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dimanche 8 septembre 2013
mercredi 4 septembre 2013
LE COEUR EST UN CHASSEUR SOLITAIRE
Titre original : "The heart is a lonely hunter"-1940-
Auteure : Carson McCULLERS
Traductrice : Marie-Madeleine FAYET
Éditions : Stock - 1947- Le livre de poche n°3035. -445 p-
Les vide-greniers, brocantes et autres foires aux vieux livres qui fleurissent tout au long de l'été sont toujours une excellente occasion de faire de belles découvertes : vieux magazines qui nous enchantent, livres d'enfance que l'on retrouve avec émotion, auteurs parfaitement inconnus que l'on a brusquement envie de découvrir, mais aussi romans que l'on a toujours voulu lire sans le faire, on ne sait pourquoi.
C'est ainsi que j'ai acheté pour rien celui-ci, un peu jauni et poussiéreux, un jour pluvieux du mois d'août.
Que faire d'autre que de commencer à le lire immédiatement ?
Nous sommes dans une petite ville du sud des États-Unis, dans les années 1930. Des filatures de coton y font vivre les blancs chichement et les noirs, humiliés, plus pauvrement encore.
Durant à peu près deux ans, nous allons suivre le destin croisé de cinq personnages, une fillette et quatre hommes ainsi que de quelques uns de leurs proches.
Mick Kelly donc a douze ans au commencement du récit. C'est une sorte de garçon manqué, vêtu d'un short et d'un polo. Sandales aux pieds elle traîne derrière elle ses jeunes frère et soeur, fume parfois une cigarette. Surtout elle cache bien ce qui la constitue vraiment : son amour de la musique, qu'elle écoute le soir et essaie de comprendre, "assise sous un buisson", près des maisons d'où elle s'échappe, diffusée par la radio. Elle a deux rêves : un piano et une chambre rien que pour elle seule.
Bill Brannon, lui est en pleine maturité. Il tient, avec sa femme Alice, qui "ne voit jamais rien", le "New-York Bar", ouvert toute la nuit. Contrairement à elle, il sait tout remarquer de la détresse de ceux qui s'y retrouvent chaque soir et les accueille avec générosité.
Le plus dérangeant est certainement Jack Blount, sorti un jour de nulle part, petit, courtaud, noir de poil, que l'alcool conduit parfois aux portes de la folie : un sentiment ravageur de l'injustice faite à tous ceux qui sont exploités, un désir brûlant de tout faire sauter, un "rouge" en quelque sorte.
Le Docteur Copeland lui ne fréquente pas le bar : c'est un vieux "docteur nègre". Il a consacré sa vie à soigner les siens et continue malgré ses échecs. Un de ses grands regrets, ce sont ses enfants, qui n'ont pas suivi la voie montante qu'il voulait pour eux. Violent il l'a été, envers sa femme en premier lieu. Violent il l'est toujours dans son exigence de dignité pour les siens, auxquels on refuse toujours "la chance de servir".
C'est auprès d'un sourd-muet, John Singer, qu'ils vont tous les quatre trouver ce qu'ils recherchent.
"Ni occupé, ni pressé", "sans aucune velléité d'insolence", il les accueille à tour de rôle dans la "chambre fraîche et agréable" qu'il loue chez les parents de Mick. Et surtout il les comprend. C'est ce que leur renvoie son immuable sourire.
Ce qu'ils ne savent pas, c'est que lui se sent perdu depuis l'internement, de son ami Antonopoulos, sourd-muet lui aussi.
"Je ne peux plus rester seul", lui écrit-il "sans vous qui me comprenez."
Un malheureux accident perpétré par le jeune frère de Mick sur Baby, la jeune nièce de Bill Brannon, une rixe à laquelle Jack Blount est mêlé, la maladie, la honte et la colère ravivées par le sort réservé à l'un de ses fils, qui rongent le Docteur Copeland, la perte définitive de l'ami de John Singer, mettront fin à ces rêves comme à cet équilibre précaire.
On ne peut que refermer ce roman, d'amour et de solitude, sans une profonde et durable émotion. En ressentant également une grande admiration pour son auteure, âgée de vingt-deux ans au moment de la publication.
J'ai tout aimé dans ce livre, des descriptions épurées et parfaites aux vibrants discours, toujours à méditer, où que l'on soit.
C'est donc sur deux extraits que je terminerai cet article, pour que vous n'attendiez pas une hypothétique brocante pour trouver et lire ce très beau livre en rien "jauni et poussiéreux".
"La nuit tombait. La lune d'un blanc laiteux, montait dans le ciel bleu et l'air fraîchit. Elle entendait Ralph, Georges et Portia dans la cuisine. La fenêtre éclairée par le feu du fourneau, avait une chaude teinte orangée. Cela sentait la fumée et le dîner."
"Vous devez vous vendre pour un but inutile afin de vivre. Vous serez rejetés et vaincus. Le jeune chimiste récolte le coton. Le jeune écrivain est incapable d'apprendre à lire. Le professeur supporte un esclavage inutile dans une blanchisserie. Nous n'avons pas de représentants au gouvernement. Nous n'avons pas le droit de vote. Nous sommes les plus opprimés de ce grand pays. Nous ne pouvons pas élever la voix. Nos langues pourrissent dans nos bouches faute d'exercice. Nos coeurs se vident et perdent toute force pour réaliser notre idéal."
Que faire d'autre que de commencer à le lire immédiatement ?
Nous sommes dans une petite ville du sud des États-Unis, dans les années 1930. Des filatures de coton y font vivre les blancs chichement et les noirs, humiliés, plus pauvrement encore.
Durant à peu près deux ans, nous allons suivre le destin croisé de cinq personnages, une fillette et quatre hommes ainsi que de quelques uns de leurs proches.
Mick Kelly donc a douze ans au commencement du récit. C'est une sorte de garçon manqué, vêtu d'un short et d'un polo. Sandales aux pieds elle traîne derrière elle ses jeunes frère et soeur, fume parfois une cigarette. Surtout elle cache bien ce qui la constitue vraiment : son amour de la musique, qu'elle écoute le soir et essaie de comprendre, "assise sous un buisson", près des maisons d'où elle s'échappe, diffusée par la radio. Elle a deux rêves : un piano et une chambre rien que pour elle seule.
Bill Brannon, lui est en pleine maturité. Il tient, avec sa femme Alice, qui "ne voit jamais rien", le "New-York Bar", ouvert toute la nuit. Contrairement à elle, il sait tout remarquer de la détresse de ceux qui s'y retrouvent chaque soir et les accueille avec générosité.
Le plus dérangeant est certainement Jack Blount, sorti un jour de nulle part, petit, courtaud, noir de poil, que l'alcool conduit parfois aux portes de la folie : un sentiment ravageur de l'injustice faite à tous ceux qui sont exploités, un désir brûlant de tout faire sauter, un "rouge" en quelque sorte.
Le Docteur Copeland lui ne fréquente pas le bar : c'est un vieux "docteur nègre". Il a consacré sa vie à soigner les siens et continue malgré ses échecs. Un de ses grands regrets, ce sont ses enfants, qui n'ont pas suivi la voie montante qu'il voulait pour eux. Violent il l'a été, envers sa femme en premier lieu. Violent il l'est toujours dans son exigence de dignité pour les siens, auxquels on refuse toujours "la chance de servir".
C'est auprès d'un sourd-muet, John Singer, qu'ils vont tous les quatre trouver ce qu'ils recherchent.
"Ni occupé, ni pressé", "sans aucune velléité d'insolence", il les accueille à tour de rôle dans la "chambre fraîche et agréable" qu'il loue chez les parents de Mick. Et surtout il les comprend. C'est ce que leur renvoie son immuable sourire.
Ce qu'ils ne savent pas, c'est que lui se sent perdu depuis l'internement, de son ami Antonopoulos, sourd-muet lui aussi.
"Je ne peux plus rester seul", lui écrit-il "sans vous qui me comprenez."
Un malheureux accident perpétré par le jeune frère de Mick sur Baby, la jeune nièce de Bill Brannon, une rixe à laquelle Jack Blount est mêlé, la maladie, la honte et la colère ravivées par le sort réservé à l'un de ses fils, qui rongent le Docteur Copeland, la perte définitive de l'ami de John Singer, mettront fin à ces rêves comme à cet équilibre précaire.
On ne peut que refermer ce roman, d'amour et de solitude, sans une profonde et durable émotion. En ressentant également une grande admiration pour son auteure, âgée de vingt-deux ans au moment de la publication.
J'ai tout aimé dans ce livre, des descriptions épurées et parfaites aux vibrants discours, toujours à méditer, où que l'on soit.
C'est donc sur deux extraits que je terminerai cet article, pour que vous n'attendiez pas une hypothétique brocante pour trouver et lire ce très beau livre en rien "jauni et poussiéreux".
"La nuit tombait. La lune d'un blanc laiteux, montait dans le ciel bleu et l'air fraîchit. Elle entendait Ralph, Georges et Portia dans la cuisine. La fenêtre éclairée par le feu du fourneau, avait une chaude teinte orangée. Cela sentait la fumée et le dîner."
"Vous devez vous vendre pour un but inutile afin de vivre. Vous serez rejetés et vaincus. Le jeune chimiste récolte le coton. Le jeune écrivain est incapable d'apprendre à lire. Le professeur supporte un esclavage inutile dans une blanchisserie. Nous n'avons pas de représentants au gouvernement. Nous n'avons pas le droit de vote. Nous sommes les plus opprimés de ce grand pays. Nous ne pouvons pas élever la voix. Nos langues pourrissent dans nos bouches faute d'exercice. Nos coeurs se vident et perdent toute force pour réaliser notre idéal."
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ART POSTAL
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EN POINTILLE
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Que faire quand deux livres vous tombent des mains en une semaine, que le troisième est beaucoup trop gros et donc trop long à lire pour faire l'objet d'un article dans les délais habituels , que les visites s'enchaînent ainsi que les déplacements ?
Pester ? Déprimer ? Non, prendre son temps, profiter du bel été et mettre son blog en pointillé pour quelques temps !
Moins d'articles, des photos plus nombreuses, juste de quoi garder un lien pendant ce temps béni.
Que faire quand deux livres vous tombent des mains en une semaine, que le troisième est beaucoup trop gros et donc trop long à lire pour faire l'objet d'un article dans les délais habituels , que les visites s'enchaînent ainsi que les déplacements ?
Pester ? Déprimer ? Non, prendre son temps, profiter du bel été et mettre son blog en pointillé pour quelques temps !
Moins d'articles, des photos plus nombreuses, juste de quoi garder un lien pendant ce temps béni.
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