il n'est pas dupe et ne se drape en rien dans la posture du farouche militant. Il sait qu'il ne fait que passer.
C'est un petit homme qui a souvent trop chaud, qui est fatigué par le bruit, la poussière, qui aimerait bien parfois pouvoir dessiner tranquillement. Il gaffe, râle, parfois s'ennuie, s'étonne, se tortille la cervelle pendant de longues minutes, dans le supermarché d'une colonie, pour savoir s'il est moral ou pas d'y acheter ses céréales favorites. Il y renonce. Quelques semaines plus tard, après avoir partagé les affres des humanitaires qui tentent d'intervenir à Gaza durant l'opération "Plomb durci", c'est assez tranquillement, avec son copain Nicolaï, qu'il regarde filer au-dessus de la plage les avions militaires qui vont terminer le travail.
Pourtant, en refermant le livre nous savons qu'il n'est pas passé pour rien car il dessinne, des petits croquis comme on en ferait sur une nappe en papier pour expliquer la situation des territoires : un gruyère. Deux autres et l'histoire récente d'Hébron devient claire. Une dizaine de plus et mille ans d'histoire sont résumés. Deux pages et on sent la colère ou l'abattement monter.

Parce qu'il décrit ce que Simon Sebag-Montefiore  ne fait qu'évoquer : Jérusalem aujourd'hui, parce qu'il éclaire en quelques traits des situations restées confuses, ce livre est un parfait complément au précédent, qui à l'inverse nous rappelle qu'aujourd'hui est aussi le fruit d'hier.
C'est en plus un livre plein d'humour et peut être mieux encore plein d'humanité.

Pour une première découverte, cliquer  ici : .http://www.guydelisle.com/jerusalem/jeru-index.html

dimanche 26 février 2012

PRINTEMPS ?



Depuis des mois, à part les oiseaux et les chats, plus aucun animal ne passait dans mon jardin.
Mardi, à ma grande surprise, j'ai aperçu ce lézard qui se dorait  au soleil sur le mur de la maison, rapidement suivi par un second. 
Seraient-ils les messagers du printemps ? 

mercredi 22 février 2012

LES DRÔLES DE MOTS DU MERCREDI


Ils sont au nombre de vingt-sept, les "Drôles de mots" que j'ai notés dans mon petit carnet bleu, au fur et à mesure de la lecture de "Jérusalem -biographie-" de Simon SEBAG-MONTEFIORE.
Pas de quoi être fière ! J'y reviendrai donc certainement à plusieurs reprises.
Pour aujourd'hui j'en ai choisi  quatre, qui ont pour caractéristique d'avoir tous un rapport avec  la guerre, situation hélas banale à Jérusalem depuis sa création.

Les deux premiers renvoient à l'entrée à Jérusalem d'Antiochos III le Grand (-242 -187) "héritier de la deuxième grande dynastie née des généraux qui s'étaient partagé l'immense empire d'Alexandre".

Source uploadadalt. British Museum
A cette occasion, sans doute la première, les Jérusalémites virent défiler des éléphants de guerre mais pas seulement :

"Les Jérusalémites ravitaillèrent son armée  cosmopolite [celle d'Antiochos le Grand,], qui se composait de phalanges macédoniennes armées de sarisses,...., de cataphractes iraniens...."

Une sarisse :
Une sarisse est une lance très longue (5,5 m/18 feet) et très lourde  (5 kg /11 pounds) utilisée par les soldats macédoniens regroupés en phalanges, pour arrêter l'avancée des fantassins et des cavaliers ennemis.

Source : site cyberstratege

Un cataphracte :

Rien de mieux que cette image pour faire comprendre de quoi il s'agit :


C'est une "armure faite de toile ou de peau sur laquelle étaient cousues des lames de métal disposées en écailles" "inventée par les peuples nomades iranophones des steppes."

Le soldat qui porte cette armure est un cataphractaire.

Source : Wikipedia


Les deux mots suivant quant à eux se réfèrent à l'entrée de Titus (39-81) à Jérusalem en 70 de notre ére.

Tête colossale de Titus -Glyptothèque de Munich-

Elle fut suivie, dans la foulée, par la destruction du  second Temple qui "ne fut jamais reconstruit", "désastre"  dont les conséquences se font encore sentir aujourd'hui.

Une baliste :
"Il [Titus] entreprit de réduire les défenses de Jérusalem avec une efficacité systématique et une puissance écrasante. Des pierres de baliste, probablement lancées sur son ordre, ont été retrouvées dans les tunnels le long du mur ouest du Temple...."
Une baliste est une machine de guerre grecque puis romaine, qui, lors des sièges, servait à lancer des projectiles, lourdes flêches ou comme ici pierres. Elles fonctionnaient grâce à l'action de deux leviers entraînés par des ressorts à torsion constitués de faisceaux de fibres tordues.



poliorcétique :
"Ce qui n'empêcha pas Titus, qui déploya tout l'arsenal des engins de siège, des catapultes et du génie poliorcétique romain, de s'emparer de la première enceinte en quinze jours."
L'adjectif poliorcétique signifie "relatif à l'art d'assiéger les villes", et la poliorcétique "la technique du siège des villes". 

Sources :
- Wikipedia
- Dictionnaire Larousse
- Petit Robert de la langue française

lundi 20 février 2012

JERUSALEM -Biographie-



Titre original : Jerusalem -The biography-
Auteur : SIMON SEBAG MONTEFIORE
Traduction : Raymond CLARINARD et Isabelle TAUDIERE
Editions : Calmann-Lévy -2011- 619 pages


Si vous avez toujours rêvé de voir Jérusalem pour quelque raison que ce soit, si vous êtes juif, chrétien (toutes confessions confondues) ou musulman, si vous souhaitez tenter de comprendre le conflit israélo-palestinien, si  l'histoire des religions vous intéresse, si vous êtes passionné d'archéologie, d'histoire antique ou par les Croisades, si Byzance, l'Empire ottoman vous fascinent, si les auteurs orientalistes sont votre livre de chevet, si vous aimez rencontrer dans vos lectures des proclamés grands hommes ou des femmes de pouvoir, si les illuminés vous réjouissent, si les soudards ne vous font pas peur...... ce livre est fait pour vous !
Après  vous être procuré ce volume ou l'avoir téléchargé, il vous faudra vous munir d'un crayon, peut-être d'un carnet, trouver un endroit confortable et  chosir un rythme de lecture, pas trop soutenu.
Car vous allez vous lancer dans une grande aventure : un prologue, neuf parties et cinquante-trois chapitres, un épilogue, qui vous feront traverser, époque après époque, guerre après guerre, massacre après massacre, trois mille ans (au moins) d'une histoire exceptionnelle.
Ce livre est un récit, strictement chronologique qui déroule l'histoire d'une ville réelle, la "Jérusalem terrestre" et phantasmée, la "Jérusalem céleste", que trois religions ont imaginée, construite, détruite, rebâtie, chacune empruntant à la précédente des pierres, des rites et des traditions, constamment réutilisées ou réinterprétés, pour aboutir, sur un territoire tout à fait restreint et en trois dimensions, à une mosaïque de  quartiers, couches successives dont chacun a revendiqué et revendique encore la propriété ou l'usage.
Pas un conquérant, je pense, du monde moyen-oriental et occidental  ne s'est abstenu d'y intervenir : Nabuchodonosor, Cyrus le Grand, Darius, Alexandre le Grand, César, Constantin le Grand, Charlemagne, Saladin, Soliman le magnifique, Bonaparte....pour ne citer que les plus connus. 
Face à ce déferlement sans fin, les jérusalémites anciens ou récents se sont battus, ont fui, sont revenus, ils se sont méprisés, massacrés entre eux et quelques rares fois tolérés. Certains ont su faire preuve de grandeur, beaucoup d'autres d'une consternante mesquinerie.
J'ai reposée ce livre, heureuse d'avoir suivi ce parcours et d'avoir pu ainsi mettre de l'ordre (!) dans mes parcelles de savoir, persuadée, plus que jamais que l'humain n'est pas bon et que sa cruauté n'a pas de limites, plus dubitative que jamais sur la possibilité de voir un jour la Paix dans cette région du monde.
Je l'ai reposé également en me disant que si j'ai envie d'entreprendre un voyage, c'est bien celui-là.
Car cette ville, je pense continuera à fasciner la terre entière.

 Ce livre n'est en rien difficile à lire : écrit de manière claire et vivante et pourtant bourré d'érudition, enrichi de notes savantes ou d'anecdotes éclairantes toujours situées en bas de page (merci !), complété par des arbres généalogiques et des cartes qui permettent de se situer dans le temps et l'espace, enrichi d'une très riche bibliographie, il est passionnant de bout en bout, puisqu'à peine fermé, il donne juste l'envie d'en apprendre plus encore. 




dimanche 19 février 2012

D'UN PEINTRE A L'AUTRE : LOUIS-FRANCOIS LEJEUNE



Comme vous le savez, le monde est extrêmement petit, même au début du XIXème siècle.
C'est donc sur le ponton "La Vengeance", que l'aide-timonier Garneray,  qui restera célèbre dans 
l' Histoire par ses récits et son oeuvre de peintre de la Marine, fait la connaissance du Colonel, et bientôt Général Lejeune, 
J.V Guérin "Portrait de L.F.Lejeune"

qui y figurera autant par ses exploits militaires que par ses tableaux de batailles.
Et les deux prisonniers d'entamer la converstaion d'autant plus facilement que "c'est le papa Garneray" qui a donné au bouillant Colonel ses premières leçons de dessin.....

Elles semblent bien lui avoir été profitables !

L.F. Lejeune : "La bataille de la Moskova"
Musée de l'Histoire de France- Château de Versailles-

Détail

mercredi 15 février 2012

LES DRÔLES DE MOTS DU MERCREDI


Deux mots aujourd'hui pour illustrer la vie dans les pontons, telle que nous l'a décrite Louis GARNERAY dans son récit "Mes pontons".

Le côté noir d'abord  : la maladie

une hémoptysie :
"L'affreux régime alimentaire auquel nous étions soumis, l'air méphitique de nos cloaques et surtout les brusques changements atmosphériques que nous subissions lorsque nous passions des batteries ou du faux pont au grand-air,...., multipliaient d'une façon effrayante les cas d'hémoptysie ou de suppuration des poumons."


Une hémoptysie est un crachement de sang provenant des poumons.
Plus particulièrement pour Suko, qui aime beaucoup l'étymologie, j'ajouterai que ce mot apparaît  en 1694 et qu'il est emprunté au bas latin haemoptycus, qui vient lui-même de deux mots grecs : haima = le sang  et ptuein qui signifie "cracher".

Le côté plus souriant : les passe-temps

la drogue :
"Se figure-t-il bonnement que j'ai laissé là ma drogue pour venir assister à ses grimaces?"
Il ne s'agit ici ni de "la base d'une préparation médicamenteuse", ni péjorativement d'un médicament, ni d'une "substance susceptible de perturber la conscience, la perception de la réalité", ni  de "ce qui empoisonne, pervertit l'esprit ou les qualités morales par une dépendance".....

Mais...

d'un ancien jeu de carte pratiqué durant le XIXème siècle par les soldats et les matelots qui "tire son nom d'une petite fourche en bois, fabriquée par les joueurs et destinée à coiffer le nez des perdants" jusqu'à ce qu'ils gagnent à leur tour.

H.Vernet "Soldats jouant au jeu de la drogue".

Sources :
- Le Robert Dictionnaire historique de la langue française- Paris 1992-
- Dictionnaire français de définitions
- Wikipédia

lundi 13 février 2012

MES PONTONS




Auteur : Louis GARNERAY
Editions : Omnibus -2011-

C'est un récit que je vous propose aujourd'hui, rédigé par un peintre dont je vous ai déjà parlé à l'occasion d'un post sur "Moby Dick".

A.L. GARNERAY 
-Autoportrait-

Lorsque le jeune Ambroise Louis Garrneray, à peine âgé de treize ans et demi, quitte Paris et son père,  un beau matin de l'été 1796, par "l'allée des Veuves", pour rejoindre à Rochefort  son cousin "M. Beaulieu-Leloup, capitaine de frégate" et embarquer à sa suite,  il ne se doute pas qu'il lui faudra attendre presque vingt ans pour retrouver la France et embrasser à nouveau sa famille.

Durant ces années, il aura voyagé douze ans sur toutes les mers du monde ou à peu près,  servi en militaire la République et l'Empire, corsaire, suivi Surcouf, navigué sur des navires marchands ou négriers. 
Mais, prisonnier, il aura aussi passé plus de  huit années sur trois pontons anglais, ancrés "à la file" de cinq autres "à l'entrée de la rivière de Portchester", au large de Portsmouth.


Edition 1851

Un ponton, c'est une prison flottante, "un vieux navire démâté, à deux ou trois ponts qui retenu par des amarres présente presque l'immobilité d'un édifice de pierre". 
Rien ne peut être pire, pour un marin que "cette masse noire et informe qui ressemblait assez de loin, à un sarcophage".
C'est "le désespoir au coeur" que le jeune Garneray, se voit conduire à bord de "ce sombre tombeau". C'est avec effroi qu'il découvre "la misérable et hideuse population du Protée", "une génération de morts sortant un moment de leurs tombes, les yeux caves, le teint terreux, le dos voûté, la barbe inculte, à peine recouverts de haillons jaunes en lambeaux, le corps d'une maigreur effrayante." 
Mais c'est surtout avec courage, panache, détermination, qu'il fait face à ses nouvelles conditions de vie.

A sa suite nous découvrons ce terrible et curieux monde, dans lequel on meurt presque de faim, on risque l'asphyxie par trop de promiscuité, on est jeté blessé, dans l'eau glacée d'un bain pour éviter la contagion, on risque au mieux la pendaison pour avoir cherché à s'échapper.
Mais c'est un monde aussi, dans lequel on veut survivre, corps et âme : on sait soudoyer qui il faut pour obtenir quelques livres, du papier, des couleurs, on se regroupe, chaque soir,  autour d'une table pour travailler dans l'inconfort et l'angoisse, pour pouvoir s'absorber dans une activité qui fasse oublier un peu la captivité.
On aime bien aussi provoquer les Anglais : en s'évadant, en les ridiculisant devant les nobles dames, venues, toutes poudrées,  sur le ponton comme au théâtre regarder un pauvre diable être mis en pièces, en les peignant de manière peu flatteuses sans qu'ils n'y voient rien.

Edition 1851

Car Garneray peint sur le ponton, il vend même ses toiles, il amasse un petit pécule et, tout en restant fidèle à ses compatriotes, est sauvé du pire par la double grâce de son art et de sa connaissance de l'anglais.

J'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture d'autant plus que Garneray pratique le beau français de cette époque ! J'ai eu, par moment l'impression, pas désagréable non plus de retrouver l'univers de "Barry Lindon".
Si, comme moi, vous appréciez cette athmosphère, vous n'hésiterez pas à lire au préalable  les "Voyages, aventures et combats" de Garneray également, qui figurent aussi dans cette édition.

Bon vent à toutes et à tous !

 

dimanche 12 février 2012

POUR CHANGER DE LA NEIGE







"Par les journées grises et détrempées de [février], je passais des heures, penchée sur les catalogues [de graines] de l'année précédente et, quand je relevais la tête, je pouvais regarder le paysage sans plus frémir de froid. C'était tout juste si je n'entendais pas bourdonner les abeilles, si je ne sentais pas la chaleur de l'été, si je ne voyais pas la cour entière nager dans les splendeurs tropicales"


Betty MAC DONALD

mercredi 8 février 2012

LES DRÔLES DE MOTS DU MERCREDI


Ce sont mes lectrices anglophones qui vont être contentes aujourd'hui.
J'ai, en effet, eu beaucoup de mal à trouver des définitions en français,  des trois mots trouvés dans
"Les belles choses que porte le ciel" de Dinaw MENGESTU.

Le yam :
".... les jeudis soirs, on pouvait assister à une lecture libre et partager les beignets de yam qui circulaient dans l'assistance."
La seule définition, trouvée en français est relativement imprécise :
"nom d'une racine analogue à la pomme de terre".
Par contre le "free dictionnary" éclaire mieux ma lanterne :
"Sweet potato with deep orange flesh that remains moist when baked."
Il s'agirait donc d'une patate douce à chair orange qui a la particularité de rester moelleuse à la cuisson : idéale, donc, pour des beignets !

Des plats d'injera :
"De minuscules tasses de café bleues et blanches circulaient sans cesse autour de la pièce, accompagnées de plats d'injera fourrés au choux."
Le site Yumsugar décrit parfaitement de quoi il s'agit :
"One of the most well known national dishes of Ethiopia, injera is a pancake like flatbread made from a special type of flour (en fait de la farine d'une graminée appelée teff).
The flour is mixed with water and ferments for a couple of days. After its ferments, the dough is fried into large disc.
Serving ustensils are not common in the Ethiopian culture. Instead meats, stews, salads and everything else is scooped onto torn pieces of injera, which acts  as both plate and fork."

En bon français :


Le wat :
"Les couloirs, à tous les étages, sentent le wat, le café et l'encens".
C'est Wikipedia qui vient à mon secours et en français, cette fois :
le wat est un plat commun en Ethiopie, un ragoût à base de légumineuses, de légumes et de viande, assaisonné d'un mélange d'épices et de beurre.

En bon anglais :

Source : http://epicesducru.com

  

mardi 7 février 2012

LES BELLES CHOSES QUE PORTENT LE CIEL





Titre original : "The beautiful things that Heaven bears"
Auteur :  Dinaw MENGESTU
Traductrice : Anne WICKE
Editions : Albin Michel 2007 -"Le livre de poche" n°31523- 281 pages


Nous les rencontrons tous les jours au coeur de nos villes, grandes et même petites. Ils ont des papiers ou n'en n'ont pas : ce sont les exilés.

Kenneth est  (ou faut-il dire "était") kenyan, Joseph, congolais et Stepha, qui est aussi le narrateur éthiopien. 
Ils ont la trentaine ou un peu plus et vivent depuis plus de dix ans à Washington, où ils tentent ou ont tenté de reconstruire leur vie. Ils ne sont pas à la rue et travaillent. Le premier est devenu ingénieur, le second serveur dans un restaurant chic, Stépha, lui a ouvert une petite épicerie à Logan Circle, dans un quartier décrépi, mais pas pour longtemps, coincé qu'il est entre la Maison Blanche et Georgetown où vivent discrètement les puissants.
Lorsqu'ils se retrouvent le jeudi, ils se donnent de grandes tapes sur le dos, ils rient, ils boivent aussi plus ou moins. Surtout ils jouent à leur jeu favori : trouver la date, le lieu, le nom des protagonistes d'un coup d'Etat en Afrique. Ils en trouvent toujours un nouveau. 
Et, "inévitablement, de manière prévisible", leurs conversations trouvent "le chemin du pays".
Car ils ne vont pas aussi bien qu'ils veulent en avoir l'air, quand ils le peuvent encore. Stépha le premier, qui a de plus en plus de mal à soulever le poids de son passé.
Comment vivre bien quand on ne se rappelle plus "où se trouve la cicatrice sur le visage" de son père, quand on ne pourrait plus "le distinguer au milieu des autres vieillards", quand on a compris qu'on ne reverrait plus jamais sa famille et son pays.

Mais la nature humaine est ainsi faite. Il suffit de peu de chose pour lui redonner espoir. 
Dante, sortant de l'Enfer, lui-même l'a écrit :

"Par un pertuis rond je vis apparaître
Les belles choses que portent le ciel.

                            Nous avançâmes, et une fois encore, vîmes les étoiles."

Pour Stépha, c'est la rénovation d'une maison voisine et l'arrivée de Judith, la propriétaire et de Naomi sa fille de onze ans.
 Ils vont s'approcher, partager un ou deux repas et  la lecture des "Frères Karamazov", presque se trouver.

J'ai beaucoup aimé ce livre aussi violent dans les faits que doux dans l' écriture. 
En ces périodes de déclarations tonitruantes, il nous rappelle qu'on quitte rarement tout ce qui faisait sa vie par plaisir,  que la volonté n'est pas suffisante pour se trouver à l'aise à l'autre bout du monde, que l' étranger n'est qu'un autre nous-même, un être humain. 
Je trouve que c'est beaucoup.




mercredi 1 février 2012

LES DRÔLES DE MOTS DU MERCREDI



Entre Noël et le jour de l'An, j'ai mené une vie extrêmement aventureuse, suivant Ambroise Louis GARNERAY, dont je vous ai déjà parlé, de navire corsaire en navire corsaire sur toutes les mers du monde.
Je l'ai abandonné pour l'instant fatiguée que j'étais de monter à l'abordage de navires anglais, mais  je compte bien le retrouver un jour, car ses aventures, telles qu'il les raconte dans "Moi, Garneray, artiste et corsaire" sont pleines de vie et de panache.
Parmi les très nombreux "Drôles de mots" qui parsèment le récit, j'en ai choisi deux qui  n'ont rien à voir avec la mer, par pur esprit de contradiction, je suppose...

Une cassine :
"Adieu, je m'en vais ailleurs... Bien de l'agrément, et que le diable emporte ta cassine !"

D'après le "Littré" le mot cassine peut avoir trois sens :
1. En terme de guerre : une petite maison détachée au milieu des champs, où l'on peut s'embusquer, se retrancher.
2. Une maisonnette de chétive apparence mais aussi une maison mal tenue.
3.  Familièrement : une petite maison de plaisir hors la ville.

Dans le contexte les deux dernières significations pourraien têtre retenues, bien que la maison d'Encarnacion soit située dans le village.

 Une amboulame :
" Il nous accueillit, à merveille, et s'empressa de nous emmener dans sa case, où nous attendait un repas à peu près pareil à celui que nous avait donné le sous-roi, mari de la charmante amboulame"


Après avoir lu l'une des notes figurant dans la page discussion de l'article "Madagascar" da Wikipedia, "la charmante amboulame" rencontrée par Garneray lors de son incursion à Madagascar, doit être l'une des descendantes d'immigrants polynésiens, installés dans le centre-nord de la grande île au XVIème siècle, qui peu à peu se sont métissés avec les autochtones. Ils se faisaient remarquer par leurs cheveux noirs et surtout lisses.