lundi 13 février 2012

MES PONTONS




Auteur : Louis GARNERAY
Editions : Omnibus -2011-

C'est un récit que je vous propose aujourd'hui, rédigé par un peintre dont je vous ai déjà parlé à l'occasion d'un post sur "Moby Dick".

A.L. GARNERAY 
-Autoportrait-

Lorsque le jeune Ambroise Louis Garrneray, à peine âgé de treize ans et demi, quitte Paris et son père,  un beau matin de l'été 1796, par "l'allée des Veuves", pour rejoindre à Rochefort  son cousin "M. Beaulieu-Leloup, capitaine de frégate" et embarquer à sa suite,  il ne se doute pas qu'il lui faudra attendre presque vingt ans pour retrouver la France et embrasser à nouveau sa famille.

Durant ces années, il aura voyagé douze ans sur toutes les mers du monde ou à peu près,  servi en militaire la République et l'Empire, corsaire, suivi Surcouf, navigué sur des navires marchands ou négriers. 
Mais, prisonnier, il aura aussi passé plus de  huit années sur trois pontons anglais, ancrés "à la file" de cinq autres "à l'entrée de la rivière de Portchester", au large de Portsmouth.


Edition 1851

Un ponton, c'est une prison flottante, "un vieux navire démâté, à deux ou trois ponts qui retenu par des amarres présente presque l'immobilité d'un édifice de pierre". 
Rien ne peut être pire, pour un marin que "cette masse noire et informe qui ressemblait assez de loin, à un sarcophage".
C'est "le désespoir au coeur" que le jeune Garneray, se voit conduire à bord de "ce sombre tombeau". C'est avec effroi qu'il découvre "la misérable et hideuse population du Protée", "une génération de morts sortant un moment de leurs tombes, les yeux caves, le teint terreux, le dos voûté, la barbe inculte, à peine recouverts de haillons jaunes en lambeaux, le corps d'une maigreur effrayante." 
Mais c'est surtout avec courage, panache, détermination, qu'il fait face à ses nouvelles conditions de vie.

A sa suite nous découvrons ce terrible et curieux monde, dans lequel on meurt presque de faim, on risque l'asphyxie par trop de promiscuité, on est jeté blessé, dans l'eau glacée d'un bain pour éviter la contagion, on risque au mieux la pendaison pour avoir cherché à s'échapper.
Mais c'est un monde aussi, dans lequel on veut survivre, corps et âme : on sait soudoyer qui il faut pour obtenir quelques livres, du papier, des couleurs, on se regroupe, chaque soir,  autour d'une table pour travailler dans l'inconfort et l'angoisse, pour pouvoir s'absorber dans une activité qui fasse oublier un peu la captivité.
On aime bien aussi provoquer les Anglais : en s'évadant, en les ridiculisant devant les nobles dames, venues, toutes poudrées,  sur le ponton comme au théâtre regarder un pauvre diable être mis en pièces, en les peignant de manière peu flatteuses sans qu'ils n'y voient rien.

Edition 1851

Car Garneray peint sur le ponton, il vend même ses toiles, il amasse un petit pécule et, tout en restant fidèle à ses compatriotes, est sauvé du pire par la double grâce de son art et de sa connaissance de l'anglais.

J'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture d'autant plus que Garneray pratique le beau français de cette époque ! J'ai eu, par moment l'impression, pas désagréable non plus de retrouver l'univers de "Barry Lindon".
Si, comme moi, vous appréciez cette athmosphère, vous n'hésiterez pas à lire au préalable  les "Voyages, aventures et combats" de Garneray également, qui figurent aussi dans cette édition.

Bon vent à toutes et à tous !

 

7 commentaires:

  1. Very interesting presentation, Annie!

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  2. Life was hard for sailors back then! (As on the Pequod). But if I am reading the translation correctly this is a true story!

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    1. Yes it is ! This man spent a very adventurous and interesting life.

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  3. un corsaire, des voiliers et vogue l'aventure, je ne connais que le nom de Garneray et du coup c'est assez tentant

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    1. J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ces deux livres. De plus il existe une version Kindle qui facilite beaucoup l'accès aux notes et au dictionnaire, ce qui est très pratique pour comprendre notamment tous les termes de marine.

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  4. J'avais lu il y a quelques années les aventures d'un corsaire parce que je m'intéressais à l'époque aux bateaux et à l'histoire de la marine et aussi à Saint Malo. Mais cette période est passée aussi vite qu'elle est venue.

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