mercredi 27 juin 2012

ELEANOR ROOSEVELT




Auteure : Claude-Catherine KIEJMAN
Editions : Tallandier 2012 - 252 pages-


Rassurez-vous, je ne suis pas saisie par le syndrome de "La première dame" et j'attends même avec une certaine impatience le jour où l'on pourra élire un homme ou une femme sans connaître le nom et le visage de celui ou celle qui partage sa vie.
Par contre, en parcourant des magazines américains, j'ai été étonnée de constater à quel point  Eleanor Roosevelt était  encore présente, notamment par le biais de citations, dont j'ai souvent admiré la pertinence et le courage.
J'avais donc très envie d'en savoir plus.

Source : Time.co















Entre ces deux photos, toute une vie s'est écoulée.
Une vie commencée dans le plus beau quartier de New-York le 11 octobre 1884 et qui se terminera, soixante-dix-huit ans plus tard, le 7 novembre 1962, dans la même ville.
Entre temps la petite fille craintive qui éprouvait "un très fort désir d'affection et de louange", pour avoir très vite compris que sa mère était rebutée par sa relative disgrâce physique, aura perdu père et mère avant l'âge de dix ans, se sera mariée à vingt-deux ans avec Franklin son beau et brillant cousin, aura donné naissance à six enfants, se sera coulé avec application dans le moule de l'épouse (et de la belle-fille !) soumise, aura aidé son mari, sans faiblir et à l'encontre de ses propres désirs, à gravir les premières marches de son ascension politique.

Puis brutalement,  en 1918, tout changera : une trahison, la disparition de plusieurs de ses proches et Eleanore  de reconnaître :

" Le monde dans lequel je vivais s'écroula. Je fus pour le première fois, en toute honnêteté face à moi-même, avec mon entourage et mon monde. Cette année -là, je suis vraiment devenue adulte."


Devenir adulte, pour Madame Roosevelt ce sera certes rester la partenaire de son mari dans toute les épreuves, dont  en 1921 la terrible attaque de poliomyélite qui transforme cet homme vigoureux en un quasi infirme, comme dans sa montée et son arrivée aux plus hautes fonctions de l'Union, mais ce sera aussi affirmer haut et fort ses propres  convictions en défendant les femmes, les enfants et les plus démunis ou en soutenant la marche des Noirs vers les droits civiques. Ce sera également avoir ses propres amitiés voire probablement ses propres amours, ce sera un perpétuel exercice d'équilibre applaudi le plus souvent, mais aussi contesté - elle est pour Hoover "le plus dangereux ennemi du F.B.I."- sans se laisser troubler.
Enfin devenue veuve ce sera endosser des rôles officiels pour son propre compte, se sera notamment défendre les Droits de l'homme, même devant les inquisiteurs staliniens , en leur rappelant, sur un ton "presque maternel" et extrêmement courtois que:
"Nous traitons,..., des droits des peuples, de l'homme, de son droit à être libre. L'homme, ..., c'est cela qui est prioritaire".


C'est donc à un parcours et une personnalité extrêmement riches et complexes que Claude-Catherine Kiejman s'est attaquée. La multitude des sources et à l'inverse le quasi mutisme  qu' Eleanore Roosevelt a gardé sur tout ce qui touche à sa vie intime, n'ont pas rendu sa tâche aisée .
En refermant son ouvrage, et comme elle l'indique elle-même en conclusion au préambule de son livre,  on se pose toujours la question :

"Qui fut au plus profond d'elle-même Ann Eleanor Roosevelt, née Roosevelt ?"

Pour ma part, j'ai regretté que trop de place soit laissée au contexte, bien sûr intéressant mais qui me semble avoir brouillé les traits et le parcours de celle qui devait être au centre de l'ouvrage.

"Si je peux être utile, je serai ravie d'y aller" déclare-t-elle à son mari qui, en 1942, lui demande, excusez du peu,  de visiter les troupe stationnées en Grande-Bretagne et de resserrer les liens entre les Etats-Unis et l'Angleterre.
Etre utile, elle l'a été, à n'en pas douter !

dimanche 24 juin 2012

OUVREZ LES YEUX !

Aix-en-Provence - France -
Regardez, c'est écrit dessus :
"Le bonheur est dans l'oeil de celui qui regarde."
C'est Gandhi qui l'a dit...

mercredi 20 juin 2012

THE SECRET GARDEN

Edition originale 1911

Auteure : Frances HODGSON BURNETT
- 384 pages -
J'ai lu la version anglaise sur mon Kindle, avec l'immense avantage de pouvoir avoir directement accès à un dictionnaire.
Il existe plusieurs versions papier en français, et en anglais, bien entendu.


Lorsque je sens le besoin de retomber en enfance, ce qui m'arrive assez régulièrement, le plus court chemin que j'ai trouvé, est de prendre un livre "pour la jeunesse", comme on disait autrefois.
Sans le savoir, je ne connaissais rien de ce livre ni de son auteure, j'ai eu la chance de tomber sur "un classique", un véritable "roman d'apprentissage"  qui m'a profondément émue, et dans la foulée, de faire la connaissance de trois femmes étonnantes, chacune dans son domaine. Bonne pioche, non ?

Le livre tout d'abord :
Mary Lennox, petite-fille de dix ans au physique ingrat et au caractère revêche, ignorée par sa trop jolie mère et son père indifférent,  vit en Inde au milieu d'une cour de domestiques qui ont pour consigne d'obéir à tous ces caprices. Elle ne sait à peu près rien faire, même pas s'habiller. 
Ses parents brutalement décédés, elle est rapatriée en Angleterre, chez son oncle Mr Craven,  au manoir de Misselthwaite, au milieu des landes du Yorkshire. Livrée à elle-même - son oncle bossu et dépressif ne souhaite pas la voir- elle va rapidement se transformer en une petite fille active et pleine de santé, aiguillonnée qu'elle est par la présence d'un "jardin secret" dont Martha, sa jeune servante lui a révélé l'existence et de mystérieux cris, qui la réveillent, la nuit venue. 
Guidée par un rouge-gorge puis aidée par Dickon, le jeune frère de Martha, qui va lui révéler les pouvoirs thérapeutiques de la nature , elle va à son tour ouvrir les chemins de la vie à son jeune cousin et à son oncle, qui jusque là restaient enfermés dans le deuil et la terreur de la mort.

Ce qui fait le charme puissant de cet ouvrage c'est certainement la manière dont la renaissance de la nature accompagne celle des héros et le parti pris du contraste, choisi par l'auteure :
- Contraste entre les personnages tout d'abord : ceux qui sont du côté de l'ombre - Mr CravenMary et Colin dans un premier temps - et ceux qui sont du côté de la lumière - Martha, l'adorable Dickon et Mrs Sowerby leur  si bonne mère,  une aristocratie corsetée d'un côté, contre un monde campagnard plein de simplicité de l'autre.
- Contraste entre les lieux ensuite : l'Inde engluée dans la moiteur des tropiques et l'Angleterre battue par les vents, le sombre manoir de Misselthwaite -des portes closes, des tentures étouffantes- et les vastes espaces de la lande, le jardin figé par l'hiver et celui foisonnant de l'été.
- Contraste entre les sentiments enfin, la richesse et la simplicité du bonheur succédant aux noirs couloirs de la dépression.

Clichés, allez-vous penser ! Certainement.
Mais il y a quelque chose de merveilleusement réconfortant à  voir évoquer la vie avec tant de talent, celle qui est à notre porte, la fleur, l'oiseau, mais aussi l'amitié, l'écoute, la bonté et à croire par moments à d'aussi jolies fables.

 Trois femmes étonnantes pour conclure :
- L'auteure, Frances HODGSON BURNETT (1849-1924), dont la vie vous est détaillée ici en français ou là en anglais de manière plus complète.
- Celle qui l'a en partie inspirée pour partie, Mary BAKER EDDY (1821-1910),
- Enfin, la sculptrice Bessie POTTER VONNOH  (1872-1955), qui a choisi les figures de Mary et Dickon, pour rendre hommage à Frances HODGSON BURNETT, au coeur de Central Park, à New-York.





dimanche 17 juin 2012

LES SABOTS DE VENUS

Depuis une quinzaine de jours, toutes nos randonnées n'avaient qu'un seul but : les Sabots de Vénus. Espoir ténu, car les belles sont rares !
Et jeudi, après une nouvelle balade infructueuse,  à moins de trois-cents mètres du parking où nous devions reprendre la voiture, il a suffi de tourner la tête et elles étaient là.




Altières, en haut d'un talus ombragé, superbes, et tout à fait différentes de ce que j'avais imaginé. Quarante centimètres de haut, de belles feuilles souples et nervurées, des fleurs globuleuses et ailées à la fois.




J'ai ressenti la joie et l'émotion des grandes rencontres : la nature était là. 
Nous n'avions plus qu'à nous taire et admirer.

mercredi 13 juin 2012

JANE EYRE ET LA PRISONNIERE DES SARGASSES



Je suis très reconnaissante aux animatrices du challenge "A year of feminist classics", d'avoir inscrit au programme du mois de mai 2012 deux ouvrages : "Jane Eyre" de Charlotte Brontë, et "La prisonnière des Sargasses" ("Wide Sargasso Sea") de Jean Rhys.
Sans elles, je n'aurais probablement relu le premier et lu le second qu'à des mois ou des années de distance et serais passée à côté d'un rare plaisir littéraire.

Deux auteurs donc, deux vies difficiles marquées par les drames et soutenues par l'écriture.

Charlotte BRONTË tout d'abord, née  en 1816 et morte  à l'âge de 39 ans, au bout de quelques mois d'un mariage heureux, après avoir affronté les décès successifs de sa mère quand elle avait cinq ans, de ses  deux soeurs aînées quand elle en avait neuf, de son frère et de ses deux dernières soeurs à quelques mois d'intervalle en 1848 et 1849, un an après la publication de "Jane Eyre", au moment où le succès s'offre à elle masqué, sous le pseudonyme masculin de Currer Bell.



Jean RHYS, ensuite, née à la Dominique en 1890, envoyée chez sa tante en Angleterre à l'âge de dix-sept ans, dont la longue vie - elle meurt à Exeter en 1979 - est marquée par  le déracinement, l'échec sentimental - elle se marie trois fois et divorce deux fois - la mort d'un enfant, l'alcoolisme.
Solitude et désespoir sont au rendez-vous tout au long de son parcours, même si en 1966, la publication de "La prisonnière des Sargasses" lui assure  enfin la reconnaissance en tant qu'écrivain.


Deux livres ensuite écrits à  cent-dix neuf années de distance, qui tous deux nous décrivent le parcours de deux petites-filles bien mal parties dans la vie.



Jane EYRE, orpheline de père et de mère, confiée à un oncle compatissant qui meurt lui aussi très vite, la laissant aux mains d'une tante revêche qui s'empresse de la placer dans l'une de ces horribles pensions anglaises au sein desquelles les fillettes, mal habillées, mal logées, mal chauffées, mal nourries,  sont dressées,  pour devenir, si elles en réchappent, des femmes soumises aux autres, surtout s'ils sont masculins et à la religion. Jane, prise en affection par la directrice, en ressort cependant éduquée et armée pour la vie. Devenue gouvernante au manoir de Thornfield,  elle rencontre bientôt Monsieur Rochester le maître du domaine, homme tourmenté, avec lequel elle va très vite entretenir une relation étrange. Jane Eyre, confortée tout autant par son sens moral que par celui nécessaire de sa propre dignité, devra surmonter bien des épreuves avant de pouvoir construire une vie telle qu'elle la souhaite.



A l'autre bout du monde, a peu près à la même époque, une autre petite fille, Antoinette COSWAY, vit au domaine de Colibri, à la Jamaïque, avec sa mère. Depuis la mort de leur mari ou père, elles sont rejetées par la bonne société et s'enfoncent dans la solitude. Sa mère richement remariée, Antoinette est placée dans une pension jusqu'à l'âge de dix-sept ans, pension qu'elle ne quitte que pour être mariée à un jeune Anglais, auquel elle apporte toute sa fortune. Celui-ci, mal à l'aise dans ce monde qui lui est profondément étranger,  découvre bientôt les dessous de ce mariage, qui s'écroule. Alcoolisme et démence d'un côté, haine et ressentiment de l'autre, le couple rejoindra malgré tout l'Angleterre. Mais pas de vie construite pour Antoinette, seulement une vie détruite et destructrice.

Deux enfants, deux femmes, dont le destin se croisent de la façon la plus cruelle qui soit, par la volonté de Charlotte BRONTË et surtout de Jean RHYS.
Une double réhabilitation en quelque sorte, puisqu'elle se saisit d'un personnage déterminant par son rôle, mais presque caricaturé dans la forme, pour en faire une héroïne malheureuse et magnifique.

Je ne dirait rien sur les qualités littéraires de ces deux livres : tout a été déjà dit je pense et mieux que je ne le ferais.

Ce qui m'a intéressée dans cette double lecture c'est en premier lieu, chronologiquement parlant, le personnage de Jane EYRE, de l'enfant révoltée à la femme qui sait ce qu'elle veut ou ne veut pas, qui semble prête à plier, mais qui, chaque fois est capable de ramasser ses forces pour agir selon ses désirs.
C'est celle qui crie haut et fort "Injustice, injustice !" et ajoute, pour que les choses soient bien claires :

"On suppose les femmes généralement calmes mais les femmes sont comme les hommes; elles ont besoin d'exercer leurs facultés, et, comme à leurs frères, il leur faut un champ pour leurs efforts. De même que les hommes, elles souffrent d'une contrainte trop sévère, d'une immobilité trop absolue. C'est de l'aveuglement à leurs frères plus heureux de déclarer qu'elles doivent se borner à faire des poudings, à tricoter des bas, à jouer du piano et à broder des sacs."


C'est ensuite la découverte progressive du lien entre les deux ouvrages : je me suis interrogée, étonnée, ai douté de mes impressions, puis ai profité sans plus hésiter de ma lecture. La "folle mystérieuse" s'est déconstruite alors  pour devenir une femme reniée par tous, "le cancrelat blanc", celle qu'on nomme du nom de sa mère.

Refermant "La prisonnière des Sargasses", on se prend à rêver d'une vraie rencontre entre Jane EYRE et Antoinette COSWAY.
Nul doute que Jane soit choquée par la sensualité d'Antoinette et que celle-ci regarde avec commisération, la jeune-femme austère sanglée dans ses habits puritains.
Nul doute encore que parcourant la lande avec Jane, Antoinette apprécie les beautés de l'Angleterre. Nul doute non plus que Jane ne se mette à rêver en écoutant Antoinette parler des fleurs de son pays.
Nul doute non plus, que prenant le temps de se connaître, l'une et l'autre compatissent à leurs destins liés.
Peut-être auraient elles mieux compris l'injustice de leur sort, peut-être la force de Jane aurait-elle aidé Antoinette à revivre, peut-être auraient-elles décidé  de s'épauler l'une l'autre plutôt que de répondre aux souhaits de leur frère, "maître" ou mari ?
Tant de possibles.....

mercredi 6 juin 2012

UN PAS DE CÔTE : LE JARDIN DES MEDITERRANNEES





Pour aller de Marseille à Gênes, si l'on choisit de passer par la côte, mieux vaut savoir ce qui vous attend. Le pire et le meilleur.
Le pire : l'urbanisation à tout va, les panneaux publicitaires de toutes tailles, les villages et les routes saturés de voiture. Le meilleur : des paysages à vous couper le souffle, des fleurs de toutes couleurs grimpant à l'assaut des piliers ou débordant des murettes, la mer et, au Rayol-Canadel dans le Var, le Jardin des Méditerrannées.



Le Domaine du Rayol, acheté en 1989 par le Conservatoire du littoral, est une miraculeuse enclave de 20 hectares, qui descend jusqu'à la mer.
Propriété d'hommes d'affaires, qui en on fait leur lieu de séjour plus ou moins temporaire, elle ne comporte que quelques bâtiments noyés dans la verdure : villas, bastidon, ferme, maison de la plage, pergola. Chacun y a apporté sa marque, chacun y a planté selon son humeur, potager, verger, jardin exotique. Puis la nature a repris ses droits.




Consulté  sur la vocation possible de cet espace, le paysagiste Gilles Clément, y a réalisé "un jardin de paysages plutôt qu'un jardin de plantes", qui propose "un brassage planétaire des flores" venues de toutes les régions du monde à climat méditerranéen : Canaries, Californie, Australie, Amérique aride ou subtropicale, Chili, Nouvelle-Zélande, Asie subtropicale, Afrique du Sud...




Voilà comment sont nés ces onze jardins ou plutôt ces onze paysages qui s'imbriquent les uns dans les autres sans que l'on ne perçoive jamais que l'on a franchi une limite, sauf pour le jardin marin.




Pas question ici de forcer les plantes à s'adapter : on étudie au mieux leurs besoins, on les installe dans les lieux qui semblent le mieux pouvoir leur convenir, on observe, on rectifie une fois si nécessaire puis on les laisse vivre.




Pas d'étiquettes non plus, mais des guides si vous le souhaitez, à moins que vous ne préfériez déambuler à votre pas. Le rêveur peut rêver, le botaniste herboriser, l'écologiste méditer, le jardinier observer,  en se promettant d'en faire de même à son échelle.




Chacun, lorsqu'il est proche, se jure de revenir chaque année à chaque saison, car ce jardin est fait pour bouger, "un jardin soumis aux aléas du ciel, à la sécheresse, à la fragilité des hommes : la planète."








Ceux qui ne peuvent malheureusement pas s'y rendre, comme ceux qui ont eu la chance de pouvoir le visiter trouveront dans cet ouvrage une somme d'informations sur l'histoire du domaine, la conception et le mode de gestion du jardin,




Préface : Gilles CLEMENT
Textes : Sonia LESOT
Photographies : Henri GAUD
Éditions : Gaud 2008- 191 pages


dimanche 3 juin 2012

GENOVA, ZENA, GÊNES, GENOA


Gênes-Italie- Une partie de la vieille ville, vue du port
Gênes -Italie- Toits et terrasses



Gênes -Italie-Palazzo Rosso

Gênes -Italie- Au hasard d'une rue
Gênes- Italie- Une des innombrables églises

Gênes -Italie-
Quelle que soit la façon dont on la nomme, en italien, en ligurien, en français ou en anglais, elle reste indubitablement "La Superba"...