Editions : Flammarion 2017- 384 pages
Ceux qu'elle aurait tendance à trouver superflus, comme le téléphone portable ou l'alarme qui la relie au centre de secours et qui la barbent, mais les enfants ont dit...
Toutes les fois où je vais voir ma mère, je lui porte une pile de livres. Ceux qui m'ont plu, ceux dont je pense qu'ils lui plairont.
C'est ce que j'ai fait en arrivant pour Noël.
Mais cette fois, elle m'a également tendu un livre, en souriant : " Tiens lis-çà !"
En fille obéissante que je suis, je l'ai fait, entre deux préparations de repas ou aux heures bénies où petits et grands ne souhaitent qu'une chose : être tranquilles, chacun dans son coin.
JEANNE, donc, a 90 ans et, allez savoir pourquoi, au début du printemps, elle décide de tenir son journal durant toute une année.
Ce n'est pas qu'elle pense avoir des choses importantes à raconter, non, elle souhaite simplement consigner les petits faits, qui font sa vie à présent.
Parisienne bon teint, elle n'est jamais devenue vraiment campagnarde. Depuis la mort de son mari, il y a déjà plusieurs années, elle vit seule, près d'un village entre Moulins et Vichy, dans la grande maison familiale, qu'elle n'utilise plus qu'en partie, sauf quand enfants et petits enfants s'annoncent.
Mais seule ne veut pas dire solitaire :
il y a d'abord les voisins : les vieux fermiers Bernard et Marcelle. Ils sont "la présence", ceux qu'elle aperçoit derrière ses fenêtres, qui débarquent chez elle pour un prétexte ou un autre, pour rendre ou demander service.
Il y a le jardinier et la femme de ménage, dont la venue rythme la semaine et dont la défection, momentanée entraîne d'intenses négociations avec leurs suppléants temporaires.
Il y a ses amies, Gilberte, Nine, Toinette, réparties aux alentours, veuves elles aussi, qu' elle retrouve à la messe, ou avec plus de plaisir encore, chez l'une ou l'autre, devant un gâteau fait maison -est-ce utile de le préciser ?- tasses de thé ou verres de muscat, quand ce n'est pas devant les tables de bridge où quelques vieux messieurs se joignent à elles.
Il y a les enfants enfin, les petits enfants et leur chien, qu'elle attend avec plaisir, mais voit aussi repartir avec un certain soulagement.
Il y a aussi les objets :
Ceux qui lui sont indispensables : la petite voiture, la radio, les télés, les journaux et magazines
pourvoyeurs de mots-croisés et le congélateur. Très important le congélateur !Ceux qu'elle aurait tendance à trouver superflus, comme le téléphone portable ou l'alarme qui la relie au centre de secours et qui la barbent, mais les enfants ont dit...
Les jours s'écoulent sans ennui, les pensées sont splendides cette année, une vache ou un cheval s'invitent parfois dans le jardin, Marcelle semble perdre la tête puis la perd pour de bon, une amie tombe malade... Mais il faut préparer des choux pour l'apéritif et les mettre au congélateur pour l'arrivée des enfants.
Les nuits sont parfois plus difficiles, le sommeil n'est pas toujours là, on entend des craquements bizarres... mais qu'on est bien le lendemain, à lire dans son fauteuil tandis que le vent souffle.
Jeanne n'en demande pas plus, vit avec bonheur tous ces moments, s'attristant parfois mais se reprenant vite, sachant profiter de tous les "Bonheurs du jour" et pardonner ses propres faiblesses, comme celle de ne pas entretenir la tombe de son mari au cimetière de Moulins... Elle a toujours détesté Moulins.
Elle n'est pas dupe, il ne faut pas perdre une minute, il vaut vivre, simplement, profiter de chaque moment.
Ce livre charmant, même s'il n'est pas dénué de clichés, risque d'ennuyer les plus jeunes ou au contraire de leur faire porter un autre regard sur les vieilles personnes qu'elles connaissent, ou croisent dans la rue.
Par contre il risque de charmer et émouvoir tous les "grands enfants", de soixante ou soixante-dix ans, qui ont encore la chance de pouvoir chérir un parent âgé de cet acabit.
Pour moi, j'y ai retrouvé la vie de ma nonagénaire préférée, qui de plus, mène ses affaires de main de maître, envoie des mails, consulte internet, appelle sur Face-Time, ne joue pas au bridge ni ne va à la messe, mais ne raterait pour rien au monde son jour de chorale.
Plus finaude que Jeanne, elle a eu le talent de se faire des amies de vingt ou trente ans ses cadettes, histoire de ne pas rester seule, quand ses contemporaines ont une fâcheuse tendance à disparaître.
1mètre 51 d'attention aux autres et de joie de vivre, 1 mètre 51 de COURAGE.
TRES BONNE ANNEE 2018 A TOUTES ET A TOUS !
C'est une chance ce (qui n'est pas donnée à tout le monde) de pouvoir conserver la joie de vivre et l'intérêt aux autres. Un livre encourageant !
RépondreSupprimerOui, tout à fait. Je pense que c'est un mélange d'inné et d'acquis au fil des expériences et de courage aussi. Un refus délibéré de céder à la tristesse ou de se plaindre, mais avant tout un goût effréné pour la vie.
SupprimerBonjour Annie, je vous réponds ici sur votre blog (Vous avez laissé un petit commentaire à mon post au "bonheur du jour") que j'ai rapidement parcouru... Nous avons quelques centres d'intérêt en commun... j'adore lire et les livres. J'ai été assistante en bibliothèque communale pendant 5 ans ;)) J'aime l'architecture romane, humaine et chaleureuse, j'en aime son message qui met en valeur la proximité divine et je suis croyante (protestante). votre blog est maintenant dans mes favoris, j'y reviendrai souvent. Je tiens un blog depuis 2005. Il n'est pas spécifique comme le vôtre mais généraliste. Si vous désirez vous inscrire vous pouvez me contacter (contact) en bas de la page d'accueil. Je n'offre cette possibilité qu'au compte goutte. https://plumebleue.blog4ever.com/
RépondreSupprimerMerci à vous ! Je vais aller très rapidement visiter votre blog. Je regrette souvent que le mien ne soit pas plus "généraliste" !
SupprimerQuel beau billet, Annie ! Je suis dans la tranche d'âge des "grands enfants", il faudra donc que je découvre cette histoire. Bravo à ta nonagénaire préférée, profitez bien de ces années où elle est encore en forme. Meilleurs vœux pour l'année nouvelle.
RépondreSupprimerMerci Tania et meilleurs voeux à toi aussi. Je pense que ce livre est fait pour les "grands-enfants" et leurs parents. On sent l'expérience vécue...
Supprimerj'ai mis hier un commentaire mais il a disparu !!
RépondreSupprimerje disais que ce livre m'avait tenté de par son sujet mais j'avais peur que ce soit un peu trop bêtifiant mais il vient de paraitre en poche alors pourquoi pas
Les commentaires sont plus que fantaisistes en ce moment : il y a les jours avec et les jours sans et je ne réussit pas à en comprendre la raison. C'est pourquoi il m'arrive d'être longue à commenter un article ou à répondre à un commentaire. C'est assez agaçant.
SupprimerJ'avais les mêmes préjugés que toi sur ce livre. Mais, il m'a ému car j'y ai retrouvé le portrait de ma mère. J'ai souvent rit à certains détails qui me rappelaient des choses vues ou racontées au téléphone. Je redoute particulièrement la disparition du jardinier...qui me vaut de longues explications dans lesquelles je me perds souvent !
Mais je reste pleine d'amour et d'admiration car je n'arrive pas toujours, loin de là, à baigner ainsi dans le bonheur de vivre quelles que soient les circonstances.
Bonjour Annie, Une vraie chance que celle d'être autonome et bien entourée d'amies à cet âge!
RépondreSupprimerEt comme elle a raison de se concentrer sur de petits bonheurs quotidiens...les grandes explorations, les longs voyages se lisent dans le livres à cet âge, se regardent à la télé aussi.
Meilleurs voeux pour cette année.
Meilleurs voeux à toi aussi Colo...et les voyages se font aussi autour de sa maison quand on sait tout admirer.
RépondreSupprimerComme pour Dominique, mon commentaire d'hier a disparu ! Je disais que je l'avais abandonné après 70 pages environ, je m'ennuyais. Et pourtant, je ne suis pas jeune, mais je trouvais que c'était répétitif.
RépondreSupprimerJe le comprends tout à fait Aifelle. C'est en effet une vie répétitive et pleine de rites rassurants, éclairée par le regard qu'on porte sur la moindre chose . Mais pour moi c'est un grand talent aussi de savoir vivre ainsi et, comme tu l'as compris, j'ai aimé ce livre parce qu'il m'a fait penser à ma mère dont j'admire (et envie)le talent pour la vie.
RépondreSupprimerJe n'ai pas eu la chance de voir beaucoup vieillir mes parents et nous n'en avons plus de si âgés autour de nous.
RépondreSupprimerCe livre est émouvant et merci faire un ban pour tous les 1m51 !
TOsu nos vœux, à vous et vos proches.
Merci beaucoup Christian. Votre commentaire m'a beaucoup touchée. Très bonne année également à vous et à vos proches, les yeux ouverts sur tout ce qu'il y a de beau et de bien dans ce monde.
RépondreSupprimerI want to be Jeanne when I am 90! What a lovely book ... I hope it has been translated into English; I will look. Because of what you have told me about how positive and happy your Mother is, I am not at all surprised that she loved this book. And I think it is wonderful that you and she trade reading material and think about what each other would enjoy!!
RépondreSupprimerI think that you are in the good way ! Yes it's a big pleasure to share with her, books, series (Jane Autin'ones, "Call the midwife", "Downton abbey"...) and thoughts ;
SupprimerI'm afraid the book is not translated for the moment, perhaps in a few months ?
Amitiés.
My comment did not translate very well Annie. I wanted to say I knew your mother would love this book because of what you have told me about her.
RépondreSupprimerBonjour.
RépondreSupprimerje note le livre. ma liste de livre à lire s'agrandit de jour en jour.
Bonne journée et merci pour votre commentaire sur mon blog.
Merci Phany, j'espère que la conclusion vous a réconfortée !
RépondreSupprimerUne belle leçon de vie :)
SupprimerUne belle leçon de vie :)
RépondreSupprimerOui, c'est tout à fait le cas ! Merci d'être passée par là.
SupprimerIl pourrait me plaire, mais à la lecture du commentaire d'Aifelle je suis moins sûre. A voir, si je tombe dessus... ET superbe partage que celui de faire le lien avec la tienne :)
RépondreSupprimerJe crois que pour l'apprécier il faut connaître une personne âgée dotée de ce caractère là. C'est le cas de ma mère. En lisant le livre je la voyais agir et c'était pour moi très émouvant. Bon week-end, Emma !
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