Titre original : "The Age of Innocence"-1920-
Auteure : Edith WHARTON
Traduction : pas de mention
Editions : Flammarion-Mille-et- une pages- 2012- 266 pages
Il est bien court le temps de l'innocence ! Deux soirées à l'opéra à deux années d'écart, et il s'est déjà enfui. A moins, qu'il n'ait duré que quelques minutes, celles durant lesquelles, lors de la première soirée, Newland Archer, détournant "les yeux de la scène pour les plonger dans la loge d'en face", contemple avec émotion et orgueil "l'adorable enfant" en toilette blanche, May Welland, sa presque fiancée, avant que n'apparaisse derrière elle sa cousine, la "pauvre Ellen Olanska" vêtue de velours bleu corbeau.
Jusque là, les choses étaient simples et stables : ils appartenaient à la même société patricienne- l'aristocratie américaine protestante-, ils partageaient les mêmes principes au premier rang desquels le respect du "bon ton", que celui-ci s'exprime dans la couleur d'une cravate portée avec un habit ou dans les limites de la solidarité à témoigner à un parent malheureux.
A partir de là, les choses seront moins simples, mais chacun veillera à ce qu'elles restent aussi stables, au risque d'y engloutir sa vie.
Car c'est un monde impitoyable que celui-ci :
La femme "miracle de feu et de glace", doit savoir "attirer les hommages masculins, tout en les décourageant", et l'homme, même éloigné de la médiocrité intellectuelle qui caractérise la plupart de ses congénères, accepter "leur code en fait de morale", car "il serait à la fois incommode et de mauvais goût de faire cavalier seul."
Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas pris un tel plaisir à lire un roman au point de m'éveiller à six heures du matin pour pouvoir en poursuivre la lecture avant d'entamer la journée.
Une composition parfaite, des personnages croqués avec précision et ironie, des descriptions quasi cinématographiques - Martin Scorsese en a d'ailleurs fait un film- un mélange de passion et d'extrême retenue. Jane Austen, je pense ne renierait pas ce texte !
Bonus : ce livre éclaire parfaitement le monde dans lequel Eleanor Roosevelt est née. En le refermant, on admire encore plus l'exceptionnelle originalité de son parcours.
Ce que l'histoire ne peut pas toujours dire, la littérature sait parfois l'exprimer de façon magistrale.
Un beau billet qui appelle la lecture de ce livre, Annie.
RépondreSupprimerN'hésite pas, Alba c'est vraiment un très beau livre .
SupprimerEdith Wharton has been on my To-Be-Read List for a long time. You are always nudging me to stretch my brain!
RépondreSupprimerI think you have to read it ! It's one of the most beautiful book I read !
SupprimerThe language translator on your blog is not working for me. Oh, well. I think I get the gist of your review.
RépondreSupprimerI'm sorry, Suko. But I don't know at all what to do.
SupprimerC'est un roman magnifique, pour moi il vient juste après "chez les heureux du monde"
RépondreSupprimerje suis une inconditionnelle de Wharton, ses nouvelles ou ses courts romans comme Ethan From sont magnifiques
l'adaptation cinéma est particulièrement réussie
J'ai immédiatement commandé "Chez lez heureux du monde" et vais entamer la lecture des nouvelles ! Je n'ai pas vu le film ... et n'ai pas très envie de le voir, pour garder en tête les images que je me suis créées... Peut-être dasns quelques temps ?
SupprimerJe note ce livre d'ores et déjà. Ton commentaire m'a fait penser à celui d'une philosophe que je viens de lire et qui dit que la littérature parfois avec des histoires, une narration, raconte ce que la philosophie dit avec des concepts, et elle ajoute que c'est une spécificité de l'histoire des femmes par les interdictions qu'elles ont dû subir que d'explorer toutes les manières de penser, de décloisonner et de brouiller les genres. Et que c'est là une grande richesse. Du coup on trouve dans la littérature des philosophèmes, des sortes de concepts déployés dans une histoire, une chronologie, une temporalité propre au récit. J'ai trouvé cela très intéressant. Je trouve que tu sais saisir parfaitement bien cette pensée-là c'est pourquoi j'aime beaucoup te lire. Et c'est aussi une des raisons qui font qu'un blog comme le tien est IMPORTANT.
RépondreSupprimerMerci, Anis, mais je crois que tu me fais trop d'honneur ! J'espère que tu trouveras le temps de lire ce livre magnifique et de découvrir cette auteure de premier plan.
SupprimerJe l'ai lu il y a longtemps et j'avais aimé aussi l'adaptation cinéma quelques années plus tard.
RépondreSupprimerPour ma part, j'avais juste lu "Libre et légère" qu'Edith Wharton a écrit à 14 ans (!). Je sais déjà que je vais lire le reste de son oeuvre dans les plus brefs délais...
SupprimerSe réveiller tôt pour replonger dans une lecture: la force et la magie des livres !
RépondreSupprimerOui, sans parler des traces qu'ils laissent ensuite dans notre coeur et notre esprit !
RépondreSupprimerJ'aime les romans d'Edith Wharton, toujours enrichissants sur les profondeurs de la nature humaine... Tiens, il faudrait qu'un été, je la relise un peu.
RépondreSupprimerTrès beau billet sur un livre d'une très grande profondeur et d'une bien belle complexité. Complexité des sentiments humains qui se cache derrière ce portrait de la bourgeoisie américaine. On ne s'attend pas à une telle force, violence des sentiments et au delà de ça de nous même.
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