Auteur : Mark TWAIN - 1876 -
Traducteur : non cité
Editions : E.books libres et gratuits - 2007- 250 pages environ
""Tom !"
Pas de réponse
"Tom !"
Pas de réponse
"Je me demande où a bien pu passer ce garçon... ""
Pauvre tante Polly ! Combien de fois aura-t-elle prononcé cette phrase, avec agacement, colère, tristesse, désespoir, dans sa maison du "pauvre petit village de St-Petersburg", au bord du Mississipi ?
Car Tom Sawyer, son neveu orphelin, dont elle a la charge, est tout sauf un enfant sage !
L'école l'ennuie, l'église l'accable, tout ce qui ressemble à une contrainte le consterne, il échangerait bien sa vie contre celle d'Huckleberry Finn, le fils de l'ivrogne du village qui jouit de "tout ce qui rend la vie digne d'être vécue " : ne pas avoir à se laver, ne pas avoir à endosser des vêtements propres, coucher dans une étable, aller nager ou pêcher quand bon lui semble, bref "n'avoir de comptes à rendre à personne".
Alors il louvoie, ment un peu, passe beaucoup plus de temps à tenter d'esquiver les tâches qu'il aurait mis à les réaliser, berne ses camarades... Il se croît malin, sans l'être vraiment, mais il faut bien rêver. Car Tom ne peut s'imaginer que glorieux, surtout depuis qu'il a croisé les yeux bleus de la timide Bettie Thatcher, neuf ans dont il est tombé amoureux.
Mais l'amour ce n'est pas simple et les filles sont bien compliquées : que faire alors pour se faire regretter : Mourir ? pourquoi pas surtout " pour quelques temps" ! Disparaître ? C'est déjà mieux surtout pour revenir "couvert de cicatrices et de gloire" après avoir été soldat ou mieux "grand chef tout couvert de plumes et de tatouages hideux". Mais non, pirate, voilà ce qu'il faut être pour pouvoir ensuite, "à l'apogée de sa gloire", revenir "brusquement respirer l'air du pays natal", entrer "à l'église de sa démarche hardie, le visage basané , tanné par le souffle du large".
"Tom Sayer le pirate, le pirate noir de la mer des Antilles".
Bon, il suffit de franchir le pas ! Tout est simple quand l'injustice s'en mêle, quand son meilleur ami Joe Harper ne peut lui non plus accepter d'avoir été fouetté, quand Huck Finn se présente sans ambition particulière, mais pourquoi pas celle là ?
L'île Jackson sera à eux et bien malin qui retrouvera Tom Sawyer "Le Pirate noir", Huck Finn "Les mains rouges" et Joe Harper "La Terreur des mers".
Ils partiront pour l'île Jackson, ils reviendront de l'île Jackson, après avoir désespéré leurs familles et mesuré à quel point ils sont tendrement aimés. Mais comment résister à l'irrésistible besoin "de s'en aller à la chasse aux trésors" ? Comment résister également au tout aussi irrépressible appel de sa conscience, quand le brave Muff Potter risque la corde, bien traîtreusement accusé qu'il est par l'horrible Joe l'Indien ?
Bien sûr, les aventures reprendront, bien sûr elles se termineront bien...
Livre sculpture de Jodi Harvey Brown*...
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Un livre pour enfants (nuance : à l'époque, "un livre pour garçons") ? Bien sûr !
Retrouver ses dix ans, quoi de plus agréable ? Faire quelques bonnes bêtises, monter dans une barque, dormir à la belle étoile, vibrer au coeur de la nature, retrouver ses premières craintes et ses premiers émois qui peut y résister ?
Un livre pour adultes aussi, comme le voulait Mark Twain à l'origine.
Si Tom Sawyer et Huckelberry Finn c'est lui et trois de ses amis, St Petersburg c'est Hannibal - Missouri - la ville de son enfance et ses habitants, ceux qui furent sa famille, ses voisins.
Quelle belle occasion pour en parler avec tendresse mais pour régler également quelques comptes ! Pour égratigner au passage l' école et son instituteur porté sur la boisson, les ridicules exercices auxquels les malheureux élèves sont contraints, les superstitions partagées par tous, qui guident les actes de chacun, tout un petit monde conservateur, religieux, puritain mais qui sait aussi se regrouper pour veiller à la sécurité des siens.
Par contre pas de critique de l'esclavagisme ici, Huckleberry Finn, pauvre parmi les pauvres se refuse même à "n'avoir qu'un seul nom de baptême, comme un nègre !", le seul "méchant", le véritable assassin est un indien, pire peut-être un "satané métis", dont la mort assez horrible semble réjouir l'auteur au prétexte que celle-ci "eut au moins un avantage, celui de mettre fin à la demande de pétition adressée au gouverneur pour le recours en grâce du criminel."
Quoi qu'il en soit un beau voyage dans le temps et l'espace, la vision d'un monde disparu seulement en partie, car beaucoup de Tom Sawyer courent encore dans nos mémoires comme dans les rues.
C'est bien ainsi !
*... dont vous pouvez admirer d'autres oeuvres ici !