mardi 29 novembre 2011

LES DRÔLES DE MOTS DU MERCREDI


Aujourd'hui, ce sera visite chez les fourmis, grâce au numéro d'octobre/novembre de 
En plus d'être passionnant, comme toujours, il m'a fait découvrir trois mots nouveaux, sans que j'ai presque à en chercher la définition, puisque leur sens était précisé dans le texte même. 
Du beau travail de vulgarisation !



Une replète :
"Ces nounous d'élite appelées replètes..."
Une replète est une jeune fourmi ouvrière (donc stérile),  spécialisée dans le nourrissage des premières larves de reines et de mâles (sexués).
Gavées à l'automne pour emmagasiner des réserves de graisse et les conserver tout l'hiver dans leurs flancs, elles nourrissent  ces larves "par leurs glandes labiales, par une sorte de bouche-à-bouche".
Ce "régime princier" "accentuera la différence" entre les larves d'ouvrières, plus petites, et celles des reines et des mâles, différence qui est déjà sensible au stade des oeufs, ceux"qui donneront des sexués" étant déjà "plus gros et dotés de réserves" plus importantes.

La trophallaxie :
Pour bien comprendre ce qu'est la trophalloxie il faut au préalable savoir trois choses :
1° Les fourmis ouvrières effectuent un travail très spécialisé. Les plus expérimentées  sont des "fourrageuses", chargées notamment de "pourvoir la colonie en nourriture".
2° Pour ce faire, elles ingèrent le miellat sécrété par les pucerons qu'elles élèvent à proximité de la fourmillère ("61% de l'alimentation des foumis") croquent au passage quelques uns d'entre eux ainsi que des punaises, chenilles, etc ("35% de leur menu") et avalent enfin quelques graines (les 4/5 % restant de leur menu).
3° Cette nourriture est alors répartie entre leurs deux estomacs  : la plus petite part est digérée à leur bénéfice par le premier d'entre-eux, tandis que second, appelé estomac ou jabot social stocke le reste.

Dans ce contexte, la trophallaxie est le mode de transfert de cette nourriture entre l'ouvrière fourrageuse et les larves qu'elle est chargée de nourrir :
"La receveuse tapote la tête de la fourrageuse qui régurgite le miellat et le lui dépose entre les mandibules".


L'hémolymphe :
"L'hémolymphe est ce qui fait office de sang chez la fourmi. Ce fluide vital baigne tous les organes et les muscles et leur transfère les nutriments dont ils ont besoin. Tout cela sans veines ni battements du coeur."
On peut également ajouter que l'hémolymphe contient également les molécules de transport de l'oxygène ainsi que les déchets produits par l'utilisation des nutriments, vitamines et autres molécules.

Sources : 
- "La Salamandre" n°206
- Wikipédia

lundi 28 novembre 2011

RIEN NE S'OPPOSE A LA NUIT





Auteur : DELPHINE  de VIGAN
Editions : JC Lattès-2011- 437 pages

Autant le dire tout de suite, je n'ai pas lu ce livre comme un roman, mais comme le témoignage d'un expérience très cruelle : être confronté à la maladie mentale d'un très proche -ici la maladie bipolaire- avec tout ce que cela signifie pour la personne elle-même et son entourage.
Tel que Delphine de Vigan a voulu (ou pu) l'écrire ce livre m'a bouleversée de bout en bout, parce que tout ce qu'elle écrit est tout simplement vrai.
Vrai tout d'abord la difficulté à aborder le problème, dont témoigne m'a-t-il semblé la (trop?) longue première partie : on remonte bien loin dans l'enfance, on cherche à comprendre et on ne comprend rien, parce que tout cela nous dépasse. De même,  tous les passages  dans lesquels l'auteur explique à quel point sa démarche lui est tout aussi nécessaire que cruelle : on a besoin de parler ou d'écrire pour comprendre, mais c'est à chaque fois comme plonger sa main dans le feu. On a besoin d'être entendu, mais qui peut le faire ?
Vrai le déroulement des événements : les "bizarreries" des débuts, le terrible coup de tonnerre que représente l'épisode de bouffées délirantes, les hospitalisations successives, les périodes ou tout semble redevenir normal - on y croît -, les rechutes,  et cette personne qu'on a connue belle et vive, que l'on retrouve hébétée, abîmée  plus elle-même.
Vrais les décors de l'action : hôpitaux indigents et maisons dévastées.
Vrais aussi les sentiments éprouvés :  l'incompréhension, la peur, l'amour, la haine, la culpabilité, la méfiance, l'espoir et la cruelle lucidité  :

"Aujourd'hui, quand je la lis , il me semble que Lucile n'a rien aimé tant que boire, fumer et s'abîmer."

J'ai beaucoup de respect pour Delphine de Vigan : pour l'enfant qu'elle a été, pour la femme qu'elle semble être devenue, pour l'amour qu'elle a porté à sa mère, pour la délicatesse dont elle fait preuve vis à vis de ses proches et pour être arrivée au bout de cet ouvrage. 
J'espère qu'il l'a libérée, autant que possible. 
J'espère aussi qu'il permettra à chaque lecteur de ne plus confondre "l'aimable" bipolarité dont les magazines nous abreuvent et que chacun évoque pour expliquer ses sautes d'humeur et la "vraie" bipolarité, qui, certes et heureusement, peut être maîtrisée, mais qui engendre aussi tant de douleurs. 
  

dimanche 20 novembre 2011

TROIS FEMMES PUISSANTES....

Niki de Saint-Phalle - Washington -
.... Une autre version !
Quant à moi, je reviens dans une semaine.

vendredi 18 novembre 2011

LA MAISON AUX SEPT PIGNONS 2/2






"Dans une de nos villes de la Nouvelle-Angleterre, le long d'une petite rue, se dresse une maison de bois, toute délabrée, coiffée de sept pignons pointus tournés vers différents points de l'horizon, disposés tout autour d'une énorme cheminée."






" Tant d'aspects divers de l'expérience humaine s'y étaient manifestés -tant de douleur, de bonheur aussi, parfois- que les poutres en étaient saturées comme un coeur humain. La maison n'était plus qu'un immense coeur, vivant de sa vie propre, plein de riches et de sombres souvenirs."






"L'enclos, jadis très vaste, était maintenant confiné dans un tout petit espace par de hautes barrières de bois et les dépendances des maisons de la rue voisine."





"Il y avait aussi quelques plants anciens de fleurs vivaces datant d' il y a bien longtemps qui, s'ils n'étaient guère florissants, montraient qu'ils avaient été dégagés des mauvaises herbes comme si quelqu'un, par amour ou par curiosité, avait souhaité les amener au degré de perfection dont ils étaient capables."

mercredi 16 novembre 2011

LES DRÔLES DE MOTS DU MERCREDI



Grâce au travail des éditions GF-Flammarion, auquel on doit rendre hommage, ma tâche de cette semaine a été bien simplifiée . 
Cette édition de "La maison aux sept pignons" de Nathaniel HAWTHORNE, nous offre en effet,  outre une traduction qui semble couler de source, une introduction, une chronologie, une bibliographie et enfin des notes qui éclairent l'oeuvre dans son ensemble, comme chaque mot difficile en particulier.
Je n'ai donc fait ici que recopier ces définitions. Un merci particulier donc à Anne BATTESTI, qui en est l'auteur.

Un in-folio / Un in-douze :
"Mais cette histoire comprendrait un enchaînement d'événements couvrant presque deux siècles et, à moins de l'abréger par trop cruellement, elle remplirait un in-folio plus épais -ou une série d'in-douze-plus longue qu'il ne serait sage d'ajouter aux annales de toute la Nouvelle-Angleterre pour cette période" 
"Un in-folio est un livre où les feuilles ont été pliées une fois, de façon à faire deux pages chacune ;
Dans un in-douze chaque feuille donne douze pages et l'ouvrage est alors de taille plus réduite."

Source : bibleetnombre.online.fr
Tophet :
"Autre article encore plus moderne : un paquet d'allumettes phosphorées, qui auraient autrefois fait penser qu'elles empruntaient leur flamme instantanée aux feux souterrains de Tophet."
""Tophet" symbolise l'enfer, du nom d'un site ancien près de Jérusalem où l'on offrait des enfants en sacrifice au dieu Moloch."

Source : our family website
un anneau galvanique :
"Il était aussi puissant qu'un anneau galvanique , et doué peut-être des mêmes propriétés".
"Anneau composé de différents métaux juxtaposés, supposé créer un champ électrique bénéfique à celui qui le portait : il existait, suivant le même principe , des ceintures galvaniques"
L'adjectif galvanique vient du nom de Luigi Galvani (1737-1798), scientifique bolognais, qui avait élaboré un procédé permettant d'obtenir un courant électrique par réaction chimique.

LA MAISON AUX SEPT PIGNONS 1/2


Titre original : "The House of the Seven Gables"
Auteur : Nathaniel HAWTHORNE
Traduction : Claude IMBERT revue par Marie ELVEN
Introduction, notes, chronologie et bibliographie : Anne BATTESTI
Editions : GF- Flammarion- N°185- 1994
Format : Poche 334 pages

Jusqu'à très récemment, je ne connaissais d'Hawthorne que son portrait le plus célèbre,

Portrait par Charles OSGOOD -1840
Peabody Essex Museum - Salem MA- USA
ainsi que  cette phrase, plus que flatteuse, prononcée par une passante en le croisant :
"Etes-vous un homme ou bien un ange ?"

Mais après avoir découvert Concord, puis Salem où l'on peut visiter la demeure de sa cousine -cadre de son roman-, ainsi que sa maison natale, beaucoup plus modeste, rebâtie à côté,  je n'avais plus qu'une envie  : découvrir son oeuvre.

Nathaniel HAWTHORNE a quarante-sept ans lorsqu'il publie, en 1851 "La maison aux sept pignons".

 Depuis 26 ans, il a ajouté à  son nom -Hathorne- ce W qui lui permet d'échapper à la honte d'être le descendant de John Hathorne, un des juges des procès en sorcellerie de Salem, en 1692.

 Depuis  douze ans il a quitté la maison de sa mère dans laquelle, jeune-homme, il s'est cloîtré de très longues années, vivant dans une solitude quasi totale, ne sortant que la nuit, victime d'une profonde dépression : 
"Je m'assis au bord du chemin de la vie, comme victime d'un enchantement, et autour de moi surgirent des buissons, qui devinrent des arbres, puis une épaisse forêt, jusqu'à fermer toute issue tant étaient inextricables les profondeurs de mon obscurité".

Depuis neuf ans il est l'heureux époux de Sophia PEABODY, qui lui a permis "de rompre un charme fatal au profit d'un autre enchantement".

Depuis un an enfin, il a quitté Salem, "ce pays des nuées" et après la publication de "La lettre écarlate", connaît le succès littéraire qu'il a tant attendu.    

Et pourtant, en écrivant "La maison aux sept pignons" c'est à Salem et à sa sombre histoire "familiale et locale", qu'il revient.  Il le fait en quelque sorte en cachette, baptisant son roman "romance" un "récit qui n'aurait pas à soutenir l'épreuve des réalités du moment".

Dans la maison aux sept pignons, aujourd'hui bien délabrée, vit Hepzibah Pyncheon, une des rares descendantes de la lignée Pyncheon. Son ancêtre a donné à la maison toute son ampleur actuelle, après s'être approprié le terrain, dont il a fait condamner le légitime propriétaire. Celui-ci en mourant l'a maudit, ainsi que sa descendance, lui promettant que "Dieu lui ferait boire du sang"
Rien ne va plus pour elle : ruinée, elle doit ouvrir une boutique pour survivre, elle l'aristocrate. Sa vie va être heureusement bouleversée par l'arrivée inattendue de sa jeune cousine Phoebe et le retour d'un mystérieux et très aimé visiteur. Tout pourrait être parfait, si son autre cousin, le riche juge Pyncheon, digne descendant de l'ancêtre maudit, ne se manifestait à nouveau.

Autant le dire, peu portée que je suis sur la littérature fantastique, je craignais un peu cette lecture !
En fait je l'ai aimée de bout en bout : un très beau style, des descriptions précises et sensibles, des portraits vivants où la tendresse affleure souvent, de l'humour autant que de la colère, de courtes échappées historiques qui éclairent la construction de ce Nouveau Monde- l'Amérique d'après la révolution-, une analyse ironique du fonctionnement de la société, des commentaires pleins de sagesse  : voilà tout ce que l'on trouve dans cette "romance", bien proche du passé  et du présent de son auteur.
J'ai rarement été prise sous le charme d'un livre de cette façon.  Je l'ai lu avec voracité, souriant à une fin bien sûr convenue, mais qui  témoigne aussi  du long chemin d'Hawthorne vers la vie et le bonheur.  

"Prenez-le pendant qu'il est à portée de la main ! Ne murmurez pas, ne discutez pas, profitez-en !"

dimanche 13 novembre 2011

EN CES MOMENTS DE CRISE....

Barry FLANAGAN
-Thinker on a rock-1997
Washington-D.C.-

... un peu de réflexion (et d'humour) ne nuisent pas !

samedi 12 novembre 2011

MON PETIT DOIGT M'A DIT



Titre original : "By the pricking of my thumb"


Auteur : Agatha CHRISTIE 
Traductrice : Janine LEVY
Editions : du Masque - L'intégrale -1- Les Beresford- 2007
202 pages

J'ai lu ce livre juste avant de partir.... Il y a donc quelques semaines, mais j'ai tout de même choisi de vous en parler parce qu'il est charmant et plein de vérité. 
Nous avions quitté Tommy et Tuppence, à la fin de "N or M?" en 1941. Nous les retrouvons aujourd'hui, en 1968, à la demande des lecteurs qui s'inquiétaient régulièrement de leur devenir auprès d'Agatha CHRISTIE. 
Contrairement à Hercule Poirot, ou à Miss Marple, dont l'âge ne semble que peu changer  entre leurs premières aventures  et leurs dernières enquêtes, les Beresford ont vieilli, c'est tout au moins ce que dit leur état-civil. 
A présent grands-parents, Tommy est un alerte septuagénaire et Tuppence porte avec une ardeur presque inchangée ses 66 printemps.
Mais que font-ils ? Pas mal de choses semble-t-il, dont, tâche fréquente et particulièrement redoutée  à cet âge, rendre visite, dans sa maison de retraite à  une vieille parente, en l'occurrence la tante de Tommy.
Le décès inattendu de celle-ci, les paroles troublantes d'une vieille dame, à propos "d'une pauvre enfant" et  d'une chose cachée dans une cheminée, son brutal départ de la résidence,  un tableau qui charme et qui trouble à la fois Tuppence... et voici celle-ci qui se lance dans une double recherche, au départ anodine mais qui se révélera vite périlleuse, voire plus !
Nous sommes bien chez Dame Agatha  et rien ne différencie vraiment ce livre de ses autres ouvrages.
Cependant deux choses m'ont particulièrement plu :
- En premier, lieu, comme toujours, la description d'une Angleterre rurale, avec ses jolis villages, ses pasteurs vieillissants  et ses inénarrables commères :  Mrs Blight et Mrs Coppleigh  en sont ici  deux remarquables échantillons.
- En second lieu que les héros vieillissent.... et qu'ils ne s'en rendent pas tout à fait compte : n'est-ce pas le sentiment de chacun ? Jusqu'au jour, où quelqu'un vous le rappelle, en général brutalement : ici  c'est Déborah, la fille des Beresford, inquiète, à juste titre de la disparition de sa mère :
"C'est différent maintenant ! Elle est vieille !" 
A bon entendeur...


mercredi 9 novembre 2011

LES DRÔLES DE MOTS DU MERCREDI


Beaucoup de mots inconnus dans le livre de David Grossman, "Une femme fuyant l'annonce", dont j'ai parlé hier. Et surtout des mots dont il m'a été difficile de trouver la signification précise, soit parce qu'ils se rapportent à la tradition hébraïque ( le Sambatyon), soit parce qu'ils désignent, un vêtement ( un sharwal - je suppose un genre de sarrouel-) ou une pièce de vaisselle (un finjan -je pense ici un pot à café), dont les définitions varient et les représentations sont parfois contradictoires ! Mais heureusement cela ne freine en rien la lecture.
Deux certitudes cependant :

Un moshav (pl : des moshavin) :

"Beaucoup plus tard ils parvinrent à un petit moshav, dissimulé derrière une colline, au milieu des bosquets."

En Israël, un moshav est une communauté agricole coopérative, composée de plusieurs fermes individuelles.
Contrairement au Kiboutz, le moshav n'est pas collectiviste, mais fondé sur une organisation familiale classique.
 L'Etat met les terres à disposition, chacun les exploite tout en profitant de la coopération multiforme mise en place : matériel agricole, commercialisation, accès au crédit, mais aussi services sociaux, ou activités culturelles et religieuses.
Au départ fondés par des membres de partis socialistes sionistes, les moshavin se sont également développés tout au long du XXème siècle,  sous la houlette de mouvements sionistes religieux.
Dans les années 1970 -1980, certaines colonies israéliennes implantées dans les territoires occupés, l'ont été sous forme de moshavin.

Hiérosolymite :

"Le nez en l'air, les yeux écarquillés à travers des lunettes miroitantes, le tankiste hiérosolymite, qui avait accompagné Ilan dans la place forte, buvait du café au milieu de la cour."

Il semblerait que cela signifie tout simplement (!) : de Jérusalem.

On peut également dire "hiérosoltmitain/e".

Je ne doute pas  de l'intérêt que  les amateurs de scrabble ou de mots croisés porteront à ces adjectifs !

Sources :
- Wikipedia
- mediadico

mardi 8 novembre 2011

UNE FEMME FUYANT L'ANNONCE




David GROSSMAN
Traduit de l'hébreu par Sylvie COHEN
Editions du Seuil -2011- 667 pages

In  English : "To the end of the land"


J'aurais aimé  afficher la couverture de ce livre sans le bandeau agressif qui la barre  à présent.
J'ai terminé ce livre il y a une dizaine de jours, et si je l'ai lu ce n'est pas pour ses (indéniables) qualités  littéraires, mais parce que son sujet  me touchait.
Beaucoup d'entre nous, je pense, saisis par un sentiment de toute puissance réveillé par la peur, ont fait un jour cette expérience : penser que par notre présence, nos paroles, nos actions nous allions empêcher que quelque chose de terrible n'advienne.
Cela a été mon cas, il y a quelques années, lorsque ma mère a dû  à nouveau faire face à la maladie. Tant que je lui parlais, tant que j'étais avec elle à l'hôpital, tant que je faisais  quelque chose pour elle, j'avais le sentiment de barrer le passage à la mort.
David GROSMAN, explique avoir commencé ce livre dans l'espoir de protéger son fils, qui effectuait son service militaire en Israël,  choisissant de raconter l'histoire d'une femme, Ora, qui préfère quitter son domicile pour ne pas recevoir, comme elle le craint,  l'avis de décès de son fils Ofer, "parti pour une opération d'envergure de vingt-huit jours" dans une ville palestinienne. Entraînant dans son aventure, Avram, un ami/amant, elle va lui parler sans s'arrêter de l'enfant qu'Ofer a été, du jeune-homme qu'il est devenu, déroulant au passage l'histoire du couple qu'elle a formé avec Ilan, de leur premier fils Adam et des liens complexes qui les relient tous.

J'ai beaucoup aimé ce livre qui m'a émue de bout en bout. J'ai aimé cette femme si profondément maternelle, excès compris, cet homme incapable de devenir père, ces enfants tendres, transformés par la guerre.
J'ai été saisie par cette description en creux de la guerre : ce qu'elle signifie dans la vie de chacun, et des peuples, son inéluctabilité, et son absurdité.

Mémorial des soldats du Vietnam_Washington-
Cette "critique" est bien peu "littéraire", mais je ne doute pas qu'un auteur qui sait si bien parler à la fois en tant qu'homme et que femme, soit un grand écrivain.
Je plains particulièrement, par ailleurs tous ceux, qui persuadés que la paix est le seule issue, voient chaque jour leurs enfants partir à la guerre et en revenir, quand c'est le cas, à jamais différents.

vendredi 4 novembre 2011

WALDEN OU LA VIE DANS LES BOIS



 HENRY DAVID THOREAU
Traducteur : L. Fabulet
Editions : L'imaginaire - Gallimard. 1922- 332 pages
Titre original : "Walden"


S'il est une lecture que je ne regretterai pas, c'est bien celle-ci !
Jamais, je crois, une aventure semblable ne m'était arrivée : avoir entre les mains un livre, rendu par moment illisible par une traduction vieillotte (1922) et selon les anglicistes, riche en contresens et être  impatiente, chaque soir de le reprendre, pour le bonheur de lire les propos d'un homme heureux, qui pose sur le monde un regard aigü, savant, poétique et tendre.



En 1845, âgé de  28 ans, souhaitant vivre au calme pour écrire, Thoreau décide de s'installer dans les bois, à 2,5 km de sa ville natale, Concord.
Son ami Emerson met à sa disposition un terrain au bord de l'étang de Walden. 
Thoreau y construit une cabane,  défriche de quoi planter du maïs et des fèves, pêche, ouvre grand les yeux sur tout ce qui l'entoure et écrit. 
Bref, il met en pratique ses propres conseils :

"Vivez la vie que vous avez imaginée".

Il y restera  deux ans et deux mois, entrecoupés de ses passages réguliers à Concord - il ne s'agit en rien de se "réfugier" dans les bois - de courtes excursions dans le Maine et d'un séjour d'une nuit en prison... pour avoir refusé de payer des impôts qui serviraient à mener une guerre.
"Walden" est donc le récit de la vie que Thoreau a mené durant ces deux années, ou plutôt la première d'entre elle, puisque la "la seconde lui fut semblable". 
Par "la vie", entendez, "tout ce qui fait la vie", le matériel comme le spirituel, l'amitié et le bonheur d'être à soi, les sympathies et les antipathies, les réflexions sur le monde tel qu'il se construit et celui qu'on voudrait construire.
Thoreau quitte définitivement sa cabane, et son étang le 6 septembre 1847.

En commençant ce compte-rendu, j'avais le projet d'y faire figurer quelques citations. Je me suis vite aperçue que cela reviendrait à écrire, sinon autant de pages que le livre, du moins un bon nombre d'entre-elles.
Si vous aimez la nature, si votre curiosité vous porte à chercher à comprendre, si vous ressentez le besoin de changer votre vie, si les injustices vous indignent, si le végétarisme vous tente, si vous avez envie de mettre vos actes en harmonie avec vos pensées, alors n'hésitez-pas !
Vous trouverez tout cela dans ce livre.
Pour terminer cette maxime, que ne renieraient en rien les tenants actuels de "La sobriété heureuse" :


 "De la simplicité ! de la simplicité ! de la simplicité!" 




Alors que j'avais bien entamé ma lecture dans l'édition citée plus haut et que je pestai chaque jour sur le galimatias dans lequel il fallait parfois se débatte, j'ai appris avec bonheur, que "Walden" venait de faire l'objet d'une nouvelle traduction. Choisissez celle-là !



Préface  : Jim HARRISON
Traducteur : Brice MATTHIEUSSENT
Edition : Attitude -le mot et le reste- 2010-

mercredi 2 novembre 2011

LES DRÔLES DE MOTS DU MERCREDI


Voyager et lire ne vont pas bien ensemble  ! Après une journée de route, de randonnée ou pire, de visite de musées, mes capacités de lecture se sont révélées extrémement réduites !
En presque trois semaines, je n'ai terminé  que "Walden".
Donc aujourd'hui, nature au programme !

Un myrica (engl. Wax-myrtle) :
"Voilà trois heures que je n'ai entendu même une sauterelle sur les myricas."
Le myrica, également appelé "Piment Royal" ou "Bois sent bon", est un arbuste buissonnant, qui, adulte peut atteindre 1 à 2 mètres de hauteur et 1 mètre de circonférence.
Ses feuilles simples, "insérées en spirale le long des rameaux", "dégagent une senteur agréablement résineuse" qui éloigne les insectes.
En Europe du Nord "le piment royal entrait dans la composition d'un mélange -le gruit- servant à parfumer la bière", qui fut abandonné avec "la généralisation de l'usage du  houblon."
C'est un arbuste spécifique des sols "acides et mouilleux" et notamment des tourbières.
Sa présence au bord de l'étang de Walden n'a donc rien d'étrange !

Photo : bestplants.org
 Un whip-pour-will :
Drôle de mot français allez-vous me dire !
En voici l'explication, donnée par Buffon lui-même dans son "Histoire naturelle"

"Je conserve le nom que les Virginiens ont donné à cette espèce, parce qu’ils le lui ont donné 
d’après son cri, et que par cela seul il doit être adopté dans toutes les langues.
Ces oiseaux arrivent en Virginie vers le milieu d’avril,...., c’est-là qu’on les entend chanter ou 
plutôt crier pendant la nuit d’une voix si aiguë et si perçante, tellement répétée et multipliée par 
les échos des montagnes, qu’il est difficile de dormir dans les environs. Ils commencent peu de 
minutes après le coucher du soleil, et continuent jusqu’au point du jour." 

Source : dictionnaire Larousse.
C'est en fait un oiseau de la famille des engoulevents, qui, outre son cri, a pour caractéristique de construire son nid au sol.




Sources :
- Wikipedia