Auteur : DELPHINE de VIGAN
Editions : JC Lattès-2011- 437 pages
Autant le dire tout de suite, je n'ai pas lu ce livre comme un roman, mais comme le témoignage d'un expérience très cruelle : être confronté à la maladie mentale d'un très proche -ici la maladie bipolaire- avec tout ce que cela signifie pour la personne elle-même et son entourage.
Tel que Delphine de Vigan a voulu (ou pu) l'écrire ce livre m'a bouleversée de bout en bout, parce que tout ce qu'elle écrit est tout simplement vrai.
Vrai tout d'abord la difficulté à aborder le problème, dont témoigne m'a-t-il semblé la (trop?) longue première partie : on remonte bien loin dans l'enfance, on cherche à comprendre et on ne comprend rien, parce que tout cela nous dépasse. De même, tous les passages dans lesquels l'auteur explique à quel point sa démarche lui est tout aussi nécessaire que cruelle : on a besoin de parler ou d'écrire pour comprendre, mais c'est à chaque fois comme plonger sa main dans le feu. On a besoin d'être entendu, mais qui peut le faire ?
Vrai le déroulement des événements : les "bizarreries" des débuts, le terrible coup de tonnerre que représente l'épisode de bouffées délirantes, les hospitalisations successives, les périodes ou tout semble redevenir normal - on y croît -, les rechutes, et cette personne qu'on a connue belle et vive, que l'on retrouve hébétée, abîmée plus elle-même.
Vrais les décors de l'action : hôpitaux indigents et maisons dévastées.
Vrais aussi les sentiments éprouvés : l'incompréhension, la peur, l'amour, la haine, la culpabilité, la méfiance, l'espoir et la cruelle lucidité :
"Aujourd'hui, quand je la lis , il me semble que Lucile n'a rien aimé tant que boire, fumer et s'abîmer."
J'ai beaucoup de respect pour Delphine de Vigan : pour l'enfant qu'elle a été, pour la femme qu'elle semble être devenue, pour l'amour qu'elle a porté à sa mère, pour la délicatesse dont elle fait preuve vis à vis de ses proches et pour être arrivée au bout de cet ouvrage.
J'espère qu'il l'a libérée, autant que possible.
J'espère aussi qu'il permettra à chaque lecteur de ne plus confondre "l'aimable" bipolarité dont les magazines nous abreuvent et que chacun évoque pour expliquer ses sautes d'humeur et la "vraie" bipolarité, qui, certes et heureusement, peut être maîtrisée, mais qui engendre aussi tant de douleurs.
Un des romans remarqués à cette rentrée
RépondreSupprimerle sujet ne me tente pas outre mesure j'ai trop travaillé dans ce milieu pour avoir envie de m'y replonger mais c'est bien que la littérature s'y penche
Il attend sagement dans ma pile. Mais je suis en train de lire la suite de "Karitas sans titre" que j'avais adoré. J'avais bien aimé le livre "La femme de l'Allemand" de Marie Sizun (?) (J'ai un doute sur le nom( qui parle aussi de la folie de la mère.
RépondreSupprimerJe le lirai sans doute un jour, sans urgence, je n'ai pas envie d'auto fiction pour le moment.
RépondreSupprimerExcellent review! And I agree, we over diagnose mood maladies.
RépondreSupprimerThat sounds like a very emotional read. Our society has not progressed far enough in the treatment of mental illness and it's something we really need to work on it since it really impacts so many people.
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