Titre original : "Sea of Poppies" - 2008-
Auteur : AMITAV GOSH
Traduction : Christiane BESSE
Editions : Robert Laffont 10/18 -2010- 662 Pages.
Je ne suis jamais aussi à l'aise en commençant un article, que lorsque je déborde d'enthousiasme après la lecture d'un livre. Les phrases me viennent toutes seules et s'enchaînent alors sans difficulté.
Me voici aujourd'hui beaucoup plus hésitante, n'arrivant pas à déterminer exactement pourquoi celui-ci m'a moins emportée que ce que je ne l'espérais après la lecture de l'article que Papillon a consacré au tome suivant de cette trilogie.
Tout commence donc au bord du Gange, vers 1835, lorsqu'une jeune indienne aperçoit "un immense navire à deux mâts portant de grandes voiles d'une blancheur éblouissante".
Ce bateau, c'est l'Ibis, ancien transporteur d'esclaves, arrivé à Calcutta après un éprouvant voyage depuis Baltimore, équipage pratiquement décimé et remplacé par un bataillon de "lascars", dirigé de fait par un jeune charpentier de marine, Zachary, devenu presque commandant par la force des évènements et qui n'a strictement rien à voir, il faut bien le dire, avec "le mulâtre qui joue au petit blanc" évoqué sur la quatrième de couverture.
L'Ibis vient d'être racheté par un riche négociant Mr Burnharm, qui souhaite l'utiliser , pour transporter une dernière fois, vers l'île Maurice un contingent de "girmitiyas", des esclaves libres en quelque sorte, appelés à travailler dans les plantations locales.
Dans un premier temps c'est donc vers ce bateau que vont converger, parfois sans le savoir, tout un ensemble de personnages dont le seul point commun est d'avoir vu leur vie bouleversée : raja qui se croit encore puissant, fille orpheline d'un botaniste français , veuve indienne et son nouvel époux, chinois opiomane, troupe de miséreux parfois vendus par leur famille...
Dans un second temps, c'est sur l'Ibis que nous les retrouverons, qui dans un cachot, qui dans la cale, qui sur le pont ou dans une cabine d'officier...
Le destin de chacun se décidera en mer, au gré des passions et des hasards.
Ce récit est l'occasion pour nous de découvrir les ravages de l'opium, de sa culture, qui prive peu à peu les paysans de toutes terres vivrières, de sa transformation dans d'immenses usines où les ouvriers sont réduits à néant, jusqu'au pauvre homme, consommateur invétéré, au dernier stade de la déchéance.
Occasion également de découvrir l'extraordinaire complexité de la société indienne, le luxe insensé, dans lequel vivent les plus nobles, la misère totale, à l'autre extrémité, des membres des castes les plus inférieures.
En écho, la vie des négociants anglais se révèle, leurs parcours parfois tortueux, leur religiosité hypocrite, leurs richesses si mal acquises.
Mais tout cela est fort intéressant, allez-vous me dire. Et je vous approuve d'autant plus que le récit est porté par un style plein de souffle, qui nous donne à admirer tout autant la beauté du monde sur terre et sur mer, qu'à découvrir ce que peuvent en être les bas-fonds.
Alors qu'est-ce qui m'a gênée ?
D'une part, l'absence totale de notes qui expliciteraient tous les termes notamment bengalis dont le récit est truffé. Alors que cette idée - rechercher le terme juste- est en elle-même passionnante et révélatrice de la complexité d'une société, cette absence m'a laissée réellement frustrée, même si le récit reste tout à fait compréhensible.
D'autre part, un peu trop de hasards heureux, de scènes assez peu vraisemblables, de personnages qui arrivent à se détacher brusquement des chaînes de leur éducation ou de leur passé, qui rendent le récit parfois assez invraisemblable.
Pourtant le bilan étant majoritairement positif, j'ai déjà entre les mains le tome suivant, histoire de connaître la destinée de chacun et, je l'espère, de faire disparaître mes présentes objections.
Voilà un auteur que je ne connais que de nom....
RépondreSupprimerBon dimanche !
Merci Marie. A toi également très bon dimanche. Ici ce sera entre soleil et pluie, mais au milieu des mélèzes qui commencent à dorer. C'est splendide.
SupprimerParfois c'est aussi une question de moment pour une lecture .. tu verras si le 3e tome t'emporte à nouveau complètement.
RépondreSupprimerJe vais déjà "attaquer" le second, celui que Papillon avait beaucoup apprécié !
Supprimerun auteur dont j'ai énormément apprécié le pays des marées
RépondreSupprimerce roman là je l'ai beaucoup aimé par contre la suite m'a peu intéressée
ici j'ai aimé le vrai roman d'aventure, et le tableau vivant chaleureux et violent d'une société
C'est en effet ce qui fait le charme de ce livre : le souffle de l'aventure et la description somptueuse de la société indienne. Je vais persévérer, car je n'aime pas rester ainsi sur un sentiment mêlé !
SupprimerJe suis ravie de t'avoir donné envie et un peu désolée que tu ne sois pas plus enthousiaste... Je vais quand même lire ce premier volume de la trilogie, parce que le contexte historique m'intéresse beaucoup.
RépondreSupprimerNe sois pas désolée, car j'ai été heureuse de lire malgré les quelques bémols que j'ai mis dans les commentaires. D'ailleurs j'ai déjà acheté le tome 2. Bonne journée.
SupprimerIl est souvent plus simple d'expliquer ce qu'on a aimé dans un livre que ce qui nous a gênée ou déplu, c'est vrai. Je n'ai rien lu de cet écrivain - que de mondes à découvrir !
RépondreSupprimerOui, et il est parfois difficile d'y renoncer même temporairement ! J'aimerais souvent faire preuve de plus de rigueur dans mes lectures, mais j'apprécie aussi de passer d'un monde à l'autre au gré de mes découvertes.
SupprimerComme Marie, je n'ai jamais entendu parler de cet auteur. Les cultures inconnues m'attirent toujours.
RépondreSupprimerPeut-être faudrait-il apprendre le bengali avant de s'y mettre?¿?¿:-))
Bonne journée Annie, les orages se sont éloignés, enfin.
L'absence de notes (traduction, explication,...) est récurrent chez beaucoup d'éditeurs aujourd'hui. Non contents de nous fourguer des livres en papier chiotte qui se décollent au moindre choc, ils n'ont aucun respect pour les lecteurs.
RépondreSupprimerBonne continuation avec le tome suivant et bon week-end, Annie.