mercredi 30 mars 2011

LES DRÔLES DE MOT DU MERCREDI


Ce que j'aime - entre autres - dans la lecture, c'est qu'elle nous fait voyager.
 "Le sari vert"  d'Ananda Devi se déroule à l'Ile Maurice.
Mais ici ce n'est pas l'intrigue qui nous fait voyager, ce ne sont que les mots.

- Le longane
"plus ramassés que des noyaux de longane"


Source : Metro.ca

Le longane est le "Fruit d'un arbre majestueux (qui peut atteindre 40 m) probablement originaire de l'Inde, le longane (Dimocarpus longan, Sapindacées) est un proche parent du litchi et du ramboutan. Ce fruit des régions tropicales est consommé en Asie depuis des milliers d'années; on le cultive maintenant principalement dans plusieurs pays asiatiques, aux États-Unis- Floride, Californie- et en Australie....
Les longanes poussent en grappes. Ils sont recouverts d'une coque lisse, plutôt mince, de couleur orange, qui brunit et devient plutôt rigide à maturité. Elle recouvre une chair translucide blanchâtre, juteuse et sucrée, un peu moins parfumée que celle du litchi. Un gros noyau brunâtre lisse, dur et non comestible est logé au centre du fruit; ce noyau est marqué d'une tache blanche en forme d'oeil, d'où le nom d'«oeil de dragon» que lui donnent les Chinois."
- De l'herbe bourrique
"Cette fille est une tisane d'herbe bourrique".
L'herbe bourrique est une graminée vivace et rampante commune dans toute l'Île Maurice. Elle supporte les pires sécheresses. Elle est également appelée "gros chiendent" ou "chiendent bourrique" ou "chiendent patte de poule".
 Je n'ai trouvé aucune référence précise à la tisane d'herbe bourrique ni à ses propriétés.
J'ai simplement appris qu'elle était citée dans l'oeuvre de Louis Bouton, botaniste mauricien du 19 ème siècle.
Peut-être fait-elle partie de ces plantes qui produisaient des breuvages particulièrement amers ?

- Le bois de ronde
Photo : J-M Sarrailh


" Moi qui ne croyais pas aux superstitions de mes compatriotes.... qui s'imaginaient.... que l'écorce du bois de ronde faisait fondre les calculs biliaires"




Ce bois de ronde m'a donné bien du mal ! Il semble être également appelé "bois de rongue".
C'est un arbuste endémique de La Réunion et de l'Île Maurice (Erythroxylum Laurifolium), de 2 à 5 mètres de hauteur, caractéristique des forêts humides tropicales.

Le narrateur semble avoir bien tort de se moquer des croyances de ses compatriotes. Il semble en effet que les feuilles, l'écorce et le bois, du bois de ronde ait des vertus diurétiques, antispasmodiques  et astringentes.

Le "Dictionnaire des Sciences Naturelles" - volume 5-, publié en 1817,  évoque une autre de ses vertus (possibles) :
"Peut-être a-t-elle été nommée bois de ronde parce que son bois, qui est très résineux, brûle tout seul et forme des flambeaux qui sont employés dans les rondes que l'on fait sur les habitations pendant la nuit pour s'assurer que tout est en ordre"


Sources :
- servicevie.com
- arbres-reunion-cirad

dimanche 27 mars 2011

PORTRAIT D'UNE ECRIVAINE : ANANDA DEVI








Merci à Ananda DEVI et à Catherine BAYLE, qui a peint ce portrait, de m'avoir autorisée à le faire paraître ici.
Catherine Bayle est peintre et illustratrice. Vous pouvez retrouver ses autres oeuvres, ici

vendredi 25 mars 2011

LE SARI VERT



Auteur : Ananda DEVI
Genre : roman
Editions : Gallimard 2009
Format : poche Folio (n°5191) 256 pages

C'est un livre terrible au sens vrai du terme. Un livre qui vous saisit et vous rejette, tant ce qui est dit est violent et difficilement supportable. Je me suis surprise, à plusieurs reprises, les yeux glissant sur les lignes, comme s'il fallait me protéger.
Mais c'est un livre beau et vrai, servi par une écriture nette, forte, intense, qui m'a bouleversée et fait découvrir un auteur.

C'est un vieil homme qui est venu mourir chez sa fille. Il s'est imposé comme il l'a toujours fait, amenant avec lui, la haine sans failles qui l'habite, son tempérament de tyran, sons sens inaltéré de la manipulation.
 Haine, tyrannie, manipulation il les a exercées depuis le lendemain de son mariage, sur sa femme, épousée à quinze ans et morte à vingt,  sur sa fille Kitty, et sur sa petite-fille Malika.
Si aujourd'hui la force de son corps l'a abandonné, s'il ne peut plus être le médecin -Dokter-Dieu !- qu'il a été, il a gardé une arme, dont il sait user avec efficacité : la parole.
C'est lui qui parle, pour menacer, insulter, séduire, cracher tous le venin qu'il a contre les femmes, s'affirmer !

Bien sûr il a quelques excuses, une mère très aimée et disparue très tôt. Mais on s'en moque !
C'est un monstre, un faux héros, un mauvais-médecin, un pleurnichard, prompt à se disculper par tous les moyens.
Elles, Kitty et Malika, une seule chose les intéresse : comment est morte leur mère et grand-mère.
Lui, ne veut rien dire : quelle belle occasion de les faire souffrir une dernière fois !
Mais le temps de la toute-puissance est passé.
Elles sauront !


D'origine indienne, Ananda DEVI est née en 1957 à l'Ile Maurice. Ethnologue de formation, et traductrice de métier, elle a écrit  de nombreux romans, et des recueil de nouvelles et de poésie, qui ont reçu plusieurs prix. 
Elle est considérée comme une figure centrale parmi les auteurs de l'Océan Indien.
Elle vit aujourd'hui en France


Ce livre a reçu le prix Louis Guilloux en 2010.

mercredi 23 mars 2011

LES DRÔLES DE MOT DU MERCREDI


Grand bol d'air aujourd'hui.
Quatre mots tirés de "Karitas, sans titre" de Kristin Marja Baldursdottir, que j'ai lu la semaine dernière, et qui nous mène en Islande.

Un fulmar
"....s'exclama Karitas au milieu du chahut des fulmars"


C'est un oiseau marin grégaire, qui niche en grandes colonies sur des falaises rocheuses. Le corps est d'un blanc pur. Les ailes présentent diverses nuances de gris. Il décrit de grands cercles en planant, en s'appuyant alternativement sur l'une ou l'autre de ses ailes.




La flouve des  prés
"Le parfum de la flouve des prés flotte encore dans les draps"
La flouve des prés ou flouve odorante (Anthexantum Odoratum) est une graminée vivace hâtive, commune, que l'on trouve dans les prés et les clairières. Elle est haute de 20 à 80 cm. Comme son nom l'indique, elle est très parfumée.


La camarine noire
"Il faut ramasser les myrtilles et les camarines noires"

La camarine noire (Empetrum nigrum), est le fruit, riche en fibres en minéraux et en vitamines, d'un arbrisseau persistant, qui pousse dans les milieux froids humides et acides.
On en fait des tisanes, qui servent à réduire les douleurs gastriques, des sirops et des confitures.

Une éristale
"Elle sursauta au bourdonnement des éristales"
Photo : Michael BECKER
Les éristales sont des diptères, "des mouches" très communes (500 espèces en France).
La plus typique "Eristalis tenax" est appelée "Eristale gluante" ou "Eristale pourceau"... car ses larves affectionnent particulièrement les fosses à purin et autres lieux d'aisance...
Elles ressemblent aux abeilles mais n'ont pas d'aiguillon venimeux et ne possédent qu'une seule paire d'ailes fonctionnelles. Elles sont habiles dans le vol stationnaire.

Sources : Wikipedia, Oléocène.org, Charlotte.overblog. com, Clarins, insectes.net

dimanche 20 mars 2011

UN PEINTRE QUE KARITAS ADMIRE

Harald GIERSING
"Ung Dame med en Avis" 1918
The SJØRUP JØRGENSESCollection

vendredi 18 mars 2011

KARITAS, SANS TITRE... suite

En relisant, mon précédent billet, je me suis aperçue que je n'avais pas dit un mot du thème, qui aurait pu être central, mais qui en fait m'a semblé comme noyé,  dans "Karitas, sans titre" : Les femmes et la création artistique.
Pourtant j'avais soigneusement noté une phrase du livre, très belle et  qui me semble très éclairante :

"Elle regarda ses mains qui avaient autrefois lavé toutes ces énormes lessives à Akureyri, puis le pinceau qui reposait dans ces mêmes mains et elle réalisa soudain que les cordes à linge accaparaient tout son esprit, mais pas l'art. Jamais une chose pareille ne serait arrivée aux vieux maîtres"

KARITAS, SANS TITRE





KARITAS, A TITILS
Auteur : Kristin Marja BALDURSDOTTIR
Traducteur : Henry Kiljan ALBANSSON
Genre : roman
Editions : GAÏA 2004
Format : 508 pages

Voici un livre que j'ai cherché dans plusieurs librairies, avant de le trouver, comme prévu, à la bibliothèque d'Embrun, un livre dont j'attendais la lecture avec impatience et malheureusement un livre aussi, dans lequel je ne suis pas arrivée à entrer.
Je suis donc assez gênée pour en faire le compte-rendu car je ne voudrais pas que cette difficulté personnelle écarte quelqu'un d'autre de sa lecture.

Voici partie du résumé que propose la quatrième de couverture

"Karitas grandit avec sa mère et ses frères et soeurs dans une modeste ferme au fond d'un fjord dans l'ouest de l'Islande.Le père, comme beaucoup de courageux marins est disparu en mer. En 1915, la mère décide de partir pour le nord et d'offrir à ses six enfants des études. Défi insensé pour l'époque. Tous vont devoir travailler dur et se montrer à la hauteur d'une ténacité maternelle sans faille.
Karitas s'occupera longtemps du foyer et du petit dernier... Mais au fond d'elle-même elle se sent une âme d'artiste et dessine comme son père lui avait appris. Karitas rêve d'une autre vue. Et n'aura de cesse de chercher le chaos, dans la peinture comme dans la vie. Mais comment pourrait-elle se consacrer à l'art quand le plus bel homme d'Islande n'arrête pas de lui faire des enfants ?"

Ce que j'ai aimé :
- La construction du livre, avec son alternance : un tableau/un chapitre
- La première partie du livre : l'enfance et l'adolescence de Karitas et de ses frères et soeurs.
- Le personnage de Steinunn, la mère de Karitas, qui sous une apparente froideur, toute islandaise, cache sa tendresse et ses peines.
- Tout ce qui concerne l'Islande - un pays qu'on ne traverse pas, on en fait le tour en bateau !- et la vie islandaise : la pêche, les fermes, les traditions... La présence écrasante de la nature, paysages et climat.
- La solidarité.


Ce que j'ai moins apprécié :
- J'ai eu souvent le sentiment que "quelque chose n'allait pas" : l'enchaînement des situations m'ont paru parfois difficilement crédibles ( "la disparition" ou le retour de Sigmar) et les sentiments  des principaux protagonistes, Karitas et Sigmar manquer de consistance.
- L'unanime qualité, à l'exception de l'insupportable Bjarghildur, des caractères féminins.
- D'une certaine façon le peu de cas qui est fait de la rudesse de l'existence des hommes. La pêche aux harengs ne doit pas être non plus une partie de plaisir !

 Et pour finir....  le papier rose sur lequel le texte est imprimé le texte,  qui semble si mièvre dans ce contexte, même si l'intention de départ est bonne : offrir un plus grand confort de lecture... que je n'ai pas ressenti.

C'est peut-être lui le coupable !

J'ai lu ce livre dans le cadre de "Lire à Embrun 2011"

mercredi 16 mars 2011

LES DRÔLES DE MOT DU MERCREDI


Je voulais aujourd'hui proposer trois "drôles de mots", découverts dans le livre de Michel Pastoureau
"Le cochon, histoire d'un cousin mal aimé", lorsque je me suis (bêtement, c'est le moment de le dire) posé la question :
"Mais quelle est la différence entre un cochon et un porc ?"
Je ne pensais pas  alors qu'il était aussi difficile de trouver une réponse !

L'origine de ces deux mots d'abord, ne nous apprend pas grand-chose, cochon étant d'origine inconnue et porc, venant du latin porcus.

La consultation des dictionnaires ne s'avère guère plus éclairante et aurait même plutôt tendance  à ajouter de la confusion :
"Le nouveau Petit Robert de la langue française 2007" définit le cochon comme un "mammifère de l'ordre des artiodactyles" et le porc, de manière plus précise, comme un "mammifère ongulé omnivore (artiodactyles) au corps épais, dont la tête est terminée par un groin, qui est domestiqué et élevé pour sa chair".
Le dictionnaire Larousse est  un plus clair  en ce qui concerne le porc : C'est "un mammifère (suidé) domestique, très répandu dans le monde, élevé pour sa chair. C'est aussi le nom donné  "la chair de cet animal." Par contre la définition de cochon apparaît curieusement succincte : "synonyme du porc".

Un organisme professionnel, oppose le mot cochon "l'animal de façon générale" au terme porc qui "sert avant tout à désigner la viande".


Mais dans la pratique ce n'est pas si simple !
Alors que nous pouvons dire à un petit enfant en parlant de sa tirelire : "Va chercher ton petit cochon, pour que j'y mette une pièce dedans", il ne nous viendrait pas à l'idée de déclarer : "Va chercher ton petit porc". 
De même nous lui lisons l'histoire des "Trois petits cochons", jamais des "Trois petits porcs". 
Par contre si le même enfant revient couvert de boue et que nous sommes en colère, nous pourrons lui dire presque indifféremment : "Quel cochon (ou quel porc) tu fais!". 
Enfin si nous nous régalons d'un rôti ou de côtelettes de porc (jamais "de cochon"), nous apprécions (éventuellement !) aussi les oreilles ou les pieds "de cochon " (et non "de porc"), sans parler du cochon de lait !


Pour terminer sur une note plus constructive, voici quelques définitions complémentaires  et techniques, ce qui fait parfois du bien :

un verrasson : un jeune mâle, non mature sexuellement et destiné à la reproduction.
Un verrat : l'animal reproducteur mâle.
Une cochette : un jeune animal femelle, non mâture sexuellement, destinée à la reproduction et qui n'a  pas encore eu de petits.
Une truie :  l'animal reproducteur femelle, ayant eu des porcelets.
Une coche : une truie reproductrice, en fin de carrière de reproduction et qui est destinée à être abattue.
Un porcelet : un très jeune porc de quelques semaines destiné à produire de la viande.



A midi,  j'ai cuisiné du poisson !

dimanche 13 mars 2011

vendredi 11 mars 2011

LE COCHON : HISTOIRE D'UN COUSIN MAL-AIME



Auteur : Michel Pastoureau
Edition : Gallimard - Découvertes- 2009
Format : Poche -158 pages-


Si vous vous appelez Eberhard Pourcel et que vous habitez à Porquerolles, vous avez déjà trois bonnes raisons de lire ce livre : votre prénom, votre nom et  celui de votre village, font tous référence au sanglier ou au cochon.
Si ce n'est pas le cas, ce qui est le plus probable, n'hésitez pas non plus, car vous allez découvrir beaucoup de choses sur ce cousin biologique aimé ou méprisé qui nous accompagne depuis vingt-huit millénaires.

C'est d'abord d'histoire qu'il est question dans les deux premiers chapitres. Une histoire au long cours, qui nous fait passer du porc sauvage - qui ne serait pas le sanglier - aux cochons domestiques, heureux "Cul noir du Limousin, Gascon, Pie noir basque ou Corse", qui ont encore parfois la chance de s'ébattre au grand-air, ou malheureux  "Large White" et autres "Berkshire", parqués dans leurs porcheries industrielles et qui mourront sans jamais avoir vu le jour.
Nous suivons donc notre animal, qui n'a pas toujours été rose, du VIII ème millénaire avant notre ère, où l'homme, se sédentarisant peut le domestiquer, au monde antique (Egypte, Grèce, Rome) où il est élevé en troupeaux pour être sacrifié aux Dieux comme aux humains.
Source : Bréviaire d'amour d'Ermengal de Béziers

Nous le retrouvons ensuite au Moyen-Âge : bien que méprisé - le porcher est souvent un "simple d'esprit" -, il reste le pilier de l'alimentation carnée, puisque sa viande peut aussi bien être mangée fraîche, après l'abattage, que salée, longtemps après celui-ci.
Il vit alors parqué près des fermes, mais est aussi élevé en forêt, quand on ne le retrouve pas en pleine ville, où, gambadant, il ne manque pas de provoquer des accidents, comme celui qui coûtera la vie au fils aîné du roi Louis VI Le Gros, à Paris en 1133.
Ce n'est qu'à partir de 1740 qu'il gagnera en Grande-Bretagne la porcherie,  à l'occasion des premières tentatives d'amélioration des races porcines, et au XIX ème siecle que se développera son élevage intensif puis industriel, en lien avec la diffusion de la pomme de terre et le développement des industries agro-alimentaires pourvoyeuses de déchets dont on le nourrira.

Mais après l'histoire vient la symbolique : comme pour tout autre animal, elle est ambivalente, variant selon les contextes, mais globalement elle reste plus négative que positive, les tabous des religions monothéistes l'emportant sur les vertus que lui reconnaissaient, les celtes, les germains ou encore les romains.
D'un côté le cochon est jugé impur, se nourrissant d'ordures quand ce n'est pas pire et se vautrant dans la boue. Il l'est à tel point que les hébreux refusent non seulement de le manger mais aussi de le toucher, d'utiliser son cuir, et même de le nommer. Il est "une autre chose".
L'Islam rejette également sa chair et "tous les produits que l'on peut en retirer", et les théologiens chrétiens du Moyen-Âge, pour ne pas être en reste, en font radicalement l'un "des attributs de Satan.". Cependant, "pour les  chrétiens, il existe un bon porc : le cochon compagnon et attribut de saints" .









Le hasard faisant bien les choses, j'ai découvert ce week-end dans l'église Saint-Vincent à Nyons, ce portrait de Saint-Antoine .....et  de son cochon.





De l'autre côté, et pour équilibrer ce sombre portrait, on  lui trouve également quelques qualités, ou plutôt, les reconnaît-on surtout au sanglier et à la truie. Au premier,  Celtes et Germains accordent la force et le courage absolu. C'est pourquoi il figure sur les blasons.
Source : Wikimedia

A la seconde, la fécondité,
Source : l'élevage respectueux
Sans oublier "le petit cochon" qui doit permettre à tous d'accéder à la prospérité !

Source : Sidonie et Gédéon

Enfin, pour conclure, Michel Pastoureau aborde l'aspect le plus fascinant de cette histoire, ce qui pourrait expliquer, plus que toute autre chose l'attrait et le dégoût que le cochon  inspire : notre cousinage biologique, source de légendes, de caricatures, de pratiques et d'histoires.

Source : Wikimedia

On peut se remettre à lire !


Ce que j'ai aimé :
Comme toujours, dans cette collection :
 - le mariage texte/iconographie, toujours splendide !
-  les "Témoignages et documents" , en fin d'ouvrage, qui permettent d'approfondir l'un ou l'autre aspect de l'analyse, ou de découvrir les dates et les lieux des événements, qui maintiennent toujours vivantes les traditions porcines.
- la possibilité de lire l'ouvrage à différents niveaux : de la première à la dernière lettre, ou en survolant au  fil des commentaires qui accompagnent chaque illustration.
Ce que j'ai moins apprécié très contradictoirement :
Comme toujours dans cette collection :
- La difficulté que j'ai à lire le texte au milieu de toutes ces images !

mercredi 9 mars 2011

LES DRÔLES DE MOT DU MERCREDI



Les "Drôles de mots du mercredi"  de cette semaine renvoient tous les deux à la nourriture, mais pas tout à fait du même genre :


Le premier, le bdellium, est cité dans la Bible (Nombres-11.8)
"La manne avait la forme des graines de coriandre et était blanchâtre comme la résine du bdellium".
D'après Pline l'Ancien, qui vécut entre 23 et 79,  la résine du bdellium était une substance "transparente, parfumée, ressemblant à de la cire, graisseuse au toucher et de goût amer", et le bdellium, dont elle était issue,  un arbre de la taille d'un olivier, portant des feuilles ressemblant à celles du chêne-vert et des fruits semblables aux figues sauvages.
Cette description restant insuffisante, il fallut attendre, Lamarck (1744-1829), pour pouvoir préciser qu'il s'agissait probablement d'un "Balsamier- Balsam tree-  de la famille des thérébintacées".
Est-ce que cela vous éclaire ?


Le second, le stifado, plus prosaïque,  est tiré du livre de Bertina Heirichs "La joueuse d'échecs", qui se déroule dans l'île grecque de Naxos.
"Il mangea avec beaucoup d'appétit le stifado qu'Eleni avait préparé."
Il s'agit d'un plat traditionnel du sud de la Grèce et des îles, composé de cubes de boeuf revenus puis cuits longuement dans un peu de vin ou de vinaigre, avec des oignons, des tomates, de l'ail, du laurier et du cumin. Certaines recettes mentionnent également de la cannelle, des pommes de terre nouvelles, des petites fèves et des coeurs de petits artichauts.
C'est beaucoup plus parlant !

Sources :
-  Jewish- Encyclopedia
- Sites : Marmiton et Allrecipes

vendredi 4 mars 2011

LA JOUEUSE D'ECHECS



Auteur : Bertina HEINRICHS
Editions : Liana Levi  -2005-
Format : Poche  -156pages-

Bertina HEINRICHS est allemande. C'est pourtant en français qu'elle a choisi d'écrire ce premier livre, qui a reçu de nombreux prix régionaux, et c'est dans l'île grecque de Naxos qu'il se déroule, sur très peu de mois.
Eleni, la quarantaine passée, native de l'île où elle vit avec son mari Panis le garagiste et leurs deux enfants, travaille comme femme de chambre, depuis des années,  dans un hôtel qui domine la ville.
Elle aime bien son existence, peut-être parce que sa patronne est sympathique - elle l'attend tous les matins avec une tasse de café- peut-être aussi  parce que son métier lui permet de rêver : quelques vêtements laissés sur une chaise, des pots sur l'étagère de la salle de bains, les sonorités d'une langue que pourtant elle ne comprend pas, ces petits indices lui indiquent toujours d'où viennent les clients  : Allemagne, Italie ou encore mieux France.
Car Eleni à un faible pour Paris.  C'est dans la chambre d'un couple de français justement, la chemise de nuit et le petit flacon de parfum "enivrant" qu'elle prend le temps de respirer ne peuvent mentir, qu'en balayant , elle fait tomber  d'un échiquier une petite pièce noire.
Et cette petite pièce noire va tout changer, bon gré mal gré, dans sa vie, celle de son mari et même celle de son ancien instituteur qui, étonné, va lui servir de mentor et donner à celle que certains appellent "la boniche" une nouvelle dignité.

Ce que j'ai particulièrement aimé :
- La manière dont Bertina Heinrichs décrit la passion qui saisit Elina, car c'est  bien de cela qu'il s'agit. Non par de grandes envolées, mais par l'accumulation de détails prosaïques, ne plus boire son café, "expédier" le dîner qu'elle aimait préparer, éviter l'amie bavarde. Elina n'a plus de temps pour ses ces petits plaisirs, quelque chose de bien plus grand l'attend :
 "Ce lambeau de vie qui lui appartient en propre, où se manifestait une soif d'apprendre jusque là ignorée", "cette sensation de basculer dans un autre univers chaque fois qu'elle s'attablait devant un échiquier".
- Le vocabulaire des échecs,  qui fait rêver :   "La partie espagnole", "la partie viennoise", la défense Cordel moderne", le système Rauser", l'attaque Max-Lange" la défense sicilienne "le gambit Göring" et surtout entre poésie et technologie, "le dragon semi-accéléré" et "le dragon accéléré."

Ce que j'ai regretté :
- N'étant pas joueuse d'échecs,  ne pas pouvoir réellement apprécier la subtilité des tactiques mises en oeuvre par Eleni.
- Bêtement, je dois le reconnaître, la référence précise au parfum, qui accompagne et structure cette aventure intérieure.

Voilà donc un livre que j'ai lu avec plaisir. Je crains cependant de l'oublier assez vite, sans pouvoir expliquer pourquoi.

Malheureusement, malgré mes recherches, je n'ai pas trouvé de références à une version en anglais.

J'ai lu ce livre dans le cadre de "Lire à Embrun 2011"

mercredi 2 mars 2011

LES DRÔLES DE MOT DU MERCREDI

Lorsqu'on rencontre dans un livre un mot d'origine étrangère, le plus souvent imprimé en italique, on en comprend, en général,  à peu près le sens.
Mais combien de fois ne se dit-on pas aussi :
"Mais c'est quoi exactement ?"
La lecture de "Mille soleils splendides" de Khaled Hosseini, a été l'occasion pour moi de revivre cette expérience.

J'aurais bien aimé avoir une image plus précise de la kolba dans laquelle vivent Mariam et sa mère Nana ! J'ai compris que c'était une (très ) petite maison, voire une hutte un peu solide, sans arriver pourtant à m'en construire une image précise... Je resterai sur ma faim, car malgré mes recherches je n'en ai pas appris plus!

J'ai eu plus de chance avec le chapan :
"L'homme qui lui parle a une barbe striée de gris et porte un chapan par-dessus une tunique longue et un pantalon."
il s'agit d'un long manteau, porté par les hommes notamment en Afghanistan,"en laine, en coton ou en soie, dont la coupe protège mieux des rigueurs de l'hiver et dont l'ampleur est compatible avec la monte à cheval et la position accroupie, les devants du manteau couvrant bien les jambes."
Site : Hasangam
Les chapans "par leurs matières et leurs finitions, offrent toute la gamme des façons, du manteau le plus humble au plus prestigieux, du rural au citadin, du bon marché au plus coûteux."

Photo : Reuter




 En fait, le chapan ne nous est pas inconnu !
Nous l'avons vu à de multiples reprises, porté par le Président Afgan, Hamid Karzaï !
A présent nous pourrons le nommer !






Pour finir : le mot chapan est également employé dans l'expression afghane "donner un chapan", ce qui correspond chez nous à "donner un pot de vin".
Dans tous les cas c'est donc le prix d'une faveur obtenue.

Source : Pierre Centlivres et Michèle Centlivres-Demont "Et si on parlait de l'Afghanistan" 1964-1980