Titre original : "Crossing in safety" - 1987 -
Auteur : WALLACE STEGNER
Traduction : Eric CHEDAILLE
Editions Gallmeister - 2017- 414 pages
S'il est quelque chose que chacun de nous ou presque recherche, c'est bien un lieu sûr, où l'on est certain de retrouver gîte et couvert mais aussi et surtout, la chaleur de bras ouverts, que ce soit ceux de l'amour ou de l'amitié.
Si de plus la nature est belle, si les journées peuvent s'y dérouler entre étude, canotage ou randonnées, lectures et concerts nocturnes, si tous ceux qui se retrouvent ici pour une heure ou quelques jours sont lettrés, l'esprit ouvert et toujours prêts à vous rendre la vie plus douce, ce lieu sûr prend sans aucun doute des airs de paradis. Comme il convient, "puisqu'il y est né" un serpent "pas plus gros qu'une brindille" se faufile aussi parfois.
Si Sallie et Larry Morgan s'y retrouvent aujourd'hui c'est que Charity Lang le leur a demandé et aujourd'hui moins que jamais, ils n'ont pu résister à son appel.
Ils se connaissent depuis longtemps, trente ans au moins. Ils se sont rencontrés à Madison, une petite ville universitaire de l'Est où Sid, le mari de Charity, et Larry, ont trouvé un poste d'assistant.
Tout les oppose a priori, lieu de naissance, parentèle, statut social, et pourtant ils auront tout partagé avec autant de générosité que de simplicité, jusqu'au moment, qui inaugure ce texte, prélude au premier adieu.
En partie, autobiographique, comme le laisse supposer la dédicace du livre, ce roman en apparence si simple, décrit avec une criante vérité, une époque, un milieu, deux histoires de couples et celle d'une amitié, tout ceci s'intriquant comme une évidence.
Il y est question d'amour, de bonheurs, de drames ou de désillusions, de littérature, de poésie, de fidélité, de dépendance toujours cruelle, mais assumée différemment. On y découvre aussi d'une façon poignante, comment une belle qualité peut devenir un très cruel poison.
J'ai été particulièrement frappée par la manière dont Wallace Stenger a su donner vie à ce récit, qui se construit par étapes entre présent et passé. Il sait rendre avec le même densité, la même sobriété, les joies de la jeunesse, les brusques malheurs, les petits moments et les détails, qui plus efficacement que de longs développements, soulignent la violence de certaines situations.
Je me suis souvent demandé si un film avait été tiré de ce roman, tant j'ai eu l'impression de "voir" les personnages tout autant que les lieux et suis encore étonnée de constater à quel point certaines scènes me sont précisément restées en mémoire alors que j'ai refermé ce livre depuis plusieurs semaines.
Un roman que je vous recommande vraiment, comme Dominique, l'avait fait à mon égard, ce dont je la remercie vivement !
"Le bureau était aussi bien tenu que l'atelier. Sur la table se trouvait la machine à écrire portable, son couvercle en place, plusieurs blocs de papier à lettres impeccablement empilés, un vase japonais plein de crayons bien taillés. Au-dessus, sur l'étagère des livres. J'en ai lu les titres à la lumière grise : le Dictionnaire universel d'Oxford, le Thésaurus de Roget, le Dictionnaire des synonymes de Webster, le Vade-mecum de la littérature anglaise, son pendant pour la littérature américaine, les Citations de Bartlett. Le Rameau d'or de James Frazer, des ouvrages sur les oiseaux, les fleurs, les arbres, les fougères. Un ouvrage était rangé à l'envers, dos contre le mur. Le sortant pour le replacer dans le bon sens, j'ai vu qu'il s'agissait d'un dictionnaire de rimes. Je me suis représenté Sid le dissimulant précipitamment lorsqu'il entendait quelqu'un venir, et j'ai eu honte pour lui. Après un temps, j'ai remis le volume comme il l'avait laissé."
Je n'ai pas lu celui ci de l'auteur mais un recueil de nouvelles savoureux " le goût sucré des pommes sauvages ". Je note ce titre pour y revenir ( mais plus tard, m'attend déjà le pavé " angle d'équilibre " )
RépondreSupprimerEt moi je vais noter ces deux titres et particulièrement "Angle d'équilibre", le mot "pavé" provoquant sur moi un vrai réflexe pavlovien !
SupprimerUn auteur qui revient régulièrement sur les blogs et que je me promets toujours de lire. Je crois qu'il faut que j'en mette un dans ma PAL pour être sûre d'y penser.
RépondreSupprimerN'hésite pas, Aifelle, c'est un auteur qui mérite la découverte. Bonne fin de journée à toi.
Supprimer(je m'en doutais, mon commentaire n'est pas passé!)
RépondreSupprimerJe disais que c'est une de mes auteurs préférés, j'ai lu celui ci bien sûr et t'invite à découvrir les autres.keisha
C'est bien ce que je vais faire. Je suis étonnée (une nouvelle fois !) que tes commentaires ne passent pas car j'ai "décoché" ce qu'il fallait pour éviter le pensum "je ne suis pas un robot" ! Cela a marché pour Aifelle, je n'y comprends rien.
Supprimerje recommence : heureuse que le livre t'ait plu, c'est mon préféré de l'auteur
RépondreSupprimerje crois qu'il a du aussi être scénariste
Ceci expliquerait cela, car je voyais vraiment le film se dérouler dans ma tête ! Merci à nouveau à toi !
RépondreSupprimerJamais rien lu de lui, alors je note avec plaisir et gourmandise. Enfin je le re-note (vu chez Dominique bien sûr). Même que je trouverai facilement car il est traduit en espagnol, parfait!
RépondreSupprimerMerci Annie, que ferais-je sans vos blogs lectures?
Pour moi, Dominique est une source essentielle également et tous les autres aussi !
SupprimerJ'ai trouvé que c'était un livre d'une grande justesse, et les dernières pages sont plus que poignantes. Bonne semaine Colo !
I read this book years ago (when I was younger) and realize it is one I’d like to re-read, with the insights advanced age brings.
RépondreSupprimerI thing too so, Sallie !
SupprimerUn auteur que je n'ai encore jamais lu, il va falloir y remédier.
RépondreSupprimerCelui-ci est le dernier de ses romans et un peu particulier dans son oeuvre je crois. Merci pour ton passage Emma.
Supprimer... et l'extrait rend le livre d'autant plus tentant : ce bureau dédié à la littérature...
RépondreSupprimerIl n'y a d'ailleurs pas que le bureau qui est tentant. Toute la maison et ses dépendances le sont, littérature ou pas !
SupprimerJe prenais conscience en te lisant que c'est ce que nous recherchons dans la littérature, la compréhension à un moment donné, de ce qui se joue et de la trame cachée de l'existence.
RépondreSupprimerOui, en effet, en lisant nous prenons du recul, et comprenons parfois beaucoup mieux ce qui nous est difficile de voir dans nos existences.
SupprimerC'est tentant, je l'ajoute dans ma liste. Merci, Annie.
RépondreSupprimerC'est Dominique qui me l'avait conseillé. C'est tout dire !
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