mardi 16 avril 2019

L'ABBAYE DE CLUNY...


... où plutôt ce qu'il en reste.





Visiter Cluny , procède  beaucoup de l'exercice d'imagination.
Si cette charmante petite ville, laisse découvrir au hasard de ses rues de nombreuses traces de son brillant passé, dont les imposants bâtiments conventuels du XVIIIe siècle qui abritent depuis 1901, un des sites de l''Ecole Supérieure d'Arts et Métiers" (ENSAM), elle ne peut plus aujourd'hui que laisser supposer la gloire de ce qui fût au Moyen-Age, le plus grand ordre monastique d'Europe, dont la maison mère et sa gigantesque abbatiale, rayonnaient sur mille monastères répartis dans toute l'Europe.


Plans de l'abbaye de Cluny II et III . Source : Bourgogne romane


C'est en 910 que "Guillaume le Pieux, duc d'Aquitaine et comte de Mâcon, fonde une abbaye placée sous la protection des saints Pierre et Paul, dépendant directement du pape" (Cluny I), qui devient rapidement un centre intellectuel important  et "le foyer de la réforme bénédictine".

" C'est le quatrième abbé de Cluny (954-994), Maïeul de Cluny,  qui construisit Cluny II à partir de 963, pour remplacer l'édifice précédent, devenu trop étroit et qui fut détruit à cette occasion. La nouvelle église abbatiale fut consacrée en 981".


Enfin, "la construction de Cluny III débuta vers 1080 sous l'abbatiat de Hugues de Semur... En 1088 eut lieu la pose symbolique d'une première pierre... La nef fut fermée et dédicacée en 1130, mais l'édifice était loin d'être achevé... Interrompu au cours de la deuxième moitié du XIIe siècle, le chantier reprit au début du xiiie siècle et vit l'achèvement de l'immense avant-nef de style gothique en 1220 par l'abbé Rolland Ier de Hainaut,  L'abbatiale devint alors, pour trois siècles, le plus grand édifice religieux d'Occident", avant la construction de Saint-Pierre de Rome.




Abbatiale de Cluny III. Source : passerelles.bnf.fr


Si son déclin est amorcé dès le XVe siècle et s'accélère durant le siècle suivant, dans le contexte des guerres de religion, ce sont les deux siècles suivants, qui malgré une embellie au milieu du XVIIIe siècle, parachèveront sa quasi disparition aussi bien sur le plan spirituel, avec la dissolution des ordres monastiques sous la révolution, que physiquement, puisque durant tout le XIXe siècle, cet ensemble sera livré aux marchands de biens et peu à peu dépecé.





Alors aujourd'hui, comment pouvons-nous découvrir l'abbatiale fantôme du Moyen-Age ?

Avant de commencer la visite et de prendre vos billets dans le palais dit "du pape Gélase", qui accueille aujourd'hui les visiteurs, je vous conseille de continuer droit devant vous puis de prendre la vaste esplanade et l'escalier monumental, qui montent à gauche jusqu'à l'avant nef, ajoutée en 1130, dont il reste quelques traces. En vous retournant vous pourrez apprécier ainsi la taille de l'abbatiale, dont on a, sinon,  difficilement une idée.

Ceci fait, en retournant sur vos pas, vous pourrez commencer la visite elle-même et admirer, le coeur serré, les vestiges de cette extraordinaire église.




Le plus spectaculaire reste certainement le fragment du grand transept, qui présente encore une coupole qui culmine à 31m et qui nous rappelle l'échelle de ce grandiose édifice.





Les bases des colonnes de la nef, en partie dégagées, ont été restituées, et  nous aident à comprendre
la structure des voûtes qui rythmaient le grand vaisseau.




Les huit chapiteaux du "rond-point du choeur de la Maior Ecclesia",  conservés aujourd'hui dans le farinier, nous font rêver  à toutes les sculptures disparues*, qui devaient composer un programme  d'une grande richesse iconographique  et symbolique :

On peut ainsi admirer, le chapiteau "des quatre derniers Tons du chant grégorien", avec leurs instruments et leurs symboles,







le chapiteau des "arbres et fleurs du Paradis" avec ses quatre fleuves,




 ou encore celui des "Vertus et/ou arts libéraux", avec ces quatre figures dans des mandorles en amande.

La force ou la rhétorique -vers1100 -


Répartis sur un vaste périmètre, vous pourrez ensuite découvrir les traces des autres bâtiments médiévaux, souvent insérés dans d'autres plus tardifs.

Ainsi en est-il des restes de la salle capitulaire,  de ceux du choeur de Cluny II et surtout, très bien restauré le farinier datant du XIIIe siècle, "seul bâtiment à usage domestique qui subsiste" et qui "servait au stockage des denrées".

Sa magnifique charpente nous laisse imaginer la beauté des parties plus nobles de l'abbaye aujourd'hui disparues.





Pour l'abbaye médiévale,  hélas,  c'est tout ou à peu près.

Commencé il y a quelques jours, cet article a été terminé au lendemain de l'incendie qui a détruit notamment la toiture et la flèche  de Notre-Dame de Paris et endommagé, sans qu'on sache encore à quel point, le reste du bâtiment.
Une occasion pour moi de remercier les pompiers de Paris et de l'Île de France, sans qui la cathédrale pourrait n'être plus, comme Cluny, qu'un souvenir. 



* "le palais Jean de Bourbon édifié au XVe siècle et qui accueille  le musée d'Art et d'Archéologie de le ville" et que nous n'avons pu visiter en accueille d'autres exemples dont quelques  fragments du grand tympan.



lundi 8 avril 2019

INDIGNATION





Titre original : "Indignation" - 2008 -
Auteur : PHILIP ROTH
Traduction : Marie-Claire PASQUIER
Editions : Folio Gallimard - 2010 - 238 pages

Si Marcus Messmer, dix-neuf ans en cette deuxième année de la guerre de Corée, n'avait pas perdu deux de ces cousins germains à la guerre "fantassins sans grade" qui s'étaient fait tuer "l'un à Anzio en 1943, l'autre dans la bataille des Ardennes en 1944",

si son père, boucher kasher de son état à Newark, n'était pas devenu fou d'angoisse à l'idée que "son fils unique et bien-aimé" ait à "affronter les périls de l'existence...", "fou d'avoir aussi découvert qu'un petit garçon grandit, en âge et en taille, qu'il se met à éclipser ses parents, et qu'à ce moment-là on ne peut pas le garder pour soi, qu'il faut le livrer au monde",

si Marcus n'avait pas choisi, après un an de  constante surveillance  paternelle, de quitter sa petite université de Newark, pour le Winesburg Collège, à des kilomètres de là, dans l'Ohio,

s'il n'était pas tombé amoureux d'une jeune-fille fragile aux moeurs trop libres pour sa propre expérience amoureuse,

si le Président et le Doyen de cette université n'avaient pas été conservateurs, au point d'obliger tous les étudiants, quelque soit leur croyance à suivre quarante offices religieux durant leur première année de scolarité, 

si les règles régissant les rapports entre garçons et filles n'avaient pas été aussi strictes,

si la mère de Marcus, par ailleurs la meilleure des femmes, avait pu faire preuve de plus d'ouverture d'esprit et  avait moins bien manié le chantage,

si le Doyen de Winesburg, n'avait pas trouvé inquiétant que cet étudiant modèle, change deux fois de chambre pour pouvoir travailler en paix et refuse, pour les mêmes raisons de s'inscrire à l'une des fraternités du campus,

si Marcus lui-même, n'avait pas été  "aussi mal préparé à la vie", si ce garçon  pétri par le sens du devoir et corseté dans sa volonté de réussir coûte que coûte ses études, pour compenser les sacrifices financiers de ses parents et échapper au sang de la boucherie familiale, comme à celui du  front coréen, avait pu faire preuve d'un peu plus de souplesse,

sa destinée aurait pu être toute autre.

Mais on ne choisit pas, et comme le dit Marcus lui-même à sa mère avant de partir dans sa chambre en claquant la porte :

"le moindre incident peut avoir des conséquences tragiques."







Vingt-huitième livre de  Philip Roth et second ouvrage du cycle "Némésis"  composé de quatre romans courts publiés entre 2006 et  2010, "Indignation", évoque, comme "Némésis" (dernier roman du cycle), le destin d'un tout jeune-homme dans une Amérique en guerre. Les deux héros, ont bien des points communs. Bons garçons tous les deux, tous les deux ont en lot une vie pareillement brisée, bien que de façon différente.
Si celle de  Bucky  est en partie son choix, celle de Marcus ne l'est pas, bien qu'il en soit aussi partiellement responsable.
L'un retourne sa douleur contre lui-même, l'autre sa colère - son indignation - contre un monde auquel il ne comprend pas grand chose.
Pas plus l'un que l'autre ne savent en fait s'adapter et en payent le prix fort.

Roman sur le destin, "Indignation" (comme "Némésis"),  nous renvoie à ce qui constitue le fil de nos vies.
Entre déterminisme et hasard, il nous laisse devant ce mystère, que chacun d'entre nous aimerait pouvoir élucider avant qu'il ne soit trop tard.


Dans leurs commentaires à mon texte sur "Némésis", Claudialucia et Dasola m'avaient fait part,  du plaisir qu'elles avaient tiré de la lecture d"Indignation", Dasola le préférant à" Némésis".
Pour ma part, j'ai énormément aimé ces deux livres et suis bien en mal d'affirmer une préférence.
Je pense que "Némésis", m'a peut-être plus particulièrement touchée, parce que je pense partager quelques traits de caractère avec Bucky et que j'ai aimé , mais d'une manière moins personnelle, l'indignation qui anime Marcus comme Philip Roth lui-même.
Bref une "réponse de normand" (pardon Aifelle) ! 



Monument aux morts de la guerre de Corée. Washington D.C.

dimanche 7 avril 2019

DES NOUVELLES DU FRONT INFORMATIQUE



Petit résumé de la situation après de longues heures de travail inutile.

Vos commentaires a priori m'arrivent bien et je n'ai plus qu'à les publier après approbation.

Mes commentaires sur vos blogs, publiés en tant qu"Annie", s'affichent sur les blogs dont la plate-forme n'est pas BLOGGER, les autres disparaissant je ne sais où.

Sur ceux dont la plate-forme est Blogger, j'ai découvert grâce à Keisha qu'ils étaient publiés si je répondais en tant qu'"Anonyme".... Je n'ai donc plus qu'à signer ensuite ces réponses pour que vous sachiez qui est cet intrus.

De la même façon je ne peux répondre à vos commentaires sur mon blog, qu'en étant "Anonyme"...

Je ne sais pas si vous avez bien suivi ce délire.
J'espère juste que cela ne durera pas trop longtemps.

Merci en tout cas pour votre soutien !

Les "Corbeaux"  ont encore de beaux jours devant eux !





samedi 6 avril 2019

PROBLEMES TECHNIQUES



Je viens de me rendre compte qu'une bonne dizaine de vos commentaires (surtout provenant de Keisha et de Tania)  étaient restés bloqués je ne sais où , et que je n'en avais eu aucun écho. Ce qui explique pourquoi ils n'étaient pas publiés, ce dont je vous demande de bien vouloir m'excuser.

Aujourd'hui de mon côté, je n'arrive pas à répondre à vos commentaires.
Bien sûr je n'y comprends rien et suis preneuse de vos lumières, si vous avez déjà rencontré ce problème.
J'espère que tout cela va bientôt être résolu.
L'espoir fait vivre !






mercredi 3 avril 2019

BRIBES DE PAUSE



Changer d'altitude et de latitude et retrouver le printemps qu'on aime, naïf comme un dessin d'enfant.




Lire, au gré des envies et atteinte par le virus inoculé par Dominique :
"Middlemarch" de George Eliot (article  peut-être, à venir, si j'arrive à rassembler mes idées),
" Indignation" de Philipp Roth (article à venir),
"Berezina" de Sylvain Tesson, que je ne peux m'imaginer sans rire, chapeau de Napoléon sous la capuche et drapeau de la grande armée flottant au vent, fendant l'espace sur son side-car.






 Me promener au milieu des collines du Mâconnais, toute étonnée qu'un si paisible paysage puisse encore exister.

Y retrouver les pas de Lamartine et le souvenir de parents disparus, qui reposent à présent au si joli cimetière de Mazille.


Château de Saint-Point Lamartine



















Le cimetière de Mazille. Source : voyages.topexpos.fr


















Visiter Cluny et s'émerveiller devant les vestiges de son immense abbaye en se demandant comment une telle splendeur a pu servir de carrière durant un siècle (article à venir).




Etre les premiers visiteurs de l'année, dans la chapelle de Berzé-la-Ville, dont je rêvais depuis longtemps de découvrir les fresques (article à venir).




Rentrer chez soi, retrouver le cours de la vie habituelle et me dire qu'il serait grand temps de reprendre ce blog.



A tout de suite !



jeudi 14 mars 2019

PAUSE PRINTANIERE






Il est temps pour moi d'aller voir plus au nord, si ces charmants "coucous" ont déjà refleuri.
Retour début avril.
Bonne fin de mois de mars à toutes et à tous.

vendredi 1 mars 2019

NEMESIS







Auteur : PHILIP ROTH
Editions : Vintage Books. A division of Random House, Inc. New-York -2010- 280 pages.


Comme il aurait été regrettable de laisser sur une étagère de la bibliothèque, ce livre acheté lors d'un beau voyage il y a quelques années, et oublié depuis.


Nous sommes à Newark en 1944. Par un début d' été torride, les enfants de Weequahic,  le quartier juif de la ville, se retrouvent chaque jour nombreux autour d'Eugène Cantor, que tout le monde appelle "Bucky", jeune professeur d'éducation physique, qui assume, durant les vacances, les fonctions d'animateur du terrain de jeux, que fréquentent les  jeunes garçons, qui ne peuvent bénéficier de l'air réputé plus sain de la mer ou de la montagne. Ils ont douze ans ou plus, aiment jouer au foot-ball américain, ou regarder leur maître lancer le javelot.
Celui-ci, âgé d'un peu plus de vingt ans est un athlète accompli, que seule sa vue extrêmement défaillante a empêché d'être enrôlé dans l'armée, comme l'ont été ses deux meilleurs amis, Jake et Dave, qui combattent en ce moment sur le front français.  C'est un dur renoncement pour ce jeune-homme, dont la mère est morte en le mettant au monde et que son père, un voleur, a abandonné pour leur plus grande joie à ses grands-parents maternels : sa grand-mère l'a entouré de tendresse, tandis que son grand-père, mort récemment, lui a transmis un  puissant sens du devoir : Il doit être un homme fort, qui sait maîtriser ses émotions, faire fonctionner son cerveau tout autant que ses bras et ses jambes et ainsi ne permettre à personne  de le diffamer en le traitant de gringalet ou de poule mouillée de juif.

En ce début d'été, Cantor est heureux : il exerce le métier qui lui plaît, il retrouvera bientôt sa presque fiancée, Marcia, une jeune professeure, animatrice durant l'été dans un camps de vacances en montagne. Il se sait apprécié de tous.
Mais, dans le quartier italien de la ville,  un premier cas de poliomyélite  vient d'être enregistré et la vie de tous va bientôt en être bouleversée.


Poumons d'acier. Etats-Unis. Années 50


Racontée près de trente ans plus tard, par l'un des jeunes garçons qui fréquentaient le terrain de jeux, cette histoire est aussi simple que poignante. Ce qui rend cette lecture profondément touchante, c'est le sentiment que l'on acquiert très vite, qu'une catastrophe se prépare, que nombreux sont ceux qui ne pourront s'y soustraire : enfants enlevés en quelques heures, parents pétrifiés  ou qui perdent toute mesure devant ces pertes inimaginables, jeunes adolescents dont on sait, lorsqu' ils  en réchappent, que leur vie en sera cependant définitivement transformée, comme  le sera celle de Cantor.
 Tout au long du roman, Némésis est présente : peut-on échapper à son destin, en quoi sommes-nous responsables du notre et de celui des autres, quel est ce dieu capable de produire de telles horreurs ?

Pourtant, la vie belle et simple continue aussi : personnages positifs, comme celui du père de Marcia ou celui du narrateur, enfants pleins de vie ouverts à toutes les joies que celle-ci peut leur offrir, amour partagé.

Ce très beau et touchant livre sur le destin - celui qui nous est imposé, celui que nous nous imposons- fait découvrir un Philip Roth bien différent du "père" de Zuckerman, dont Tania nous a parlé récemment dans cet article, les précédents et les suivants.

Je me permets de conseiller vivement ce texte à tous les "grands coupables", victimes de leur sens du devoir exacerbé,  qui sans s'en rendre compte et pour leur plus grand mal, ajoutent de la douleur à la douleur.
Une peu modeste façon pour moi, sans doute, de vouloir infléchir leur vie en espérant ainsi les aider à échapper à un avenir inutilement funeste.
 A moins que...



C'est le 12 avril 1955, que le professeur JONAS SALK (1914-1995), a annoncé, que le vaccin qu'il avait mis au point avec son équipe, agissait, libérant ainsi des millions de familles à travers le monde, de la terrible peur que cette maladie, inspirait.