lundi 29 juillet 2019

BLEUES


Juste à l'endroit où la route du col du Galibier, rejoint celle du col du Lautaret, face au magnifique massif de la Meije et au glacier de l'Homme, que l'on admire d'autant plus qu'on le sait menacé, s'étage, à 2060 mètres d'altitude LE JARDIN ALPIN DU LAUTARET.

Riche de 2000 plantes alpines (= d'altitude) du monde entier - les plantes propres aux Alpes sont des plantes alpiennes - c'est chaque année un enchantement et une source de connaissances toujours renouvelée.




Cette année, je ne sais pourquoi, j'ai choisi de m'intéresser particulièrement aux fleurs bleues, exercice moins facile qu'il n'y parait, chacun ayant du bleu une perception très personnelle, comme me l'ont prouvé les discussions  animées, entamées devant certains spécimens : bleus ?  Mauves ?  Violets ? chacun ayant son avis et y tenant.

Ceci n'est donc que mon choix....

Tout d'abord omniprésente à ce moment de l'année, voici, la Polémoine bleue  (il en existe également une blanche), inconnue à l'état sauvage dans le reste des Hautes-Alpes,  mais qui par contre ici  est partout dans le jardin, formant de belles masses d'un bleu intense.




En matière d'intensité elle est cependant dépassée par le coussin formé par cette belle inconnue, une incongruité dans ce lieu où tout est soigneusement étiqueté,




ou par celui, tout aussi éclatant, du grand  Pied d'alouette.




Le bleu sait aussi se faire plus discret, tel celui de cette charmante Véronique  d'Autriche, dont l'aire s'étend du centre de l'Europe, jusqu'à la Russie.




D'un ton encore plus doux, voici le bien nommé, Pavot hérissé, natif de Chine et de l'Himalaya.
Il reste aussi délicat que parfait à mon goût...





Enfin, voici  les "vedettes", aussi incontestables qu'incontestées !

La première est locale : le Panicaut des Alpes, dont le bleu gris s'affirme, lorsqu'il est pollinisé, indiquant  ainsi aux rares insectes qui vivent à cette altitude, qu'ils doivent à présent s'occuper de ses voisins*.







La seconde, délicatement ombragée sous le couvert d'un arbuste, laisse sans voix :  le Pavot Bleu de l'Himalaya aussi beau à peine ouvert qu'épanoui, vers lequel se penchent tous ses admirateurs éblouis.







Et les gentianes me direz-vous. Je n'en ai pas vu ici. Par contre j'ai eu le bonheur d'en admirer deux au retour,  sur les tables des "Floralies Alpines de Serre-Chevalier", dans le village de La Salle-les-Alpes.
 
Voici donc pour terminer  la Gentiane à feuilles orbiculaires,




et la minuscule et si belle, Gentiane de Bavière,




Bleues, oui, vraiment bleues !


 *Source : reporterre.net

lundi 8 juillet 2019

ÊTRE AMOUREUX


" Nous le rejoignîmes : en effet c'était une nuit comme je n'en vis plus jamais par la suite. La lune pleine se tenait au-dessus de la maison, derrière nous, de sorte qu'on ne la voyait pas et que la moitié de l'ombre du toit, des poteaux de bois et des rideaux de toile de la véranda était couchée de biais, en raccourci, sur le sentier sablonneux et sur le cercle de gazon. Tout le reste était clair, enveloppé par la rosée argentée et par la lumière de la lune. Le large chemin fleuri que recouvrait d'un côté l'ombre oblique des dahlias et de leurs tuteurs, toute claire, froide et brillante avec son gravier irrégulier, se perdait dans le brouillard et le lointain. A travers les arbres, on apercevait le toit lumineux de la serre, et du fossé montait un brouillard qui s'épaississait. Déjà quelques bosquets dénudés de lilas étaient lumineux jusqu'à leurs rameaux. On pouvait distinguer l'une de l'autre toutes les fleurs trempées par la rosée. L'ombre et la lumière se fondaient si bien dans les allées que celles-ci semblaient faites non d'arbres et de chemins, mais de maisons transparentes, oscillantes et frémissantes. A droite, dans l'ombre de la maison, tout était noir, indistinct et effrayant. Par contre, la cime capricieusement déployée du peuplier qui restait là bizarrement près de la maison, en haut dans la vive lumière, au lieu de s'enfuir quelque part, très loin dans le ciel bleuâtre qui semblait s'éloigner, émergeait, encore plus claire, de cette obscurité[...]



"La Nuit, effet de lune". Félix Valotton.

Il ne m'avait jamais donné le bras, ce fut moi qui pris le sien et il ne trouva pas cela anormal [... ]
Tout le monde, ce ciel, ce jardin, cet air n'étaient plus ceux que je connaissais.
Lorsque je regardais en avant, dans l'allée que nous suivions, j'avais tout le temps l'impression qu'on ne pouvait aller plus loin dans cette direction, que là-bas le monde du possible prenait fin, que tout cela devait être fixé à jamais dans sa beauté. Mais nous avancions, le monde enchanté de la beauté s'écartait et nous laissait passer ; notre jardin familier semblait être là-bas lui aussi, avec ses arbres, ses sentiers, ses feuilles mortes. En effet, nous longions des chemins, nous posions le pied sur des cercles de lumière et d'ombre, une feuille sèche craquait sous nos pas, un rameau frais effleurait mon visage. C'était bien lui qui, marchant d'un pas égal sans mot dire à côté de moi, soutenait mon bras avec précaution ; c'était bien Katia qui nous emboîtait le pas en faisant grincer ses souliers. Et c'était assurément la lune qui brillait dans le ciel au-dessus de nous à travers les branches immobiles...
Mais à chaque pas derrière nous et devant nous, le mur enchanté se refermait et je cessais de croire qu'on pût encore aller plus loin, cessais de croire en tout ce qui était.
- Oh ! une grenouille ! fit Katia.
" Qui dit cela et pourquoi ?" songeai-je. Mais ensuite je me rappelai que c'était Katia, qu'elle avait peur des grenouilles et je regardai à mes pieds. Une petite rainette fit un bond et disparut sous mes yeux, et l'on vit sa petite ombre sur l'argile claire du sentier.
- Et vous, vous n'avez pas peur ? me dit-il.
Je tournai la tête vers lui. Un tilleul manquait dans l'allée à l'endroit où nous passions... je voyais nettement son visage. Il était si beau, si radieux...
Il m'avait dit  : " Et vous, vous n'avez pas peur ?" J'avais entendu : "Je t'aime, chère enfant !" "Je t'aime, je t'aime !" répétaient son regard, son bras ; et la lumière, et l'ombre, et l'air, tout répétait les mêmes mots."


Extrait de : 

TOLSTOÏ. 
"Le bonheur conjugal

Traduction de Sylvie LUNEAU
Editions : Gallimard. Folio classique n° 622 (contient également "Le Diable" et "Lza Sonate à Kreutzer".)

lundi 1 juillet 2019

FRAÎCHEUR DES CHAMPS, FRAÎCHEURS DES VILLES...


Vous reconnaîtrez que je fais preuve d'un bel optimisme ou peut-être d'un sérieux dérangement mental, en utilisant par les temps qui courent, le joli mot de FRAÎCHEUR.

Pourtant, pour lutter contre les 40° et parfois plus en ville, qu'il nous a fallu affronter, et ce n'est probablement et malheureusement pas prêt de s'arrêter, j'ai trouvé durant ces dix jours, deux excellentes solutions :

Fraîcheur des champs :

Monter encore plus haut qu'à l'altitude où nous habitons ; dépasser Briançon et prendre la route de l'Italie ; juste avant d'entamer la montée du col du Montgenèvre, tourner à gauche ; entrer dans la merveilleuse vallée de Névache, et rouler lentement le long du torrent devenu ici presque une rivière ; traverser les villages déjà fleuris, mais encore de lilas et de pivoines ; atteindre le dernier, au moment où les premiers touristes de l'été sont déjà attablés à la terrasse de ce qui semble être le seul restaurant ; suivre une flèche et découvrir ce beau lieu *, où des tables sont dressées sous les arbres et les lilas en fleurs ; s'attabler pas très loin de la fontaine et se dire qu'ici, ma foi,  il fait vraiment très bon....







Fraîcheur des villes :

Après avoir déjeuné rapidement à une terrasse, car il fait trop chaud, car il y a trop de bruit, fait quelques courses nécessaires, dont pas mal de livres - on comprendra la nécessité -  se demander alors comment meubler le restant de cet après-midi puisque même la visite d'une autre librairie ne nous dit rien, ;  penser alors  au musée**, dont on admire régulièrement les expositions.
S'y rendre en rasant les murs et en s'accordant la pause "glace" que l'on trouve nécessaire.
Entrer dans le musée et respirer : il y fait délicieusement frais et le public est rare. Obtenir ses tickets sans contrepartie, canicule ici égale gratuité. Pénétrer dans les vastes salles aux murs blancs et aux sols parquetés de clair. Se dire que l'on n'a plus qu'à admirer, d'autant plus facilement que les fauteuils regroupés au centre sont  bien confortables.

Il y a des fleurs et des fruits :

Frédéric BAZILLE Fleurs. 1868




Osias BERT (1580-1642). Fruits et verres



Des paysages qui en cette saison font rêver :

Francesco FOSCHI. Paysage montagneux sous la neige avec diligence. 1805.




Gustave DORE. Lac en Ecosse après l'orage.







































Des jardins accueillants :


Georgette AGUTTE (1867-1922). Le café dans le jardin.




Georgette AGUTTE (1867-1922). Le jardin à Bonnières.





Des animaux charmeurs :


Marc CHAGALL (1887-1985) Le marchand de bestiaux




Georges LEBRUN. La chasse. Avant 1914






Des visages émouvants ou pleins d'énergie :


Victoria DUBOURG (1840-1926). 
Portrait de Melle Charlotte Dubourg, soeur de l'auteur.













Attribué à Adelaïde LABILLE-GUIARD ( 1749-1803)
Portrait d'un artiste.


Des rêves éveillés :


Séraphine LOUIS, dîte  Séraphine de Senlis.
Fruits. Vers 1928



























Marc CHAGALL (1887-1985)
Songe d'une nuit d'été.


























Largement plus de deux heures après, vivifié, on se sent prêt à affronter la touffeur du soir.


Au coeur du village de Névache - Le Creux Des souches - Gite - Auberge - Restaurant
Tel : +33(0)492211634 - Mail : lecreuxdessouches@gmail.com
** Musée de Grenoble : 5, place de Lavalette. 38000 Grenoble