Biographie de Frida KAHLO
Auteure : Hayden HERRERA
Traducteur : Philippe BEAUDOIN
Editions : Anne Carrière 1996
Format : Poche -Le livre de poche n°14573- 606 pages + notes, index, bibliographie.
Titre original :
Frida, a biography of Frida Kahlo
Harper Collins ublishers Inc. New-York 1983
Les tableaux de Frida Kahlo m'ont toujours impressionnés. Ou, pour être plus précise ses autoportraits, qui constituent la majeure partie de son oeuvre. Un beau visage, des sourcils qui dessinent un trait noir au-dessus de ses yeux sombres, une affirmation de soi qui inspire le respect et, sur elle, autour d'elle, derrière elle, des animaux, des plantes, des paysages, qui renforcent le mystère de ce personnage que d'emblée, on suppose hors normes.
Car hors-normes elle l'est !
Par ses origines tout d'abord : un père allemand
(qui l'eût pensé ?) et une mère mexicaine, hispano-indienne, qui construisent la maison bleue de Coyoacàn dans la banlieue de Mexico
- Musée Frida Kahlo aujourd'hui-, où elle naît le 6 juillet 1907 et vit jusqu'à sa dernière heure .
Par sa vie aux multiples drames : au premier rang desquels, le terrible accident de tramway du 17 septembre 1925 qui transforme la vie de cette éclatante jeune-fille de 18 ans, en un véritable chemin de croix, dont les étapes sont ses multiples opérations, hospitalisations, souffrances constantes, qui la conduisent à la mort, le 13 juillet 1954, à l'âge de 47 ans. Sans parler de l'impossibilité dans laquelle elle est de donner naissance aux enfants qu'elle souhaite ou des angoisses dans laquelle la plongent, les infidélités (qu'elle lui rend bien) de celui qu'elle aime et avec lequel elle se marie deux fois, le muraliste Diego RIBERA.
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Frida et Diego Rivera-1931-Musée d'Art Moderne A.M.Bender-
. San Francisco.USA.
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Par ses engagements aussi :
"Je veux trois choses de la vie : vivre avec Diego, continuer à peindre et appartenir au Parti communiste"
Cette phrase qui est presque l'une des dernières qu'elle prononce, montre à quel point son engagement politique fut important pour elle ! Aujourd'hui on est étonné
(c'est le moins que l'on puisse dire) lorsque l'on sait qu'après avoir accueilli Trotski dans la maison de Coyoacàn de janvier 1937 jusqu'au jour de son assassinat en août 1940 et avoir entretenu avec lui une brève liaison, elle choisit Staline pour héros, comme en témoigne la photographie qui ne quitte pas la proximité de son lit durant ses derniers mois de vie ou cet
"Autoportrait avec Staline" peint à la même époque.
Et bien sûr
par son oeuvre :
"Je peins ma réalité. Je ne sais qu'une chose : la peinture est pour moi un besoin. Et je peins toujours ce qui me passe par la tête, sans penser à rien d'autre".
Deux cents tableaux témoignent de ce besoin. Deux cents tableaux, riches en couleurs, en symboles, deux cents tableaux admirés par les surréalistes qui l'exposent à Paris.... et qu'elles méprisent :
"Vous ne pouvez-pas idée, même la plus petite, de l'espèce de vieux cafard que sont Breton et presque toute la bande de surréalistes. En un mot, ce sont de parfaits fils de ... leur mère". Car la dame est cruelle et ne mâche pas ses mots !
Admirés également par son génial mari et de Picasso qui lui écrit :
"Ni Derain, ni moi, ni toi ne sommes capables de peindre une tête comme celles de Frida Kahlo".
A tout ceci, il faut encore ajouter une dernière chose :
son extraordinaire courage : rien ne semble lui faire peur (sinon de perdre Diego) : elle parle, injurie, défile, milite, brave la morale, fume et boit et surtout pendant vingt-neuf ans ne s'apitoie jamais sur elle. Portée qu'elle est par une incroyable envie de vivre et une gaieté dont elle est encore capable de témoigner dans sa dernière oeuvre. Amputée d'une jambe
-elle si fière de sa beauté-, souffrant le martyr, sachant qu'elle va mourir, elle trace sur la toile ces mots
"Viva la vida !"
Vous l'avez compris c'est un livre passionnant, parce qu'il parle d'une personne passionnante ! Passionnant et savant -il s'agit d'une thèse- aussi bien dans le récit des événements, nombreux et riches qui ont constitué la vie de Frida Kahlo, que par les analyses , nombreuses et riches elles-aussi de ses oeuvres.
Un seul défaut ? Une certaine froideur, toute universitaire, étrange dans ce contexte !