Titres originaux : "Knaadn, and the Maine Woods", 1848
"A Walk to Wachusett", 1843 /
"The Succession of Forest Trees", 1860
Auteur : Henry David THOREAU
Traduction et présentation : Thierry GILLYBOEUF
Editions : Payot et Rivages - 2012 - 217 pages-
Que diriez-vous aujourd'hui d'un grand bol d'air en excellente compagnie ?
Deux grands bols et un moment de réflexion en fait, puisque ce livre regroupe trois textes de Thoreau :
Le récit de deux excursions qu'il fit la première, en 1842 la seconde quatre ans plus tard, jusqu'au sommet des monts Wachusett et Katahdin , et un texte plus scientifique tiré de ses observations de terrain, sur "La succession des arbres en forêt".
Parce que cette randonnée fut la plus longue et la plus propice à la rédaction d'un texte fourni, c'est par la seconde excursion que le livre commence et d'une certaine façon je trouve que c'est dommage car elle écrase un peu la précédente devenue la deuxième (vous me suivez toujours ?), pourtant pleine de charme.
Dans l'une comme dans l'autre, cependant nous retrouvons les mêmes ingrédients : joie de vivre et de marcher, passion de la nature, sens aigu de l'observation, conscience d'un monde splendide et déjà menacé, le tout baignant dans une ironie tendre et un humour souriant.
Comment ne pas aimer ce monde où la route longe la nature sauvage :
"La route elle-même était d'une beauté remarquable. Les différents conifères, dont la plupart étaient rares chez nous,..., la longeaient, par endroits, comme un long jardin qui aurait poussé sur les talus d'herbe qui la bordaient sans interruption et que la pluie aurait fertilisé ; mais il y n'y avait qu'un pas de chaque côté jusqu'à la nature sauvage et menaçante, dont seuls le daim, l'orignal, l'ours et le loup réussissaient facilement à pénétrer dans le labyrinthe enchevêtré d'arbres vivants, tombés ou en décomposition."
Comment ne pas regretter que tant de beauté soit réduite à néant pour un si piètre usage :
"Songez au pin blanc qui se dresse sur la rive du Chesuncook, avec ses branches qui murmurent aux quatre vents et chacune de ses aiguilles qui tremble au soleil -et voyez ce qu'il est advenu de lui à présent : vendu peut-être à la Compagnie d'allumettes à friction de Nouvelle-Angleterre."
Comment ne pas être curieux de la vie de ces hommes, fixés au milieu de nulle part "pour produire de quoi sustenter les bûcherons" et eux-mêmes, dans leurs demeures bien tenues, pleines de livres, et de meubles ingénieux, où vient même parfois de se fixer "une nouvelle mariée venue de Boston tout à fait novice dans ces bois".
Le fauteuil-table des pionniers. |
Comment ne pas penser aussi à ceux qui les ont précédés, "le visage rouge de l'homme" qui "remonte le Millinocket en glissant et disparaît ...", laissant derrière lui ses descendants avilis.
Comment ne pas comprendre enfin que les dés sont jetés, que Boston et New-York ont déjà gagné quand dans ces lieux reculés on voit "notre hôte nous tendre le journal de notre village, comme si le plus grand charme que ce pays pût offrir au voyageur étaient les facilités de communication avec la ville".
Mais pour l'instant, on peut encore rêver et admirer, s'incliner même, une fois le sommet atteint, devant "la Nature immense, titanesque et inhumaine."
Revenu à Concord, il ne s'agit plus, dans le dernier texte, de nature inhumaine mais plutôt d'une nature ingénieuse, dont le geai bleu et l'écureuil sont les fidèles auxiliaires.
D'après Thoreau il suffit d'observer pour comprendre et puis reproduire.
Une courte leçon de modestie, dont on ferait bien de s'inspirer encore.
J'espère que comme moi vous vous laisserez prendre aux charmes de ce livre vivifiant.
En le refermant on a juste envie envie de préparer son sac pour le Maine ou ailleurs et de remercier le guide lettré et amical qui nous a offert ce bon moment de paix et de sérénité.
Evident que je vais t'accompagner, ce livre est dans ma bibliothèque et je le garde pour un moment de disette (si si ça arrive !)
RépondreSupprimerMais je ne sais pas si je vais résister, ton billet et les photos sont des incitateurs mortels !!
En avant Route
Bonne lecture, alors Dominique. Pour ma part, je me suis régalée, tu l'as compris !
SupprimerTu donnes très envie de le lire et les photos en rajoutent une bonne couche.
RépondreSupprimerN'hésite pas. Je trouve que c'est un livre qui fait du bien.
SupprimerThe "charms of this invigorating book" are enhanced by your wonderful photos, Annie!
RépondreSupprimerThanks Suko ! Did you read it ?
SupprimerAnnie! I am just now reading Thoreau's "Walden" on my Kindle --- it is among the many books I know something about, but have never actually read! My goal in my old age is to remedy that as much as I can. But I have never heard about this book...I guess I need to read his more famous one first.
RépondreSupprimerYour pictures are wonderful illustrations to your review. Thanks for a great post.
I hope you like it.
SupprimerI love it despite a very bad translaton in French. This one is shorter and less difficult.
I take the pictures during our trip on the east coat two years ago : it's Maine.
Just the arm-chair/table come from an other part of US. I like a lot this kind of clever (?) furniture.
Ce livre d'un écologiste précurseur a du vous conquérir, vous qui semblez apprécier les randonnées nature !
RépondreSupprimerJe connais certains de ses passages sur la nature et votre billet est l'occasion de le (re)placer dans mes projets de lecture.
La photo de l'écureuil, c'est vous ? Pas facile à approcher.
Oui, j'aime beaucoup Thoreau. C'est un personnage très sympathique et clairvoyant qui a le don de me fare rêver!
SupprimerOui j'ai bien pris cette photo, mais il faut dire que les écureuils américains sont beaucoup plus conciliants que les nôtres !
Trop mignon le petit écureuil !
RépondreSupprimerBelle fin de semaine Annie
Oui et pas farouche du tout ce qui est bien agréable pour la photographe ! Bon week-end à toi aussi, Dany !
SupprimerQuelle personnalité attachante aussi cet homme, quelle humanité et quelle délicatesse !
RépondreSupprimerTout à fait d'accord avec toi, Anis. Il donne l'impression d'être un homme bon. Quoi de mieux ?
RépondreSupprimerPas de doute, un livre que je lirai pour toutes les bonnes raisons qui apparaissent dans ce billet bien illustré. Merci, Annie.
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