Titre original :"The invention of Nature"-2015-
Auteure : ANDREA WULF
Traduction : Florence Hertz
Editions : Noir sur Blanc -2017- 636 pages.
C'est un livre érudit, foisonnant et passionné que celui-ci, qui veut réhabiliter la mémoire d'un savant de premier plan, aujourd'hui oublié par beaucoup, notamment dans les pays anglo-saxons.
Prise selon ses propres mots par une véritable "frénésie humboldtienne", Andréa Wulf, ne se contente pas de nous conter la vie hors du commun de ce petit homme de génie, simple et hautain, sarcastique et généreux, courageux et terriblement bavard. Elle nous offre aussi, dans sa lancée les portraits de tous ceux, Simon Bolívar, Charles Darwin, Henry David Thoreau, Georges Perkins Marsh, Ernst Haeckel, John Muir, qui, influencés pas sa pensée, lui ont donné une suite, jusqu'à nos modernes écologistes, qui ont toujours autant de mal à faire comprendre que la terre est une et que nos actions la modèlent au delà du raisonnable.
Il en ressort, un ouvrage un peu hybride entre biographie(s) et essai, dans lequel on se perd parfois, mais que l'on quitte avec tristesse, parce que le(s) héro(s), comme celle qui les décrit, nous sont devenus profondément sympathiques tant est grand leur courage et profonde leur volonté de savoir et de transmettre.
Alexander von Humboldt donc.
Né le 14 septembre 1769 , fils d'un "officier de l'armée prussienne, chambellan à la cour ", trop vite orphelin de ce père "charmant et affectueux", élevé avec son frère aîné Wilhelm sous la férule d'une mère "froide, rigide et distante", qui a le bon goût de leur donner tout de même, "en guise d'amour maternel... la meilleure éducation qui puisse alors se trouver en Prusse".
L'aîné, philosophe et linguiste deviendra ambassadeur et pour un temps ministre de l'éducation, fondant l'université de Berlin qui porte son nom et celui de son frère, se mariera.
L'autre, resté célibataire, entamera, selon les voeux de sa mère une carrière de haut-fonctionnaire, puis, celle-ci ayant fort heureusement pour ses deux fils, quitté ce monde, pourra enfin assouvir sa passion du voyage et des sciences.
C'est de sa première expédition aux Amériques, entamée en 1799, qui le conduira successivement en Nouvelle-Grenade -Vénézuela puis au retour de Cuba, Colombie et Equateur actuels-, au Pérou, enfin au Mexique et aux Etats-Unis, qu'il tirera à son retour en 1804 et pratiquement jusqu'à la fin de sa longue vie, le matériau de ses nombreux ouvrages, qui embrassent la plus grande partie des champs de la connaissance de son temps : botanique, zoologie, géologie, géomagnétisme, astronomie, études des courants marins et des cultures anciennes....
Il lui faudra attendre vingt-cinq ans, pour entamer son second périple à travers la Russie, jusqu'au pied du mont Altaï. Il a alors soixante ans, a compris qu'il ne pourrait jamais réaliser son rêve d'escalader l'Himalaya, comme il l'avait fait autrefois du volcan Chimborazo, les anglais lui barrant la route de l'Inde de peur qu'il ne dénonce, comme il l'avait fait au retour à son retour d'Amérique, les méfaits du colonialisme et de l'esclavagisme.
Entre ces deux voyages et après le dernier, il mène une vie d'érudit, rédigeant notamment les trente-quatre volumes de son "Voyage aux régions équinoxiales du Nouveau Continent" et les quatre tomes, de son "Cosmos", adulé dans toute l'Europe, correspondant avec tout ce que le monde compte d'hommes d'influence, ami de Goethe, mais aussi chambellan auprès des rois de Prusse, qui lui assurent ses maigres revenus.
Il quitte le monde, le 6 mai 1859, presque nonagénaire, considéré par "bien des gens", tout simplement comme "le plus grand homme depuis le Déluge".
Géographie des plantes équinoxiales. Tableau physique des Andes et Pays voisins dressé par Alexander von Humboldt. |
Il faut dire qu'il a découvert beaucoup de choses, qui aujourd'hui sont les fondements de notre rapport à la nature, de notre vision du monde.
C'est lui, qui le premier a perçu la nature comme un ensemble vivant, se préoccupant surtout des relations entre les choses, qui a jeté les bases de l'étude des écosystèmes, qui a dressé la carte des isothermes, qui a dénoncé les ravages de la déforestation et de l'agriculture intensive.
C'est également lui, qui "subjugué par la" plénitude de la vie universellement répandue", a permis le développement d'une approche de la nature plus subjective, qui aujourd'hui reste de celle de beaucoup d'entre nous.
Dominique avait également énormément aimé ce livre.
Grand Teton National Park. Etats-Unis. |
je suis heureuse si il y a une adepte de Humboldt de plus sur la planète
RépondreSupprimerc'est effectivement très grouillant d'informations, j'ai eu moins que toi la sensation de me perdre mais il faut dire que Thoreau, Muir et Darwin faisaient déjà partie de mes lectures alors du coup j'ai plutot eu l'impression de retrouver des amis
Thoreau et Darwin, m'étaient bien connus en effet. John Muir beaucoup moins. Mais j'ai particulièrement aimé G.P. Marsh, qui portait sa femme trop faible dans ses bras... Belle découverte également que celle de Haeckel. J'ai d'ailleurs aperçu dans une librairie grenobloise, un grand livre qui vient de lui être consacré (ED. Taschen 2017), avec de nombreuses planches reproduites. A garder en mémoire pour la lettre au Père-Noël en fin d'année !
RépondreSupprimerJe me souviens de l'enthousiasme de Dominique pour cet ouvrage, noté, mais pas encore lu, sur une liste qui ne raccourcit guère. Merci pour le rappel.
RépondreSupprimerC'est vrai que les blogs sont une source de tentations sans fin ! En lisant l'article de Dominique il y a quelques mois, je savais que celui-ci était fait pour moi et je n'ai pas été déçue !
RépondreSupprimerJe l'ai dans ma PAL depuis la Noël et le regarde parfois avec gourmandise ! Découvert chez Dominique ! Je finis l'un de mes challenges du mois de Mars et puis je le lis ! Dans le style voyage scientifique j'ai beaucoup aimé aussi : La mort en Arabie aux éditions Actes Sud, Babel, de Torkild Hansen
RépondreSupprimerTu verras, c'est un plaisir ! J'ai lu et offert à de multiples reprises "La mort en Arabie", une histoire passionnante et totalement incroyable !
RépondreSupprimerBillet intéressant, je crois que ce livre m'intéressera beaucoup. Je reviens le lire le compte-rendu en détails, je manque de temps là tout de suite. À très bientôt, Annie.
RépondreSupprimerAlors bonne nouvelle lecture ! C'est un livre très riche qui mérite qu'on s'y attarde.
RépondreSupprimerHumboldt was one of the greatest naturalists of all time. I need to get this book. His name is memorialized in many ways, and one of the great events of my life was to do some pelagic birding off the coast of Chile in the rich waters of the Humboldt Current.
RépondreSupprimerI'm happy to know you enjoy my review and 'll read this wonderful book. Birding is a great joy and I try to do it, here in southern French Alps. I'll discover your blog. Have a nice day ant thank you for your comment.
RépondreSupprimerPassionnant, je le note bien sûr.
RépondreSupprimerJ'ai pris un retard considérable sur les blogs, peu à peu...merci!
Tu as tout ton temps, Colo ! Cela doit tout de même rester un plaisir !
RépondreSupprimerOui ce livre est passionnant. Bonne lecture à toi lorsque tu l'aborderas.
Livre vu chez dominique, noté bien sûr, mais j'ai demandé à la bibli de se le procurer; tout à fait le genre de lecture que j'aime.
RépondreSupprimerJe comprends, moi aussi ! Et Dominique est toujours une excellente tête chercheuse !
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