Auteur : HOMERE
Traducteur : Philippe JACCOTTET
Illustrations : Julien CHABOT
Editions : La Découverte 2016- 498 pages-
Depuis quelques années, j'essaie de lire, l'une après l'autre, les oeuvres que je n'avais jamais osé aborder jusque là.
C'est ainsi, qu'il y a deux ans, je me suis lancée dans la lecture de "Moby Dick" d'Herman Melville et que l'an dernier j'ai attaqué -le mot n'est pas trop fort - "Ulysse" de James Joyce.
Dans les deux cas, je suis arrivée au bout de l'ouvrage, ravie de cette lecture pour le premier, emplie d'une certaine (et assez vaine) fierté pour le second. Parmi ces pavés inabordables restaient, entre autres, "l'Iliade" et "l'Odyssée", autour desquels je tournais, sans jamais oser commencer.
Le premier déclic a été la lecture de l'article que Dominique a consacré, au début de l'été, au livre de Jean Soler, "Le sourire d'Homère".
Le second, l'écoute, sur la route, de l'émission de France Culture, consacrée à "l'Odyssée", dans le cadre de "La Grande Traversée", dédiée à "Celui qu'on appelle Homère" .
Non seulement ce fut un moment lumineux, mais également le moyen de choisir la traduction qui me convenait, ce qui a son importance.
Et je me suis lancée. Chaque matin de ce début septembre, tasse de thé en main, jusqu'au dernier vers, émerveillée.
Petit rappel :
"Rien n'est pire pour les humains que ce vagabondage."
Et pourtant ce sont bien les vagabondages d'Ulysse que nous suivons, de l'île où Calypso le retient, jusqu'à sa chère Ithaque.
Ici, l'attendent, sans plus vraiment y croire, son vieux père Laërte, désespéré, dans son jardin, Pénélope, son épouse, assaillie par les prétendants et Télémaque, son fils, un peu plus confiant en un possible retour.
Ici, l'attendent, sans plus vraiment y croire, son vieux père Laërte, désespéré, dans son jardin, Pénélope, son épouse, assaillie par les prétendants et Télémaque, son fils, un peu plus confiant en un possible retour.
L'attente de Pénélope et Télémaque. Skypos à figures rouges 440-435 ac JC Chiusi. Italie. Musée National. |
Mais avant les retrouvailles, il faut qu' Ulysse, fasse appel à toutes ses ressources pour franchir les épreuves- et elles seront nombreuses ! - qui l'attendent. Et même, une fois le pied posé à Ithaque, il lui faudra encore faire preuve de patience et de courage, avant de pouvoir reprendre sa place parmi les siens.
Ulysse reconnu par Euryclée, sa nourrice. Skyphos à figures rouges, 440-435 Chiusi. Italie. Musée National. |
J'ai aimé cet univers où les dieux et les hommes se côtoient avec tant d'aisance. Des dieux souvent si humains par leurs faiblesses, des hommes que leurs qualités rendent presque divins.
J'ai aimé la complexité des épreuves, qui semblent s'enchaîner, sans devoir s'arrêter et le merveilleux dans lequel elles baignent.
J'ai aimé la beauté des caractères.
J'ai aimé la simplicité des sentiments qui dirigent chacun. Ulysse aime sa terre, son père, son épouse et son fils. Laërte aime son fils, Pénélope son époux et Télémaque son père. Les prétendants convoitent Pénélope. Ils méritent la mort et ils la trouveront.
J'ai aimé ce monde où l'hospitalité et la générosité sont des règles absolues.
J'ai aimé la beauté des descriptions : "une toison bouclée comme la fleur de la jacinthe".
J'ai aimé toutes les formules qui scandent le récit, décrivent ou définissent chacun, sans qu'il soit besoin d'en dire plus : "La mer vineuse", "l'aube aux doigts roses", "la peur verte" , Ulysse "l'inventif", "l'ingénieux", "l'endurant", "le rusé", "l'industrieux", "la sage Pénélope", Télémaque "le réfléchi".
J'ai aimé aussi, énormément, cette traduction, faite par un poète, qui m'a permis d'être, parmi tous les autres, simple auditrice devant l'aède.
Le traducteur, Philippe Jaccottet, et l'éditeur ont choisi de renvoyer en fin d'ouvrage la préface, qui devient donc postface, ainsi qu'un bref dossier documentaire. J'ai apprécié cette option qui permet d'aborder l'oeuvre, l'esprit aussi libre que possible.
"Il y aura eu d'abord pour nous comme une fraîcheur d'eau au creux de la main. Après quoi on est libre de commenter à l'infini, si l'on veut."
Philippe Jaccottet
Pour terminer, je voudrais signaler la qualité de cette édition : belle couverture (la " mer vineuse" !), beau papier, typographie très claire, belles illustrations pleines de puissance et de mystère de Julien Chabot.
Alors, n'hésitez plus !