dimanche 8 juillet 2012
BLOG EN VACANCES
Le temps de ranger la maison et de faire les bagages, et il sera temps de partir vers d'autres horizons.
Très bon été à toutes et à tous.
Retour, dans la deuxième quinzaine du mois d'août.
A bientôt !
mercredi 4 juillet 2012
LE TEMPS DE L'INNOCENCE
Titre original : "The Age of Innocence"-1920-
Auteure : Edith WHARTON
Traduction : pas de mention
Editions : Flammarion-Mille-et- une pages- 2012- 266 pages
Il est bien court le temps de l'innocence ! Deux soirées à l'opéra à deux années d'écart, et il s'est déjà enfui. A moins, qu'il n'ait duré que quelques minutes, celles durant lesquelles, lors de la première soirée, Newland Archer, détournant "les yeux de la scène pour les plonger dans la loge d'en face", contemple avec émotion et orgueil "l'adorable enfant" en toilette blanche, May Welland, sa presque fiancée, avant que n'apparaisse derrière elle sa cousine, la "pauvre Ellen Olanska" vêtue de velours bleu corbeau.
Jusque là, les choses étaient simples et stables : ils appartenaient à la même société patricienne- l'aristocratie américaine protestante-, ils partageaient les mêmes principes au premier rang desquels le respect du "bon ton", que celui-ci s'exprime dans la couleur d'une cravate portée avec un habit ou dans les limites de la solidarité à témoigner à un parent malheureux.
A partir de là, les choses seront moins simples, mais chacun veillera à ce qu'elles restent aussi stables, au risque d'y engloutir sa vie.
Car c'est un monde impitoyable que celui-ci :
La femme "miracle de feu et de glace", doit savoir "attirer les hommages masculins, tout en les décourageant", et l'homme, même éloigné de la médiocrité intellectuelle qui caractérise la plupart de ses congénères, accepter "leur code en fait de morale", car "il serait à la fois incommode et de mauvais goût de faire cavalier seul."
Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas pris un tel plaisir à lire un roman au point de m'éveiller à six heures du matin pour pouvoir en poursuivre la lecture avant d'entamer la journée.
Une composition parfaite, des personnages croqués avec précision et ironie, des descriptions quasi cinématographiques - Martin Scorsese en a d'ailleurs fait un film- un mélange de passion et d'extrême retenue. Jane Austen, je pense ne renierait pas ce texte !
Bonus : ce livre éclaire parfaitement le monde dans lequel Eleanor Roosevelt est née. En le refermant, on admire encore plus l'exceptionnelle originalité de son parcours.
Ce que l'histoire ne peut pas toujours dire, la littérature sait parfois l'exprimer de façon magistrale.
dimanche 1 juillet 2012
mercredi 27 juin 2012
ELEANOR ROOSEVELT
Auteure : Claude-Catherine KIEJMAN
Editions : Tallandier 2012 - 252 pages-
Rassurez-vous, je ne suis pas saisie par le syndrome de "La première dame" et j'attends même avec une certaine impatience le jour où l'on pourra élire un homme ou une femme sans connaître le nom et le visage de celui ou celle qui partage sa vie.
Par contre, en parcourant des magazines américains, j'ai été étonnée de constater à quel point Eleanor Roosevelt était encore présente, notamment par le biais de citations, dont j'ai souvent admiré la pertinence et le courage.
J'avais donc très envie d'en savoir plus.
Source : Time.co |
Entre ces deux photos, toute une vie s'est écoulée.
Une vie commencée dans le plus beau quartier de New-York le 11 octobre 1884 et qui se terminera, soixante-dix-huit ans plus tard, le 7 novembre 1962, dans la même ville.
Entre temps la petite fille craintive qui éprouvait "un très fort désir d'affection et de louange", pour avoir très vite compris que sa mère était rebutée par sa relative disgrâce physique, aura perdu père et mère avant l'âge de dix ans, se sera mariée à vingt-deux ans avec Franklin son beau et brillant cousin, aura donné naissance à six enfants, se sera coulé avec application dans le moule de l'épouse (et de la belle-fille !) soumise, aura aidé son mari, sans faiblir et à l'encontre de ses propres désirs, à gravir les premières marches de son ascension politique.
Puis brutalement, en 1918, tout changera : une trahison, la disparition de plusieurs de ses proches et Eleanore de reconnaître :
" Le monde dans lequel je vivais s'écroula. Je fus pour le première fois, en toute honnêteté face à moi-même, avec mon entourage et mon monde. Cette année -là, je suis vraiment devenue adulte."
Devenir adulte, pour Madame Roosevelt ce sera certes rester la partenaire de son mari dans toute les épreuves, dont en 1921 la terrible attaque de poliomyélite qui transforme cet homme vigoureux en un quasi infirme, comme dans sa montée et son arrivée aux plus hautes fonctions de l'Union, mais ce sera aussi affirmer haut et fort ses propres convictions en défendant les femmes, les enfants et les plus démunis ou en soutenant la marche des Noirs vers les droits civiques. Ce sera également avoir ses propres amitiés voire probablement ses propres amours, ce sera un perpétuel exercice d'équilibre applaudi le plus souvent, mais aussi contesté - elle est pour Hoover "le plus dangereux ennemi du F.B.I."- sans se laisser troubler.
Enfin devenue veuve ce sera endosser des rôles officiels pour son propre compte, se sera notamment défendre les Droits de l'homme, même devant les inquisiteurs staliniens , en leur rappelant, sur un ton "presque maternel" et extrêmement courtois que:
"Nous traitons,..., des droits des peuples, de l'homme, de son droit à être libre. L'homme, ..., c'est cela qui est prioritaire".
C'est donc à un parcours et une personnalité extrêmement riches et complexes que Claude-Catherine Kiejman s'est attaquée. La multitude des sources et à l'inverse le quasi mutisme qu' Eleanore Roosevelt a gardé sur tout ce qui touche à sa vie intime, n'ont pas rendu sa tâche aisée .
En refermant son ouvrage, et comme elle l'indique elle-même en conclusion au préambule de son livre, on se pose toujours la question :
"Qui fut au plus profond d'elle-même Ann Eleanor Roosevelt, née Roosevelt ?"
Pour ma part, j'ai regretté que trop de place soit laissée au contexte, bien sûr intéressant mais qui me semble avoir brouillé les traits et le parcours de celle qui devait être au centre de l'ouvrage.
"Si je peux être utile, je serai ravie d'y aller" déclare-t-elle à son mari qui, en 1942, lui demande, excusez du peu, de visiter les troupe stationnées en Grande-Bretagne et de resserrer les liens entre les Etats-Unis et l'Angleterre.
Etre utile, elle l'a été, à n'en pas douter !
dimanche 24 juin 2012
OUVREZ LES YEUX !
mercredi 20 juin 2012
THE SECRET GARDEN
Edition originale 1911 |
Auteure : Frances HODGSON BURNETT
- 384 pages -
J'ai lu la version anglaise sur mon Kindle, avec l'immense avantage de pouvoir avoir directement accès à un dictionnaire.
Il existe plusieurs versions papier en français, et en anglais, bien entendu.
Lorsque je sens le besoin de retomber en enfance, ce qui m'arrive assez régulièrement, le plus court chemin que j'ai trouvé, est de prendre un livre "pour la jeunesse", comme on disait autrefois.
Sans le savoir, je ne connaissais rien de ce livre ni de son auteure, j'ai eu la chance de tomber sur "un classique", un véritable "roman d'apprentissage" qui m'a profondément émue, et dans la foulée, de faire la connaissance de trois femmes étonnantes, chacune dans son domaine. Bonne pioche, non ?
Le livre tout d'abord :
Mary Lennox, petite-fille de dix ans au physique ingrat et au caractère revêche, ignorée par sa trop jolie mère et son père indifférent, vit en Inde au milieu d'une cour de domestiques qui ont pour consigne d'obéir à tous ces caprices. Elle ne sait à peu près rien faire, même pas s'habiller.
Ses parents brutalement décédés, elle est rapatriée en Angleterre, chez son oncle Mr Craven, au manoir de Misselthwaite, au milieu des landes du Yorkshire. Livrée à elle-même - son oncle bossu et dépressif ne souhaite pas la voir- elle va rapidement se transformer en une petite fille active et pleine de santé, aiguillonnée qu'elle est par la présence d'un "jardin secret" dont Martha, sa jeune servante lui a révélé l'existence et de mystérieux cris, qui la réveillent, la nuit venue.
Guidée par un rouge-gorge puis aidée par Dickon, le jeune frère de Martha, qui va lui révéler les pouvoirs thérapeutiques de la nature , elle va à son tour ouvrir les chemins de la vie à son jeune cousin et à son oncle, qui jusque là restaient enfermés dans le deuil et la terreur de la mort.
Ce qui fait le charme puissant de cet ouvrage c'est certainement la manière dont la renaissance de la nature accompagne celle des héros et le parti pris du contraste, choisi par l'auteure :
- Contraste entre les personnages tout d'abord : ceux qui sont du côté de l'ombre - Mr Craven, Mary et Colin dans un premier temps - et ceux qui sont du côté de la lumière - Martha, l'adorable Dickon et Mrs Sowerby leur si bonne mère, une aristocratie corsetée d'un côté, contre un monde campagnard plein de simplicité de l'autre.
- Contraste entre les lieux ensuite : l'Inde engluée dans la moiteur des tropiques et l'Angleterre battue par les vents, le sombre manoir de Misselthwaite -des portes closes, des tentures étouffantes- et les vastes espaces de la lande, le jardin figé par l'hiver et celui foisonnant de l'été.
- Contraste entre les sentiments enfin, la richesse et la simplicité du bonheur succédant aux noirs couloirs de la dépression.
Clichés, allez-vous penser ! Certainement.
Mais il y a quelque chose de merveilleusement réconfortant à voir évoquer la vie avec tant de talent, celle qui est à notre porte, la fleur, l'oiseau, mais aussi l'amitié, l'écoute, la bonté et à croire par moments à d'aussi jolies fables.
Trois femmes étonnantes pour conclure :
- L'auteure, Frances HODGSON BURNETT (1849-1924), dont la vie vous est détaillée ici en français ou là en anglais de manière plus complète.
- Celle qui l'a en partie inspirée pour partie, Mary BAKER EDDY (1821-1910),
- Enfin, la sculptrice Bessie POTTER VONNOH (1872-1955), qui a choisi les figures de Mary et Dickon, pour rendre hommage à Frances HODGSON BURNETT, au coeur de Central Park, à New-York.
- Contraste entre les personnages tout d'abord : ceux qui sont du côté de l'ombre - Mr Craven, Mary et Colin dans un premier temps - et ceux qui sont du côté de la lumière - Martha, l'adorable Dickon et Mrs Sowerby leur si bonne mère, une aristocratie corsetée d'un côté, contre un monde campagnard plein de simplicité de l'autre.
- Contraste entre les lieux ensuite : l'Inde engluée dans la moiteur des tropiques et l'Angleterre battue par les vents, le sombre manoir de Misselthwaite -des portes closes, des tentures étouffantes- et les vastes espaces de la lande, le jardin figé par l'hiver et celui foisonnant de l'été.
- Contraste entre les sentiments enfin, la richesse et la simplicité du bonheur succédant aux noirs couloirs de la dépression.
Clichés, allez-vous penser ! Certainement.
Mais il y a quelque chose de merveilleusement réconfortant à voir évoquer la vie avec tant de talent, celle qui est à notre porte, la fleur, l'oiseau, mais aussi l'amitié, l'écoute, la bonté et à croire par moments à d'aussi jolies fables.
Trois femmes étonnantes pour conclure :
- L'auteure, Frances HODGSON BURNETT (1849-1924), dont la vie vous est détaillée ici en français ou là en anglais de manière plus complète.
- Celle qui l'a en partie inspirée pour partie, Mary BAKER EDDY (1821-1910),
- Enfin, la sculptrice Bessie POTTER VONNOH (1872-1955), qui a choisi les figures de Mary et Dickon, pour rendre hommage à Frances HODGSON BURNETT, au coeur de Central Park, à New-York.
dimanche 17 juin 2012
LES SABOTS DE VENUS
Depuis une quinzaine de jours, toutes nos randonnées n'avaient qu'un seul but : les Sabots de Vénus. Espoir ténu, car les belles sont rares !
Et jeudi, après une nouvelle balade infructueuse, à moins de trois-cents mètres du parking où nous devions reprendre la voiture, il a suffi de tourner la tête et elles étaient là.
Altières, en haut d'un talus ombragé, superbes, et tout à fait différentes de ce que j'avais imaginé. Quarante centimètres de haut, de belles feuilles souples et nervurées, des fleurs globuleuses et ailées à la fois.
J'ai ressenti la joie et l'émotion des grandes rencontres : la nature était là.
Nous n'avions plus qu'à nous taire et admirer.
Et jeudi, après une nouvelle balade infructueuse, à moins de trois-cents mètres du parking où nous devions reprendre la voiture, il a suffi de tourner la tête et elles étaient là.
Altières, en haut d'un talus ombragé, superbes, et tout à fait différentes de ce que j'avais imaginé. Quarante centimètres de haut, de belles feuilles souples et nervurées, des fleurs globuleuses et ailées à la fois.
J'ai ressenti la joie et l'émotion des grandes rencontres : la nature était là.
Nous n'avions plus qu'à nous taire et admirer.
mercredi 13 juin 2012
JANE EYRE ET LA PRISONNIERE DES SARGASSES
Je suis très reconnaissante aux animatrices du challenge "A year of feminist classics", d'avoir inscrit au programme du mois de mai 2012 deux ouvrages : "Jane Eyre" de Charlotte Brontë, et "La prisonnière des Sargasses" ("Wide Sargasso Sea") de Jean Rhys.
Sans elles, je n'aurais probablement relu le premier et lu le second qu'à des mois ou des années de distance et serais passée à côté d'un rare plaisir littéraire.
Deux auteurs donc, deux vies difficiles marquées par les drames et soutenues par l'écriture.
Charlotte BRONTË tout d'abord, née en 1816 et morte à l'âge de 39 ans, au bout de quelques mois d'un mariage heureux, après avoir affronté les décès successifs de sa mère quand elle avait cinq ans, de ses deux soeurs aînées quand elle en avait neuf, de son frère et de ses deux dernières soeurs à quelques mois d'intervalle en 1848 et 1849, un an après la publication de "Jane Eyre", au moment où le succès s'offre à elle masqué, sous le pseudonyme masculin de Currer Bell.
Jean RHYS, ensuite, née à la Dominique en 1890, envoyée chez sa tante en Angleterre à l'âge de dix-sept ans, dont la longue vie - elle meurt à Exeter en 1979 - est marquée par le déracinement, l'échec sentimental - elle se marie trois fois et divorce deux fois - la mort d'un enfant, l'alcoolisme.
Solitude et désespoir sont au rendez-vous tout au long de son parcours, même si en 1966, la publication de "La prisonnière des Sargasses" lui assure enfin la reconnaissance en tant qu'écrivain.
Deux livres ensuite écrits à cent-dix neuf années de distance, qui tous deux nous décrivent le parcours de deux petites-filles bien mal parties dans la vie.
Jane EYRE, orpheline de père et de mère, confiée à un oncle compatissant qui meurt lui aussi très vite, la laissant aux mains d'une tante revêche qui s'empresse de la placer dans l'une de ces horribles pensions anglaises au sein desquelles les fillettes, mal habillées, mal logées, mal chauffées, mal nourries, sont dressées, pour devenir, si elles en réchappent, des femmes soumises aux autres, surtout s'ils sont masculins et à la religion. Jane, prise en affection par la directrice, en ressort cependant éduquée et armée pour la vie. Devenue gouvernante au manoir de Thornfield, elle rencontre bientôt Monsieur Rochester le maître du domaine, homme tourmenté, avec lequel elle va très vite entretenir une relation étrange. Jane Eyre, confortée tout autant par son sens moral que par celui nécessaire de sa propre dignité, devra surmonter bien des épreuves avant de pouvoir construire une vie telle qu'elle la souhaite.
A l'autre bout du monde, a peu près à la même époque, une autre petite fille, Antoinette COSWAY, vit au domaine de Colibri, à la Jamaïque, avec sa mère. Depuis la mort de leur mari ou père, elles sont rejetées par la bonne société et s'enfoncent dans la solitude. Sa mère richement remariée, Antoinette est placée dans une pension jusqu'à l'âge de dix-sept ans, pension qu'elle ne quitte que pour être mariée à un jeune Anglais, auquel elle apporte toute sa fortune. Celui-ci, mal à l'aise dans ce monde qui lui est profondément étranger, découvre bientôt les dessous de ce mariage, qui s'écroule. Alcoolisme et démence d'un côté, haine et ressentiment de l'autre, le couple rejoindra malgré tout l'Angleterre. Mais pas de vie construite pour Antoinette, seulement une vie détruite et destructrice.
Deux enfants, deux femmes, dont le destin se croisent de la façon la plus cruelle qui soit, par la volonté de Charlotte BRONTË et surtout de Jean RHYS.
Une double réhabilitation en quelque sorte, puisqu'elle se saisit d'un personnage déterminant par son rôle, mais presque caricaturé dans la forme, pour en faire une héroïne malheureuse et magnifique.
Je ne dirait rien sur les qualités littéraires de ces deux livres : tout a été déjà dit je pense et mieux que je ne le ferais.
Ce qui m'a intéressée dans cette double lecture c'est en premier lieu, chronologiquement parlant, le personnage de Jane EYRE, de l'enfant révoltée à la femme qui sait ce qu'elle veut ou ne veut pas, qui semble prête à plier, mais qui, chaque fois est capable de ramasser ses forces pour agir selon ses désirs.
C'est celle qui crie haut et fort "Injustice, injustice !" et ajoute, pour que les choses soient bien claires :
"On suppose les femmes généralement calmes mais les femmes sont comme les hommes; elles ont besoin d'exercer leurs facultés, et, comme à leurs frères, il leur faut un champ pour leurs efforts. De même que les hommes, elles souffrent d'une contrainte trop sévère, d'une immobilité trop absolue. C'est de l'aveuglement à leurs frères plus heureux de déclarer qu'elles doivent se borner à faire des poudings, à tricoter des bas, à jouer du piano et à broder des sacs."
C'est ensuite la découverte progressive du lien entre les deux ouvrages : je me suis interrogée, étonnée, ai douté de mes impressions, puis ai profité sans plus hésiter de ma lecture. La "folle mystérieuse" s'est déconstruite alors pour devenir une femme reniée par tous, "le cancrelat blanc", celle qu'on nomme du nom de sa mère.
Refermant "La prisonnière des Sargasses", on se prend à rêver d'une vraie rencontre entre Jane EYRE et Antoinette COSWAY.
Nul doute que Jane soit choquée par la sensualité d'Antoinette et que celle-ci regarde avec commisération, la jeune-femme austère sanglée dans ses habits puritains.
Nul doute encore que parcourant la lande avec Jane, Antoinette apprécie les beautés de l'Angleterre. Nul doute non plus que Jane ne se mette à rêver en écoutant Antoinette parler des fleurs de son pays.
Nul doute non plus, que prenant le temps de se connaître, l'une et l'autre compatissent à leurs destins liés.
Peut-être auraient elles mieux compris l'injustice de leur sort, peut-être la force de Jane aurait-elle aidé Antoinette à revivre, peut-être auraient-elles décidé de s'épauler l'une l'autre plutôt que de répondre aux souhaits de leur frère, "maître" ou mari ?
Tant de possibles.....
dimanche 10 juin 2012
mercredi 6 juin 2012
UN PAS DE CÔTE : LE JARDIN DES MEDITERRANNEES
Pour aller de Marseille à Gênes, si l'on choisit de passer par la côte, mieux vaut savoir ce qui vous attend. Le pire et le meilleur.
Le pire : l'urbanisation à tout va, les panneaux publicitaires de toutes tailles, les villages et les routes saturés de voiture. Le meilleur : des paysages à vous couper le souffle, des fleurs de toutes couleurs grimpant à l'assaut des piliers ou débordant des murettes, la mer et, au Rayol-Canadel dans le Var, le Jardin des Méditerrannées.
Le Domaine du Rayol, acheté en 1989 par le Conservatoire du littoral, est une miraculeuse enclave de 20 hectares, qui descend jusqu'à la mer.
Propriété d'hommes d'affaires, qui en on fait leur lieu de séjour plus ou moins temporaire, elle ne comporte que quelques bâtiments noyés dans la verdure : villas, bastidon, ferme, maison de la plage, pergola. Chacun y a apporté sa marque, chacun y a planté selon son humeur, potager, verger, jardin exotique. Puis la nature a repris ses droits.
Consulté sur la vocation possible de cet espace, le paysagiste Gilles Clément, y a réalisé "un jardin de paysages plutôt qu'un jardin de plantes", qui propose "un brassage planétaire des flores" venues de toutes les régions du monde à climat méditerranéen : Canaries, Californie, Australie, Amérique aride ou subtropicale, Chili, Nouvelle-Zélande, Asie subtropicale, Afrique du Sud...
Voilà comment sont nés ces onze jardins ou plutôt ces onze paysages qui s'imbriquent les uns dans les autres sans que l'on ne perçoive jamais que l'on a franchi une limite, sauf pour le jardin marin.
Pas question ici de forcer les plantes à s'adapter : on étudie au mieux leurs besoins, on les installe dans les lieux qui semblent le mieux pouvoir leur convenir, on observe, on rectifie une fois si nécessaire puis on les laisse vivre.
Pas d'étiquettes non plus, mais des guides si vous le souhaitez, à moins que vous ne préfériez déambuler à votre pas. Le rêveur peut rêver, le botaniste herboriser, l'écologiste méditer, le jardinier observer, en se promettant d'en faire de même à son échelle.
Chacun, lorsqu'il est proche, se jure de revenir chaque année à chaque saison, car ce jardin est fait pour bouger, "un jardin soumis aux aléas du ciel, à la sécheresse, à la fragilité des hommes : la planète."
Ceux qui ne peuvent malheureusement pas s'y rendre, comme ceux qui ont eu la chance de pouvoir le visiter trouveront dans cet ouvrage une somme d'informations sur l'histoire du domaine, la conception et le mode de gestion du jardin,
Préface : Gilles CLEMENT
Textes : Sonia LESOT
Photographies : Henri GAUD
Éditions : Gaud 2008- 191 pages
dimanche 3 juin 2012
GENOVA, ZENA, GÊNES, GENOA
Gênes-Italie- Une partie de la vieille ville, vue du port |
Gênes -Italie- Toits et terrasses |
Gênes -Italie-Palazzo Rosso |
Gênes -Italie- Au hasard d'une rue |
Gênes- Italie- Une des innombrables églises |
Gênes -Italie- |
mercredi 30 mai 2012
POSTHUMES
Auteure : Nadeije LANEYRIE-DAGEN
avec des dessins de Marc DESGRANDCHAMPS
Editions : Scala 2012, Collection "Ateliers imaginaires"-286 pages-
Voici un livre bien curieux, qui intéresse et déroute à la fois, et qu'il faut lire jusqu'à la dernière page, annexes comprises.
Avec pour auteure, une spécialiste de la Renaissance, on s'attend, si l'on n'a pas prêté attention au titre de la collection, à un essai, un traité d'histoire de l'art, une monographie.
Mais que penser alors d'une première phrase aussi troublante que celle-ci :
"Qu'il est étrange d'être mort..."
Un roman alors ? cela semble plus juste une fois constaté que l'ouvrage est construit sur l'alternance d'un texte, le journal de Francesco Melzi, élève et secrétaire de Léonard de Vinci, et de la voix de celui-ci : un homme mort, qui le sait et ne nie aucunement l'étrangeté du phénomène.
Mais que font alors ici, ces cartes, cet arbre généalogique des Valois, cette chronologie, ce dictionnaire ?
Il faudra vous y habituer : on est entre les deux. Ce n'est pas la stricte réalité qui importe ici et de toute façon elle est impossible à établir, mais ce qui a pu être.
Ce qui semble vrai est peut-être faux. Ce qui semble faux est peut-être vrai !
Suivons donc Léonard de Vinci dans ce dernier voyage qui le conduit à l'automne 1516, de Rome à Amboise, et trois ans plus tard à la mort : âgé, il a alors soixante-quatre ans , malade, lassé de voir le pape lui préférer Raphaël, il s'est enfin décidé à répondre à l'invitation de François Ier et quitte son pays, traînant un peu le pas. Il est accompagné de ses plus proches et de huit tableaux.
Parmi eux, la "Sainte-Anne", que Louis XII, père défunt de la reine Claude de France, lui a commandé il y a bien longtemps.
Le voyage se révèle périlleux autant pour Vinci que pour ses oeuvres, la "Sainte-Anne" en particulier.
Il arrive malgré tout à Amboise et s'installe, blessé, au château du Clos -Lucé que le roi a fait préparer pour lui.
Réconforté par l'accueil qui lui est réservé, il espère, malgré ses infirmités, pouvoir se remettre au travail, non pas tant peindre, mais créer une ville, Romorantin, comme le lui a demandé le roi. Il veut également terminer ce tableau, si important pour le reine. Mais rien n'est simple !
Parmi eux, la "Sainte-Anne", que Louis XII, père défunt de la reine Claude de France, lui a commandé il y a bien longtemps.
Le voyage se révèle périlleux autant pour Vinci que pour ses oeuvres, la "Sainte-Anne" en particulier.
Il arrive malgré tout à Amboise et s'installe, blessé, au château du Clos -Lucé que le roi a fait préparer pour lui.
Réconforté par l'accueil qui lui est réservé, il espère, malgré ses infirmités, pouvoir se remettre au travail, non pas tant peindre, mais créer une ville, Romorantin, comme le lui a demandé le roi. Il veut également terminer ce tableau, si important pour le reine. Mais rien n'est simple !
Léonard de Vinci-"Sainte-Anne"- Carton de Burlington House-National Gallery-Londres GB |
Léonard de Vinci- Etude de composition pour la "Sainte-Anne" Gallerie d'ell Accademia-Venise-Italie |
Les personnages sont attachants (quel destin que celui de la reine !), les descriptions vivantes, les techniques passionnantes.
Ceux qui ont eu la chance de pouvoir visiter la récente exposition du Louvre autour du tableau restauré, trouveront ici un moyen bien agréable d'y repenser.
Les autres, seront moins frustrés de ne pas y avoir eu accès...
Léonard de Vinci- "Sainte-Anne"-
Musée du Louvre. Paris France
|
J'ai ajouté ces différentes images pour aider à la lecture du livre.
Regardez-bien, comparez, tout, paysages et personnages , de la tête aux pieds....
dimanche 27 mai 2012
PLAISIRS DE SAISON
mercredi 23 mai 2012
VOYAGE D'UN NATURALISTE AUTOUR DU MONDE
Titre original : "The voyage of the Beagle"
Auteur : Charles DARWIN
Traducteur : Edmond Barbier
Editions : La Découverte- poche n° 152- 539 pages
Le 27 décembre 1831, un petit voilier, le "Beagle", quitte le port de Davenport en Angleterre.
A son bord, le Capitaine Fitz-Roy, soixante seize hommes d'équipage et des passagers : trois natifs de la Terre de Feu "qu'on ramène dans leur pays après les avoir exhibés dans les sociétés géographiques britanniques" et des scientifiques, qui ont pour mission "de compléter l'étude des côtes de la Patagonie et de la terre de Feu,..., de relever les plans des côtes du Chili, du Pérou et de quelques îles du Pacifique - et enfin de faire une série d'observations chronométriques autour du monde.".
Parmi eux, un jeune-homme de vingt-deux ans, Charles DARWIN, "El naturalista Don Carlos" comme indiqué sur son passeport argentin, que son père a accepté de laisser partir pour un périple de cinq années, lassé peut-être de lui voir éviter tout établissement sérieux.
C'est ce jeune-homme passionné de géologie, de botanique, d'entomologie, de zoologie et qui ne repartira jamais plus en voyage, qui rendra, définitivement, cette expédition célèbre.
Heureusement marié et installé dans le Kent, malgré une mystérieuse maladie qui le rongera toute sa vie et qui est peut-être l'autre conséquence de cette aventure, il va tirer de cette expérience une oeuvre qui lui assurera la gloire et quelques déboires, au-delà des cercles scientifiques et de son époque : ce récit tout d'abord, des monographies savantes ensuite, et plus de vingt ans plus tard, après avoir confronté ses intuitions de jeunesse à la lecture des textes de Malthus et d'Alfred Wallace, l'ouvrage qui va bouleverser tant de croyances, "De l'Origine des Espèces".
Mais revenons à notre voyage, puisque c'est de cela qu'il s'agit ici :
Les îles du Cap-vert pour commencer, trois années passées à explorer les côtes, et pour lui également l'intérieur de l'Amérique du Sud, quelques mois consacrés aux Galapagos, "Taïti" et la Nouvelle-Zélande, un hiver en Australie, un petit mois dans les "Îles Corail", un printemps à l'île Maurice, quelques semaines à Sainte- Hélène, et enfin le retour en Angleterre le 2 octobre 1836.
A chaque étape le scénario se répète presque à l'identique : à peine débarqué Darwin entreprend des "excursions " dans les terres. Par "excursions" entendez des voyages pouvant atteindre 640 kilomètres, à cheval ou à pied ou en barque selon le contexte. Il observe : d'abord le sol, puis les animaux du plus petit au plus grand, les plantes, les hommes et leurs installations aussi. Il regarde un peu goguenard, les révolutions, contemple effrayé les ravages des tremblements de terre, se scandalise du sort réservé aux mineurs et aux esclaves. Il s'étonne, s'interroge, compare, s'informe, ramasse, élève ou dissèque parfois au retour, classe, réfléchit. Puis il repart.
Quoi de plus intéressant qu'un tel voyage en une telle compagnie ? Comment ne pas être passionné de bout en bout par cette description d'un monde qui n'est plus, par l'observation d'un bel esprit en marche ? Par la découverte d'une science qui se construit ?
Vraiment n'hésitez-pas ! Voilà que s'offre à vous, bien assis dans votre fauteuil, loin de la cohue des aéroports, la possibilité de faire un tour du monde sans clichés.
Juste un livre en mains et la boucle sera bouclée.
Juste un livre en mains et la boucle sera bouclée.
dimanche 20 mai 2012
BELLES RENCONTRES
La semaine qui vient de s'écouler a été riche en belles rencontres :
La première a été un peu provoquée, car nous avons grimpé avec un certain entêtement pour les apercevoir : mal aux mollets certes, mais une douzaine de bouquetins vaut bien quelques sacrifices.
Deux jours plus tard, la surprise a été totale des deux côtés : on s'est arrêtés, on s'est observés et chacun est prudemment reparti de son côté.
Enfin, avant-hier, alors que nous espérions voir des marmottes, ce sont des papillons qui nous ont éblouis :
Le premier au départ du chemin : un bel inconnu d'un vert renversant.
Le second, au retour, un superbe machaon en guise de comité d'accueil, dans l'allée du jardin.
Que demander de plus ?
dimanche 13 mai 2012
UN PAS DE CÔTE : LA TULIPE DE GUILLESTRE
Il y a trois semaines, je mettais ce blog en pause, pour cause de départ imminent.
Je pensais le reprendre dès mon retour, mais les jours ont passé, sans que le goût de lire et d'écrire ne me
reprenne : difficile donc, dans ces conditions, de tenir un blog de lecture !
Que faire alors ? Fermer ?
Me méfiant des solutions radicales, qui m'éloigneraient de plus de vos amicales visites, je préfère suivre l'exemple de Françoise Héritier, entendue récemment, et faire un pas de côté : parler d'autre chose, pour quelques jours peut-être, le temps que l'enthousiasme revienne !
La tulipe de Guillestre donc : c'est une bien belle chose que j'ai eu l'occasion de découvrir mercredi dernier, à moins de vingt minutes de chez moi.
Pour la trouver, il faut suivre Philippe Gillot, botaniste et administrateur de "la Maison de la Nature" à Guillestre, qui durant les quelques courtes semaines que dure la floraison, amène, des petits groupes, découvrir la belle sur le seul territoire où elle pousse encore : un petit jardin sauvage, au flanc d'un vallon, la seule station où cette rareté accepte pour l'instant de survivre.
L'histoire de cette fleur ressemble un peu à un roman :
Tulipa platystigma Jordan, tel est son nom, est une endémique de la Haute-Durance, entendez par là, qu'elle ne vit que dans cette zone géographique. Elle fait partie des quatorze espèces de tulipes sauvages encore connues en France et, à ce titre fait l'objet d'une sévère protection.
Découverte et décrite en 1855 par un naturaliste, Jordan, dont elle porte le nom, elle disparaît presque aussitôt pendant plus d'un siècle.
En 1990, André Foy, curé de Risoul, contacte Philippe Gillot : depuis plusieurs années, au moment des communions, un bouquet de narcisses blancs est déposé sur l'autel de son église et, au coeur de ce bouquet, une tulipe, lilas au coeur bleu, attire tous les regards.
Aussitôt, une véritable enquête est lancée. Qui apporte ce bouquet ? Où cette fleur est-elle cueillie ? Nos limiers amoureux des fleurs se mettent sur la piste, et bientôt le mystère est résolu : une prairie, ils n'en diront pas plus, un carré fleuri chaque mois de mai, le trésor est là, mais si ténu qu'il faut aller plus loin : négocier avec le propriétaire des lieux, ramasser quelques oignons, les mettre en culture à Gap au Conservatoire botanique de Charance, les surveiller pour éviter virose ou hybridation, accepter l' échec, les rapatrier en 1995 à Guillestre, tout un travail de bénédictin pour arriver vingt ans plus tard à trois planches de fleurs et 13150 oignons.
Rien n'est gagné encore, elle peut encore disparaître : c'est ce qu'elle a pratiquement fait sur son site naturel : trop d'eau ? Pas assez ? trop de vaches autour ? Allez savoir !
En attendant, si vous passez par Guillestre, dans les Hautes- Alpes, la semaine prochaine, contactez "la Maison de la Nature" (04 92 45 37 87).
Sinon, il vous faudra attendre l'an prochain, en espérant que tout aille bien.
lundi 23 avril 2012
SPLENDEUR
Ce superbe rosier pour vous accompagner durant les quinze jours de pause que je m'octroie.
A bientôt !
dimanche 22 avril 2012
ROSALBA CARRIERA
Allégorie de la peinture
The National Museum of Art -Washington-USA
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La visite des musées réserve bien des surprises.
C'est ainsi que jeudi, parcourant les salles du musée Granet à Aix en Provence, j'ai été attirée par un minuscule tableau, qui semblait un peu perdu au milieu de ses opulents voisins.
Moins de dix centimètres de côté je pense, un fond d'un beau bleu, quelques coups de pinceau donnant vie à un portrait de jeune-fille. C'était d'ailleurs le titre de l'oeuvre.
Ce qui me surprit tout autant que la petite taille de ce portrait, ce fut de découvrir qu'il avait été peint sur ivoire, et que son auteur était une femme, Rosalba CARRIERA, dont il était dit qu'elle était "une des rares à mener une carrière européenne au XVIIIème siècle".
J'avoue que, jusqu'à ce jour, j'ignorais totalement son nom.
Pour réparer cette ignorance, je vous propose trois portraits réalisés par ses soins, au seul pastel, qui illustrent l'ampleur de son talent.
Musée de l'Hermitage -Saint-Petersbourg- Russie |
- "Portrait de la Comtesse Anna-Katharina Ozelska",
- et ce bel "Autoportrait", daté de 1745, un an avant qu'elle ne devienne aveugle.
Vous trouverez ici en anglais et là en français, plus de détails sur sa vie.
J'espère qu'une rétrospective, comme celle organisée en ce moment autour de l'oeuvre d'Artemisia GENTILESCHI, au Musée Maillol, à Paris, lui sera bientôt consacrée.
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