"The Subjection of Women"
Auteur : John STUART MILL
Traductrice : Marie-Françoise CACHIN
Genre : Essai
Edition : Petite Bibliothèque Payot - 2ème édition 2005 -
Format : poche 215 pages avec préface et posface
Voilà un court ouvrage, publié en 1869, que j'ai trouvé éblouissant tant j'ai pris d'intérêt intellectuel, historique et humain à sa lecture. Avec en prime le sentiment d'avoir rencontré un homme bien et une femme remarquable , Harriet Taylor Stuart, son épouse, décédée onze ans auparavant.
Son essai, "The Enfranchisement of Women", paru en 1851, est la base même du présent texte.
Le premier pour décrire la situation des femmes tout au long de l'histoire. Le deuxième pour analyser celle-ci dans le mariage. Le troisième pour défendre plus spécifiquement le droit des femmes à une vie professionnelle. Enfin le dernier pour dresser la liste des avantages que la société , les hommes et bien entendu les femmes trouveraient à la mise en oeuvre de ce qui est l'objectif même de cette essai :
La revendication d'un principe d' égalité totale
"qui refuse tout pouvoir ou tout privilège pour l'un des deux sexes, toute incapacité pour l'autre."
Ce que j'ai particulièrement aimé :
- Son désir de faire prendre conscience à une société qui voulait l'ignorer, de l'injustice scandaleuse de la situation des femmes, privées de tout droit, notamment dans le mariage :
"Le mariage est le seul véritable esclavage reconnu par notre loi. Légalement il ne reste plus d'esclave sinon la maîtresse de chaque maison. "
N'oublions pas qu'à cette époque, une femme qui se mariait jurait obéissance à son mari, que ses biens, mêmes hérités, devenaient ceux de son mari sans aucune réciprocité, et que, si elle quittait celui-ci, ses enfants étaient confiés automatiquement à leur père, sans possibilité pour elle de les revoir, sinon exceptionnellement.
- La finesse de ses analyses, concernant le comportement des femmes. Comportement qui est souvent retourné pour être utilisé contre elles :
" Etant donné, premièrement l'attraction entre les sexes, deuxièmement l'entière sujétion des femmes au mari,..., et étant donné enfin l'impossibilité où se trouve la femme de rechercher ou d'obtenir la considération, principal objet du désir humain, ni aucun autre objet de l'ambition humaine, ce serait un miracle si le désir de plaire aux hommes n'était pas devenu l'étoile polaire de l'éducation et de la formation de la personnalité féminine..... Les hommes furent amenés par leur instinct égoïste à s'en prévaloir au plus haut degré pour les maintenir en servitude, en leur représentant la douceur, la soumission et l'abandon de toute volonté individuelle dans les mains de l'homme comme l'essence même de la séduction (et on a avis d'ajouter- de la nature-) féminine"
- Le talent avec lequel il met en lumière les contradictions, qui de toute évidence ne troublaient pas grand monde.
"Rien n'étonne plus les habitants des contrées lointaines, quand ils entendent parler pour la première fois de l'Angleterre que d'apprendre qu'elle est gouvernée par une reine.... Aux anglais ceci ne semble pas du tout contre nature, parce qu'ils y sont habitués mais ils considèrent contre nature que les femmes soient soldats ou membres du parlement."
- La clarté avec laquelle il affirme ses opinions :
"L'état normal de la société c'est l'égalité."
"...cette égalité implique pour celle-ci l'autorisation d'exercer toutes les fonction et tous les métiers réservés jusqu'ici au sexe fort"
".....faisons prendre conscience à la Femme qu'elle est un être humain comme un autre, qu'elle a le droit de choisir ses activités comme tout être humain en fonction de ce qui l'intéresse, qu'elle a le droit d'exercer sur toutes les affaires humaines la part d'influence qui appartient à toute opinion individuelle, qu'elle essaie d'y participer vraiment ou non".
- Enfin l'hommage constant qu'il rend à Harriet Taylor-Stuart, lorsqu'il est notamment amené à évoquer ce que pourrait être une bonne relation homme-femme.
Ce que j'ai moins aimé : Rien
Il me semble que les critiques parfois avancées sur tel ou tel avis de John Stuart Mill, ne pèsent pas bien lourd, face à la justesse profonde de son analyse et au courage engagé pour la promouvoir.... et nous sommes en 1869 !
Quant au fait que l'histoire ait démontré que l'acquisition des droits n'a malheureusement pas entraîné une égalité de fait, peut-on lui en faire reproche ?
En 1851, à la veille d'épouser Harriet Taylor, après 22 ans d'attente, John Stuart Mill avait écrit à propos des droits que le mariage allait lui conférer :
"Je promets solennellement de m'en servir en aucun cas ni en aucune circonstance et,...., je déclare que c'est ma volonté, mon intention et la condition de notre engagement qu'elle garde à tous égards la même liberté absolue d'agir et de disposer d'elle-même et de tout ce qui lui appartient ou peu lui appartenir un jour, comme s'il n'y avait pas eu de mariage. De plus, je désavoue et je rejette toute prétention à quelques droits que ce soient que j'aurais acquis en vertu d'un tel mariage"
Un homme bien, vous dis-je !
J'ai lu cet ouvrage dans le cadre du challenge "A year of feminist classics".
This book sounds fascinating. It sounds like a lot of the issues it discusses are still relevant today.
RépondreSupprimerc'est sûr qu'au regard de ce résumé on a très envie de lire cet ouvrage !
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