Auteur : SYLVAIN TESSON
Editions : Gallimard - 2011 - 290 pages.
Voici un livre que durant longtemps je n'ai pas eu envie de lire.
Mais le Père-Noël et les fées du marketing, qui l'ont doté d'une couverture en peau "d'ours" doublée de vert, en ont décidé autrement. Et c'est très bien ainsi !
S'étant promis "de vivre en ermite avant d'avoir quarante ans", Sylvain Tesson a donc rejoint les bords du lac Baïkal, où il a vécu dans une cabane, du début du mois de février 2010 et la fin juillet de la même année.
Six mois donc, pris dans la glace, avant de découvrir l'eau, le dos appuyé à la montagne, entouré par la forêt. Six mois dont il nous rapporte chaque journée, un long parcours, durant lequel la nature - forêt, temps, lac, bêtes - se mêlent aux sentiments.
Atteindre la cabane n'a pas été simple depuis Irkoutsk : en camion, sur la glace, un "camion chargé ras la gueule", de provisions et de tout l'équipement nécessaire à "six mois de vie dans les bois", dont des livres, des cigares et beaucoup de vodka.
S'installer a demandé quelques jours. Puis camion et amis repartent. "Le paysage se révèle intense", "Il fait moins 33°", l'expérience peut enfin commencer. "Je vais enfin savoir si j'ai une vie intérieure".
Couper du bois, ranger, réparer, chercher partie de sa pitance quand le temps le permet, lire, contempler la fenêtre derrière laquelle tombe la neige, faire d'une mésange une amie, accueillir ceux qui passent et que l'on a envie de recevoir, partir en tirant un traîneau durant trois jours pour deux jours d'amitié et revenir chez soi, errer seul dans la forêt, escalader la montagne, s'assoir et fumer, faire du feu, croiser l'ours, partir en kayak, s'enfermer chez soi, souffrir, boire, lutter contre la gueule de bois, penser...
Tout se mêle et peu à peu les interrogations se décantent. Rien ou presque ne manque de la vie d'avant. Curieusement, tout se simplifie. La solitude déploie ses bienfaits et ses pièges. La lucidité impose ses verdicts.
Au final, l'immobilité (relative) apporte à ce voyageur frénétique, ce qu'il était venu chercher : la paix.
Craignant les mémoires d'un fier-à-bras ou d'un ermite mondain, j'ai découvert à l'opposé dans ce "carnet d'ermitage" le récit sincère, souvent grave parfois drôle, d'un homme lucide, portant sur lui-même et le monde un regard sans oeillères. Un homme entier, force et faiblesse assumées, qui vit ce qu'il veut vivre, prêt, sans pathos, à en payer le prix.
Un livre à conserver et relire.
Un peu beaucoup de vodka, oui. J'ai aussi vu le film, pas mal...
RépondreSupprimerMais de lui je préfère d'autres titres, dont Berezina
Je viens de lire et il m'a bien plu... et fait rire aussi en imaginant leur allure.
SupprimerAnnie
Oups... j'ai lu ce livre, très intéressée par la démarche, à sa parution. Effectivement, les réflexions sont justes mais elles m'ont semblé parfois convenues, attendues, et j'ai eu beaucoup de mal avec le style de Sylvain Tesson. Ce qui s'est confirmé en feuilletant son " Un été avec Homère " auquel j'ai renoncé. ( je me permets de t'indiquer un autre livre, si tu ne l'as pas déjà lu : " la vie en cabane " de David Lefèvre. Ce n'est pas le grand froid mais la Patagonie. Cet homme s'est installé là-bas, il est militant, ses récits sont passionnants ).
RépondreSupprimerAifelle, qui ne peut plus mettre de commentaires ici, n'arrivant pas à prouver qu'elle "n'est pas un robot" et qui a la gentillesse de me les envoyer par mail, n'est guère enthousiaste non plus.
SupprimerJ'ai essayé d'entamer cette lecture en m'efforçant de mettre de côté les réserves que le personnage m'inspirait et c'est là où j'ai été surprise. Au delà de ses débordements, apparait, je trouve, un homme attachant par sa sincérité et sa sensibilité. Son style ne m'a pas gênée, même parfois au contraire. J'ai en réserve "Un été avec Homère" que je vais lire en y faisant plus attention. Merci pour ce titre que je vais chercher ! Bonne fin de journée.
Tu me rassures, je l'ai chez moi et craignais comme toi "le fier à bras et l'ermite mondain". Il est vrai que je l'ai vu/écouté à la Grande Librairie et que j'ai été heureusement surprise par sa spontanéité, sa franchise aussi.
RépondreSupprimerC'est également après avoir vu également une émission à la télévision que mes préjugés ont commencé à tomber... J'espère que, comme moi, tu apprécieras cette lecture !
SupprimerJe l'ai lu (sans cette couverture...) il y a un moment. J'avoue que si j'avais bien aimé, je n'étais pas dithyrambique. Mais depuis, Tesson a changé et est devenu plus profond, je trouve.
RépondreSupprimerBon week end.
La couverture m'a bien fait rire. Je n'ai pas encore lu ses autres livres, dont les plus récents, mais je n'hésiterai plus à le faire !
SupprimerIl m'attend sur mes étagères, je pense que je vais me régaler. Par contre, je ne l'ai pas avec cette couverture toute poilue :)
RépondreSupprimerJe le regrette pour toi ! Elle est si drôle !
SupprimerQuel personnage ! Il ne laisse pas indifférent et c'est parfois le problème. Il masque presque son oeuvre parfois.
RépondreSupprimerTa remarque est très juste et je crains que sa personnalité lui joue parfois des tours parmi ses lecteurs potentiels.
SupprimerJe l'ai lu avec plaisir, et j'ai découvert par les commentaires que l'écrivain agaçait souvent en France, avant son accident, peut-être à cause d'une trop grande présence dans les médias ? Merci pour ce billet, Annie. Quelle couverture surprenante !
RépondreSupprimerJe suis dans l'impossibilité de te répondre Tania, mais ton hypothèse est probablement juste. J'ai bien ri en voyant cette couverture ce qui est déjà une très bonne chose.
RépondreSupprimerBonne fin de journée, Tania !
J'étais absolument sûre d'avoir laissé un commentaire et t'avoir recommandé Berezina et d'avoir dit que j'avais vu le film. Enfin, il me semble?
RépondreSupprimerJ'en ai lu plusieurs de l'auteur, y compris son dernier, Sur les chemins noirs, TB.
Un été avec Homère, bof, mieux vaut rester sur Une odyssée de Mendelsohn
Et David Lefevre, oui, oui,sa cabane en Patagonie, TB
Tes commentaires faisaient partie des "disparus". J'ai lu également "Les chemins noirs" que j'ai aimé pour ce goût de la vie et les témoignages d'amitié qu'il reçoit : Famille et amis se succédant pour l'aider à atteindre son but. Moi qui suis si raisonnable, je suis charmée par son côté totalement "fou" (mais préfère ne pas l'avoir pour fils ).
SupprimerAnnie
J'ai lu Petit traité sur l'immensité du monde. Bien aimé.
RépondreSupprimerPas encore lu. Mais après ce premier essai, je n'écarte pas cette hypothèse !
SupprimerJe n'ai pas lu le livre mais vu le film qui m'a enchanté, il est tourné près du lac Baïkal. Le scénario est cependant édulcoré d'une rencontre avec un fugitif, cela qui n'est pas le cas de Tesson. L'ermitage de ce dernier fait penser au plus dramatique "Into the wild" (Sean penn).
RépondreSupprimerBeau cadeau en peau d'ours !
Je n'ai pas vu ce film, mais par contre avait été bouleversée par "Into the wild". Sylvain Tesson est cependant assez éloignée de ce héros : pas question pour lui -et heureusement- de manger des racines, il ne recule pas, à la russe, devant les tranches de saucisson tartinée de mayonnaise, et est parti lesté d'une provision de cigares et de vodka, plus que considérable !
RépondreSupprimerJe l'ai abandonné 50 pages avant la fin. Je trouvais que tout se répétait et qu'il semblait boire pour supporter son aventure...
RépondreSupprimerC'est vrai qu'il boit beaucoup ! Est-ce pour supporter son aventure, se supporter lui-même, passer dans une autre dimension ? A chacun ses secrets.
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