Titre original : "Three Years'Wandering in the Northern Provinces of China"
Auteur : Robert FORTUNE
Traductrice : Joëlle VINCENT
Editions : Petite bibliothèque Payot. 2003.317 pages
C'est pour le compte de la Société d'horticulture de Londres, qui vient de le nommer botaniste, que Robert FORTUNE (1812-1880), tout juste trentenaire, entreprend son premier voyage en Chine, au lendemain du traité de Nankin (1842), qui vient de mettre fin à la première guerre de l'opium.
Inutile de dire que les relations entre les deux pays restent assez tendues.
Mais le jeune-homme est entreprenant, courageux, d'un optimisme qui frise parfois l'inconscience et sa passion pour les fleurs, qu'il compte expédier et acclimater dans les jardins horticoles de Chiswick le pousse à toutes les audaces.
Pivoine Moutan. Source : Viagallica |
Arrivé dans "la superbe baie de Victoria", aujourd'hui Hong-Kong, il entreprend un très long périple, qui durera trois ans, jusqu'aux provinces septentrionales de la Chine, pour visiter les jardins et les plantations qui lui permettront d'effectuer sa collecte.
Cette expédition ne se fait pas sans mal, à pied, à cheval, en bateau, dans son costume anglais ou grimé en chinois. Il lui faut échapper aux chiens, ses ennemis récurrents, aux typhons, aux brigands qui peuplent les routes, aux pirates qui sillonnent les mers et même aux mandarins sournois, pourtant parfaitement courtois qui tentent de le tromper, comme il l'a fait lui-même...
Bardé de certitudes, notamment religieuses et de quelques solides préjugés, il a cependant l'esprit ouvert et l'oeil aiguisé.
Chacune de ses étapes, fait l'objet d'une description sommaire mais efficace : aspect du site, description de la villes où il s'établit pour quelques temps, climat, caractéristiques de la population, pratiques religieuses, état du commerce, langue, nourriture... rien n'est passé sous silence.
Plantes, jardins, techniques de jardinage ne sont, bien entendu, pas oubliés non plus.
Tout l'intéresse en fait et c'est l'un des charmes de ce livre.
On apprend tout sur la culture, les récoltes et les traitements du thé. Il met fin, en passant, à la querelle sur l'origine du thé vert et du thé noir, tous provenant du Thea Viridis, contrairement à ce qu' affirmaient d'autres botanistes jusqu'alors. On découvre beaucoup sur le commerce et l'usage de l'opium, dont il voit les ravages autour de lui. On étudie, à sa suite, la culture du mûrier.
On sourit aussi en lisant :
"Pour ma part, je crains fort, que Hong-Kong, ne coure à l'échec en voulant se poser en place mercantile."
ou bien :
"Mais un matin, alors que j'étais sorti de Shangaï, pour marcher dans la campagne environnante..."
On se passionne pour ses aventures rocambolesques, dignes du meilleur roman d'aventures.
De retour Londres, le 6 mai 1846, il constate avec soulagement, que les plantes expédiées sont arrivées en excellent état. Ce sont celles, pivoines arbustives, anémones du japon, orchidées..., que nous admirons encore dans nos jardins ou nos intérieurs.
Anémone du Japon.
Source : Education, environnement, nature et patrimoine.
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Robert FORTUNE reprendra bientôt la mer, se lançant dans de nouvelles aventures, pour dérober aux chinois les plus précieuses variétés de thé...
Mais c'est une autre histoire.