Auteur : Michel Pastoureau
Edition : Seuil (2006)
Genre : essai historique
Format : poche 216 pages
Lors de la parution de ce livre en 2000, j'avais été charmée et intriguée par son sous titre.
Comment pouvait-on bien écrire l'histoire d'une couleur ?
C'est donc avec beaucoup de curiosité que, la semaine dernière, j'ai attaqué ma lecture.
Eh bien, je sais à présent que cette démarche est passionnante et complexe.
Ecrire sur une couleur c'est d'abord la situer dans le temps et l'espace :"La couleur est d'abord un fait de société". C'est aussi et nécessairement écrire sur les autres couleurs, tant les rapports entre elles ont de sens. Enfin, c'est un travail multiforme qui nécessite d'aborder toutes les composantes de l'univers des couleurs dans la société concernée.
Ce livre porte donc sur le bleu dans les sociétés occidentales "du Néolithique au XXème siècle". Mais sont également évoqués le vert et le noir, le blanc et le jaune, et surtout le rouge "son complice, son rival au fil des siècles ". De même sont étudiés les mots employés pour le désigner, les teintures et les pigments, les règlements ecclésiastiques ou profanes, le poids des mouvements religieux ou littéraires.....
Tout cela peut sembler bien aride. Il n'en est rien à la lecture !
Car, au départ, il y a un mystère : comment une couleur "qui compte peu, désagréable à l'oeil" est-elle devenue "la couleur préférée de tous les européens ?"
Michel Pastoureau en quatre grands chapitres, dont les titres résument à eux seuls cette évolution singulière, sait illustrer brillamment son propos :
Des questions incongrues : "les Grecs et les Romains voyaient-ils le bleu ?", des oppositions intrigantes : "Prélats chromophiles et prélats chromophobes", des rapprochements étonnants : "... de l'habit de Werther aux rythmes du blues", éveillent en permanence notre attention.
Les paragraphes, plus prosaïques, sur les plantes tinctoriales et les pigments, les techniques de teinture ou la fabrication des couleurs, nous rappellent que sous un tissu teint, sous une couleur étalée sur la toile, c'est tout un savoir, élaboré sur des millénaires, qui se cache.
Une fois le livre fermé nous ne regardons plus de la même façon notre drapeau français, ni le vieux jean que nous portons : ils ont aussi une histoire !
C'est donc un livre que je recommande à tous, férus d'histoire ou simples béotiens.
Deux regrets :
- ne pas avoir lu ce livre dans la version d'origine qui est illustrée.
- que Michel Pastoureau ne nous dise rien sur le "bleu Klein" bien éloigné me semble-t-il de la neutralité qui définit, selon lui, les bleus contemporains.
Je suis surprise par le commentaire que tu rapportes pour conclure sur la neutralité des bleus contemporains. Je suis bien évidemment d'un avis tout contraire (et comme toi l'IKB me semble en être la preuve absolue !)
RépondreSupprimerJe voudrais lire ce livre, maintenant. Merci pour le review. :)
RépondreSupprimer(Desolee pour le mal francais)