samedi 26 février 2011

BEAUCOUP DE LETTRES, PAS UN MOT

A moitié fait !


Merci Chantal, sans toi je ne me serais pas lancée dans ce travail au long cours !

vendredi 25 février 2011

L'ASSERVISSEMENT DES FEMMES



"The Subjection of Women"
Auteur : John STUART MILL
Traductrice : Marie-Françoise CACHIN
Genre : Essai
Edition : Petite Bibliothèque Payot - 2ème édition 2005 -
Format : poche 215 pages avec préface  et posface

 Voilà un court ouvrage, publié en 1869, que j'ai trouvé éblouissant tant j'ai pris d'intérêt intellectuel, historique et humain à sa lecture. Avec en prime le sentiment d'avoir rencontré un homme bien et une femme remarquable , Harriet Taylor Stuart, son épouse, décédée onze ans auparavant.
Son essai, "The Enfranchisement of Women", paru en 1851, est la base même du présent texte.

Pourtant rien n'est fait au départ pour éblouir : un titre dur et quatre chapitres d'une écriture sobre.
Le premier pour décrire la situation des femmes tout au long de l'histoire. Le deuxième pour analyser  celle-ci dans le mariage. Le troisième  pour défendre plus spécifiquement le droit des femmes à une vie professionnelle. Enfin le dernier pour dresser la liste des avantages que la société , les hommes et bien entendu les femmes trouveraient à la mise en oeuvre de ce qui est l'objectif même de cette essai :  
La revendication d'un principe d' égalité totale 
"qui refuse tout pouvoir ou tout privilège pour l'un des deux sexes, toute incapacité pour l'autre."

Ce que j'ai particulièrement aimé :
- Son désir de faire prendre conscience à une société qui voulait l'ignorer, de l'injustice scandaleuse de la situation des femmes, privées de tout droit, notamment dans le mariage :
"Le mariage est le seul véritable esclavage reconnu par notre loi. Légalement il ne reste plus d'esclave sinon la maîtresse de chaque maison. "
 N'oublions pas qu'à cette époque, une femme qui se mariait jurait obéissance  à son mari,  que ses biens, mêmes hérités, devenaient ceux de son mari sans aucune réciprocité, et que, si elle quittait celui-ci, ses enfants étaient confiés automatiquement à leur père, sans possibilité pour elle de les revoir, sinon exceptionnellement.

- La finesse de ses analyses, concernant le comportement des femmes. Comportement qui est souvent retourné pour être utilisé contre elles  :
" Etant donné, premièrement l'attraction entre les sexes, deuxièmement l'entière sujétion des femmes au mari,..., et étant donné enfin l'impossibilité où se trouve la femme de rechercher ou d'obtenir la considération, principal objet du désir humain, ni aucun autre objet de l'ambition humaine, ce serait un miracle si le désir de plaire aux hommes n'était pas devenu l'étoile polaire de l'éducation et de la formation de la personnalité féminine..... Les hommes furent amenés par leur instinct égoïste à s'en prévaloir au plus haut degré pour les maintenir en servitude, en leur représentant la douceur, la soumission et l'abandon de toute volonté individuelle dans les mains de l'homme comme l'essence même de la  séduction (et on a avis d'ajouter- de la nature-) féminine"

- Le talent avec lequel il met en lumière les contradictions, qui de toute évidence ne troublaient pas grand monde.
"Rien n'étonne plus les habitants des contrées lointaines, quand ils entendent parler pour la première fois de l'Angleterre que d'apprendre qu'elle est gouvernée par une reine.... Aux anglais ceci ne semble pas du tout contre nature, parce qu'ils y sont habitués mais ils considèrent contre nature que les femmes soient soldats ou membres du parlement."


- La clarté avec laquelle il affirme ses opinions :
"L'état normal de la société c'est l'égalité."
"...cette égalité implique pour celle-ci l'autorisation d'exercer toutes les fonction et tous les métiers réservés jusqu'ici au sexe fort"
".....faisons prendre conscience à la Femme qu'elle est un être humain comme un autre, qu'elle a le droit de choisir ses activités comme tout être humain en fonction de ce qui l'intéresse, qu'elle a le droit d'exercer sur toutes les affaires humaines la part d'influence qui appartient à toute opinion individuelle, qu'elle essaie d'y participer vraiment ou non".


Enfin l'hommage constant qu'il rend  à Harriet Taylor-Stuart, lorsqu'il est notamment amené à évoquer ce que pourrait être une bonne relation homme-femme.

Ce que j'ai moins aimé : Rien
Il me semble que les critiques parfois avancées sur tel ou tel avis de John Stuart Mill, ne pèsent pas bien lourd, face à la justesse profonde de son analyse et au courage engagé pour la promouvoir.... et nous sommes en 1869 !
Quant au fait que l'histoire ait démontré que l'acquisition des droits n'a malheureusement pas entraîné une égalité de fait, peut-on lui en faire reproche ?

En  1851, à la veille d'épouser Harriet Taylor, après 22 ans d'attente, John Stuart Mill avait écrit à propos des droits que le mariage allait lui conférer :
"Je promets solennellement de m'en servir en aucun cas ni en aucune circonstance et,...., je déclare que c'est  ma volonté, mon intention et la condition de notre engagement qu'elle garde à tous égards la même liberté absolue d'agir et de disposer d'elle-même et de tout ce qui lui appartient ou peu lui appartenir un jour, comme s'il n'y avait pas eu de mariage. De plus, je désavoue et je rejette toute prétention à quelques droits que ce soient que j'aurais acquis en vertu d'un tel mariage"


Un homme bien, vous dis-je !

J'ai lu cet ouvrage dans le cadre du challenge "A year of feminist classics".

mercredi 23 février 2011

LES DRÔLES DE MOT DU MERCREDI



Tous les deux mois, j'ai le plaisir de recevoir la revue "La Salamandre". C'est toujours l'occasion de belles découvertes sur la nature ! J'aime particulièrement ce magazine, qui sait mêler textes scientifiques, photos et très belles illustrations : dessins, aquarelles ....
Dans le numéro de décembre 2010/janvier 2011, dans un article sur l'épicéa et ses visiteurs en hiver, deux mots ont attiré mon attention :


Dessin Laurent Willeneger

Erratique :
"Erratique, l'espèce peut effectuer des déplacements importants l'hiver"
De façon générale cet adjectif, qui a la même origine que le verbe "errer" signifie "qui n'est pas fixe"
En zoologie - et c'est le cas ici puisque l'on parle d'un bec-croisé (Crossbill ),  on qualifie ainsi les espèces non-territoriales, qui, hors des périodes de reproduction, vagabondent en fonction des conditions climatiques et alimentaires sans se fixer.







Un sapelot :
"Sapelots émergeant quelques jours après une chute de neige"
La définition a été difficile à trouver !
Il s'agit pourtant simplement d'un petit sapin. Ce mot semble propre au Jura Suisse. On le retrouve dans des dictons comme :
"Par les roches les sapelots,  par les vallées les sapins"

Autrefois, à la St-Jean, dans la vallée des Ponts et de la Brévine, se pratiquait également "La course du sapelot" : c'était une promenade collective à cheval, durant laquelle chaque bête portait sur la tête un petit sapin décoré.... et au bout de la queue une pivoine !

dimanche 20 février 2011

samedi 19 février 2011

LES HAUTS DE HURLE-VENT





Titre original : Wurthering Heights (1847)
Auteur : Emily Brontë (dite Ellis Bell lors de la première édition)
Traducteur : Frédéric Delebecque
Genre : roman
Edition : éditions de Fallois 1995


Poursuivant la lecture des classiques que j'avais jusqu'ici ignorés, par crainte, le plus souvent, d'une expérience déprimante, je me suis attaquée cette fois aux "Hauts de Hurlevent" d'Emily Brontë...
Je peux tout de suite dire que mon pressentiment était assez juste, mais s'arrêter là serait bien réducteur !

 Lorsque paraissent en 1847 "Les Hauts de Hurlevent", son unique roman, Emily Brontë a 29 ans et il ne lui reste  plus qu'une seule année à vivre.
Fille de pasteur, elle a passé le plus clair de sa vie au presbytère de Haworth (Yorkshire). Elle  y a été élevée par ce père, "très cultivé et asocial" et une tante, en compagnie de ses deux soeurs Charlotte et Anne et  de leur jeune frère Branwell.
 Dans un cadre sauvage, à proximité immédiate d'un cimetière, les enfants, très doués et marqués par la mort de leur mère et de leurs deux soeurs aînées sont laissés très libres. Nourris de lecture et solitaires ils laissent leur imagination s'exprimer dans des poèmes.
A la mort de sa tante, Emily, connue notamment pour sa sauvagerie et son courage physique, devient femme de charge du presbytère. Elle partage alors sa vie entre le soin du ménage, l'écriture et des promenades dans les landes environnantes mais doit aussi faire face aux crises de "folie" de son frère miné par l'alcoolisme.

C'est tout ce monde, transfiguré par la construction rigoureuse du roman et une écriture réaliste et lyrique à la fois,  que l'on retrouve dans "Les Hauts de Hurlevent".
Durant trente-cinq années, dans un périmètre strictement circonscrit à deux maisons, un village et une butte, nous allons suivre l'existence, le plus souvent cruelle, d'une douzaine de personnages.
Comme aimantés par le sombre Heathcliff, enfant accueilli, adulé puis rejeté, homme fou de passion et qui se sent trahi, qui passe sa vie à construire implacablement sa vengeance, ils se mêlent, dans la confusion de leurs noms si semblables, témoins, victimes ou bourreaux, quand, pour certains, ils ne sont pas tout cela à la fois.
Pas question d'échapper ici à son destin. Heathcliff sait jouer de sa force et de son intelligence démoniaque. Catherine Earnshaw, celle qui a ouvert et définitivement fermé son coeur, n'est pas en reste de violence et de passion, mais ne pouvant  les assumer s'enfoncera dans la folie. Catherine Liton, sa fille, et bien d'autres avec elles, seront brisés, avant de pouvoir, pour certains renaître.
Ce que j'ai particulièrement aimé :
- La façon dont l'histoire est racontée par une succession de témoins qui parlent ou écrivent.
- La justesse des personnages féminins, qui malheureusement ne savent que rarement résister, lorsqu'on fait appel à leur capacité à rendre les autres heureux.
Ce que j'ai moins aimé :
- Les cercueils ouverts au clair de lune, en somme les excès.... trop excessifs !



Litterama

mercredi 16 février 2011

LES DRÔLES DE MOT DU MERCREDI



Cette semaine un seul mot mais parfumé !


La casse  :
"Procure-toi des parfums de première qualité : cinq kilos de myrrhe liquide, deux kilos et demi de cinnamone odorant, deux kilos et demi de cannelle odorante, et cinq kilos de casse... ainsi que six litres d'huile d'olive."
C'est Dieu qui s'adresse ainsi à Moïse, dans le livre de l'Exode 22-23. Ce faisant, il lui communique la "recette" de l'huile d'onction  qui devra être versée sur "la tente de la rencontre, le coffret du document de l'Alliance, la table et les porte-lampes... l'autel du parfum, l'autel des sacrifices... et le bassin avec son support", mais également "sur Aaron et ses fils" pour les consacrer.

La casse est le "fruit" du cassier (needle-bush), celui-ci étant un acacia haut de 8 à 10 mètres, à fleurs jaunes ressemblant à celles du mimosa, dont les branches retombantes et tortueuses portent de longues épines droites et longues.
L'écorce, les fleurs, les gousses et leurs fruits (casse), peuvent être utilisés pour fabriquer des produits odorants.

On peut être étonné par l'emploi des mots "kilo et "litre". Mais "La Bible en un an" que j'utilise est rédigée en français courant. Dans celle des éditions Bayard,  " kilo" est remplacé par "silve" et "litre" par "hîn". 
De même  la formule "de myrrhe fluide" est préférée à celle plus malheureuse de "myrrhe liquide" !






Merci à Wikipedia tant pour le texte.
Photo :Forest et Kim STAR.

vendredi 11 février 2011

ANDREE CHEDID



C'est souvent lorsqu'un écrivain disparaît qu'on le découvre ou le redécouvre.
Je n'y échappe pas, et comme beaucoup je suppose, à l'annonce de sa mort le 6 février dernier, j'ai pris le chemin de la bibliothèque.
Plutôt que de copier ce que j'ai lu dans les nombreux articles qui lui sont consacrés sur Internet, je préfère partager avec vous, deux de ses poèmes, en espérant qu'ils vous donnent envie, comme c'est le cas pour moi, de lire ses textes, poésies, nouvelles, romans ou pièces de théâtre !



Brève invitée
                         à ma fille

Ma lande mon enfant ma bruyère
Ma réelle mon flocon mon genêt,
Je te regarde demain t'emporte
Où je ne saurais aller.


Ma bleue mon avril ma filante
Ma vie s'éloigne à reculons,
A toi les oiseaux et la lampe
A toi les torches et le vent.


Mon cygne mon amande ma vermeille
A toi l'impossible que j'aimais
A toi la vie, sel et soleil
A toi brève invitée

"Textes pour un poème"  -Paris Guy Levis-Mano 1950-


CECI


"Ceci était      mon fils ma fille
                        mon père ma mère


Cette chose    mon aimé
                       mon aïeul mon enfant"


La femme vêtue de noir
agglutinée aux mouches
tournoie dans une houle d'amour
et d'aversion


Tourne et se déchire 
autour d'un tas de chair
qui suinte sous le jour



Ceci                fut un vivant                                   Ce sang             dilapidé sur le bitume
                                                                                 s'ordonnait, hier encore, dans un réseau de veines
Cette chose    fut une personne                             retissait, hier encore, la loi de l'existence

                                                                                 Ce coeur-sentinelle 
                                                                                 s'est raidi sous le plomb

                                                                                 Ce sac-à-vermine
                                                                                  abritait des entrailles
                                                                                  où s'ouvrait le plaisir
                                                                                  où germinait la vie


                                                                                    
                                                                                   Un rictus a drainé toute la pulpe de ces lèvres
                                                                                   Ces orbites-à-fourmis logeaient oeil et regards


                                                                                      

Ceci                fut un vivant                                       La femme vêtue de noir
                                                                                     tremble sous la tourmente
Cette chose    fut une personne                                 hurle dans le chaos


L'esprit travaillait cette motte d'indifférence           s'agglutine          aimantée


La parole soulevait cette forme interrompue           à ce profil d'écorce
                                                                                     à cette main qui stagne
                                                                                     à ce baluchon putride


                                                                                     à ce         "Toi que j'appelle
                                                                                     et qui ne seras plus !"



Cérémonial de la violence - flammarion 1976-




Si vous voulez en savoir plus sur Andrée Chedid et son écriture poétique je vous recommande ce site    qui est en anglais (!). Mais  sur la page "Creative process" vous trouverez une analyse dans le temps de l'un de ces poèmes (en français !). C'est très intéressant !

Photo : 
Fonds Chedid de l'IMEC
Chez : www.item.ens.fr

mercredi 9 février 2011

LES DRÔLES DE MOTS DU MERCREDI

La lecture de "Bleu. Histoire d'une couleur" m'a apporté son lot de mots inconnus (3) ou connus dans un autre sens (1).
Commençons par celui-ci :

Un cagot : c'était pour moi un hypocrite, ce qui est juste mais qui ne convient pas dans la phrase où je l'ai trouvé :
"Pour différentes catégories d'infirmes, l'infirmité,..., étant toujours dans les systèmes médiévaux le signe d'un grand péché : boiteux, estropiés, cagots, lépreux...".
C'est le "Dictionnaire de la langue Française" d'Alain Rey, qui m'a ouvert la piste :
Ce mot semble avoir désigné à l'origine "des populations reculées des vallées pyrénéennes- peut-être à l'origine affectées de la lèpre blanche ou d'une autre maladie-".
 Deux siècles plus tard on le retrouve également en Bretagne où il a évolué en "Lieutenant du roi des mendiants" et par extension "misérable, gueux, mendiant". C'est donc dans ces derniers sens qu'on peut l'entendre ici.

Les trois mots inconnus à présent :

Un réceptaire ( a receptary)
"De manière générale tous les réceptaires,..., se présentent autant comme des textes allégoriques, que comme des ouvrages pratiques".
C'est tout simplement un "Registre de recettes",  le mot "recette" étant ici entendu au sens large. Le réceptaire  peut s'adresser "aux teinturiers, aux peintres, aux médecins, aux apothicaires, aux cuisiniers ou aux alchimistes."


Vexillaire  :
"Ce faisant il fit fusionner en une seule formule vexillaire tricolore"...
C'est ce qui se réfère à des enseignes, des pavillons et donc ici à des étendards ou des drapeaux.

A enquerre :
"En outre, des armoiries à enquerre -d'argent semé de fleurs de lys et d'or-"
Cette formule renvoie bien sûr au vocabulaire de l'Héraldique. Elle s'applique à des armes qui présentent une singularité, une irrégularité à éclaircir.


Merci : 
- Au Petit Robert
- Au "Dictionnaire historique de la Langue Française"
- Au Dictionnaire de Frédéric Godefroy (sur Internet)
- A Wikipedia

dimanche 6 février 2011

vendredi 4 février 2011

BLEU: HISTOIRE D'UNE COULEUR






Auteur : Michel Pastoureau
Edition : Seuil (2006)                                    
Genre : essai historique
Format : poche  216 pages

Lors de la parution de ce livre en 2000, j'avais été charmée et intriguée par son sous titre.
Comment pouvait-on bien écrire l'histoire d'une couleur ?
C'est donc avec beaucoup de curiosité que, la semaine dernière,  j'ai attaqué ma lecture.

Eh bien, je sais à présent que cette démarche est passionnante et complexe.

Ecrire sur une couleur  c'est d'abord la situer dans le temps et l'espace :"La couleur est d'abord un fait de société".  C'est aussi  et nécessairement écrire sur  les autres  couleurs, tant les rapports entre elles ont de sens. Enfin, c'est un travail multiforme qui nécessite d'aborder toutes les composantes de l'univers des couleurs dans la société concernée.

Ce livre porte donc sur le bleu dans les sociétés occidentales  "du Néolithique au XXème siècle". Mais sont  également évoqués le vert et le noir, le blanc et le jaune, et surtout le rouge "son complice, son rival au fil des siècles ". De même sont étudiés les mots employés pour  le désigner, les teintures et les pigments, les règlements ecclésiastiques ou profanes,  le poids des mouvements religieux ou littéraires.....

Tout cela peut sembler bien aride. Il n'en est rien à la lecture !
Car, au départ, il y a un mystère : comment une couleur  "qui compte peu, désagréable à l'oeil" est-elle devenue  "la couleur préférée  de tous les européens ?"
Michel Pastoureau en quatre grands chapitres, dont les titres résument à eux seuls  cette évolution singulière, sait illustrer brillamment son propos :
Des questions incongrues  : "les Grecs et les Romains voyaient-ils le bleu ?",  des oppositions intrigantes : "Prélats chromophiles et prélats chromophobes", des rapprochements étonnants : "... de l'habit de Werther aux rythmes du blues", éveillent en permanence notre attention.
Les paragraphes, plus prosaïques, sur les plantes tinctoriales et les pigments, les techniques de teinture ou la fabrication des couleurs, nous rappellent que sous un tissu teint, sous une couleur étalée sur la toile, c'est tout un savoir, élaboré sur des millénaires, qui se cache.
Une fois le livre fermé nous ne regardons plus de la même façon notre drapeau français, ni le vieux jean que nous portons : ils ont aussi une histoire !

C'est donc un livre que je recommande à tous, férus d'histoire ou simples béotiens.

Deux regrets : 
- ne pas avoir lu ce livre dans la version d'origine qui est illustrée.
- que Michel Pastoureau ne nous dise rien sur le "bleu Klein" bien éloigné me semble-t-il de la neutralité  qui définit, selon lui, les bleus contemporains.

  

mercredi 2 février 2011

LES DRÔLES DE MOT DU MERCREDI

En lisant "Photo de groupe au bord du fleuve" d'Emmanuel Dongala, cinq mots ont cette semaine attiré mon attention :

Le pian : "C'est à peine si elles te tendaient la main comme su tu avais contacté le pian".
C'est une maladie infectieuse chronique, non vénérienne dont la localisation est principalement cutanée, osseuse et cartilagineuse, qui sévit surtout dans les communautés pauvres des régions chaudes, humides et tropicales d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine. Près de 75% des personnes touchées sont des enfants.
L'organisme responsable est une bactérie Treponema pertenue.
La transmission du pian se fait principalement par contact cutané direct avec une personne infectée.
C'est une maladie rarement mortelle mais qui peut entraîner des mutilations et des incapacités chroniques. Le pian peut être traité par une dose unique d'un antibiotique bon marché.

Rouir : "....après en avoir laissé rouir les tubercules dans la rivière ou dans l'étang" 


Il s'agit ici de manioc.
Rouir signifie faire tremper pendant quelques jours les tubercules dans de l'eau, si possible courante, pour en extraire les toxines présentes, dont le cyanure.
La racine est ensuite décortiquée, lavée, écrasée au pilon pour obtenir une pâte qui sert à la préparation de farine de manioc appelée Foufou au Congo et au Cameroun.
Le terme rouir est employé en France à propos du lin et du chanvre. Il s'agit alors d'isoler les fibres textiles, par trempage ou tout autre procédé, en détruisant la matière gommeuse qui les soude.


En séton : "Elle a reçu deux balles, la première n'a provoqué qu'une blessure en séton"
Il s'agit d'une plaie à deux orifices cutanés d'entrée et de sortie, faits par un projectile ayant traversé des tissus mous.

Le nycthémère : "Tu ne sais plus où tu en es, tu as complètement perdu ton nycthémère."
Ce mot vient du grec nux, nuktos qui signifie "nuit" et de hêmera qui signifie "jour".
 C'est un espace de temps comprenant un jour et une nuit et correspondant à un cycle biologique.

Le lévirat : "Vous voulez que je vous en parle... du lévirat ?"
Vient du mot latin lévir qui signifie "beau-frère".
C'est l'obligation que la loi de Moïse imposait au frère d'un défunt  d'épouser la veuve de celui-ci si elle est sans enfant.


Merci au site de l'OMS, à AlterAfrica.com et bien sûr au Petit Robert.