Tome 2 : "Enfants de toutes les nations"
Tome 3 : "Une empreinte sur la terre"
Auteur : PRAMOEDYA ANANTA TOER
Traduction : Dominique VITALYOS
Couvertures : David PEARSON
Editions : Zulma, 2017 et 2018 -501 et 659 pages-
C'est bien connu : "Quand on aime on ne compte pas ". Que dire alors lorsqu'on est prise de passion ?
La passion, cependant étant chose toute personnelle, j'ai donc choisi, pour ne pas vous accabler, de rendre compte en même temps des tomes 2 et 3 de la tétralogie de PRAMOEDYA ANANTA TOER pour laquelle je vous ai déjà fait part de mon enthousiasme dans un billet précédent.
Autant vous le dire tout de suite, celui-ci n'a pas diminué à la lecture de ces plus de 1100 pages.
Minke, notre jeune aristocrate javanais, partagé entre son admiration pour l'Europe et son sens de la justice poursuit de manière chaotique son existence d'indigène lettré et occidentalisé. Ses premières expériences ont été terribles et l'ont mis en marche.
Celles qui suivent et que nous découvrons dans ces volumes, lui permettent, degré après degré, de découvrir les souffrances de son peuple ou plus exactement des peuples qui, conquêtes après conquêtes, ont permis de construire les Indes Néerlandaises et d'en approcher également ce qui en fait les limites : multi-ethnicité mâtinée de racisme, structures sociales quasi de castes, goût effréné pour les marques avilissantes de respect, habitudes de soumission au plus fort en cascade, qu'il soit "pur blanc", métis, ou "bupati"*.
Tout en restant attaché aux apports des occidentaux : les sciences, les rapports entre hommes et femmes, une attitude d'action et non de soumission, il découvre ainsi, petit à petit, l'étendue des méfaits des colonisateurs, avec lesquels cependant il doit continuer à frayer dans un jeu de chat et de la souris, qui lui vaut des inimitiés des deux bords.
Ce n'est pas une progression rectiligne que la sienne, chaque expérience remettant en cause ses certitudes.
Que ce soit le choix de la langue dans laquelle il se doit d'écrire, la question principale étant alors : "Ecrire mais pour qui ?", où les actions qu'il doit poser pour aider son peuple d'abord à s'organiser pour se défendre, puis accéder à l'éducation avant de pouvoir se libérer. Créateur du premier syndicat des "Indes" et patron du premier journal indigène, Minke va aller de victoires en déconvenues tout aussi retentissantes les unes que les autres.
Ce "séducteur" progressiste, toujours appuyé voire guidé par des figures féminines d'exception, a autant de mal à bâtir sa vie personnelle cruellement marquée par la mort et une épreuve intime qu'il a du mal à accepter, sans parler de ses persécuteurs, qui le suivent pas à pas, sans jamais de lasser.
Tout cela est bien compliqué me direz-vous. C'est un fait.
Mais c'est aussi ce qui fait tout l'attrait de cette oeuvre : la ou plutôt les complexités, de la situation politique et sociale, des peuples indonésiens, du personnage principal...
Et pour ne rien gâcher, comme dans le premier volume, on retrouve la beauté des paysages, la splendeur des cérémonies, la cruauté des situations, le courage des protagonistes...
Et dire qu'il va me falloir attendre le mois de septembre, date de sortie du dernier tome, pour découvrir la conclusion de cette histoire !
* Bupati : régent, haut-fonctionnaire indigène, le plus souvent issu de la noblesse, comme le père de Minke,nommé par les Néerlandais pour administre une région dite "Régence".
Je comprends parfaitement qu'on engloutisse une série d'un coup ou presque!
RépondreSupprimer'est l'un des plaisirs des séries ! C'est pourquoi c'est difficile aussi de devoir attendre pour connaître la fin. Mais ce sera d'autant plus jubilatoire !
SupprimerJe verrai quand le dernier tome sera sorti, je supporte mal la frustration entre deux ! C'est un bonheur quand on accroche à une série et que l'on sait que l'on en a encore devant soi. Ah, le gamelan !
RépondreSupprimerBon, alors rendez-vous en septembre, Aifelle. Prévois une longue plage de lecture !
SupprimerJe n'avais pas accroché au premier...
RépondreSupprimerC'est bien là le mystère des goûts et des couleurs. Le premier tome m'avait comme envoutée.
SupprimerTon enthousiasme ne faiblit pas, tant mieux. Histoire d'un pays et histoire d'un homme, les points d'intérêt ne manquent pas.
RépondreSupprimerBonne journée, Annie.
Merci Tania ! J'aime lire de cette façon là : avec enthousiasme !
SupprimerJe vois que ta passion continue ! Moi aussi j'ai décidé de le lire, tu me donnes trop envie pour que je résiste mais pas maintenant. J'aimerais pouvoir d'abord diminuer la pile de livres qui attend à la tête de mon lit ! Mais je note ! Et dire que j'ai envie de relire des classiques, là aussi je n'y arrive pas!
RépondreSupprimerOui, trop de sollicitations en effet, même en étant sélectives, mais il vaut mieux cela que son contraire !
SupprimerC'est utile pour nous que vous partagiez votre passion pour la tétralogie de celui qu'on surnomme "Pram". Beaucoup de pages, mais je le tiens en réserve.
RépondreSupprimerJe trouve une citation sur un site (En attendant Nadeau) : "Même si ceux que tu décris sont assimilables à des bêtes sauvages, des ogres, des dieux ou des fantômes, ils n’en sont pas moins des hommes – c’est-à-dire ce qu’il y a de plus difficile à comprendre au monde."
Bonne fin de semaine Annie.
Merci Christian pour votre commentaire ! La citation est fort juste. C'est ce qui me plaît dans la littérature : cette façon de toujours essayer de comprendre hommes et femmes. Malgré toutes les différences liées aux origines, aux statuts sociaux etc on s'aperçoit qu'ils sont tous identiques dans leurs meilleurs comme dans leurs pires côtés.
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