Titre original : "The Shaking Woman or a History of My Nerves" -2009-
Auteure : Siri HUSTVEDT
Traductrice : Christine LEBOEUF
Editions : Actes Sud-Babel -2010- 257 pages
Siri HUSTVEDT, grande migraineuse depuis l'enfance et de ce fait victime de la"divine exaltation", des scintillements des trous noirs voire des hallucinations visuelles, qui précèdent ou accompagnent ces crises douloureuses a 51 ans , quand, en 2005, deux ans et demi après la mort d'un père qu'elle chérissait, elle s'apprète à prendre la parole pour lui rendre hommage, au pied du sapin qui a été planté à sa mémoire.
Famille, amis, anciens collègues l'entourent, dans cette ville où elle est née et où elle a passé son enfance. Un moment émouvant, certes, mais pas particulièrement effrayant a priori, pour une intellectuelle de sa trempe, qui a l'habitude de s'exprimer en public.
Pourtant à peine les premiers mots prononcés, et sans que sa voix en soit altérée, elle se met à trembler violemment du cou jusqu'aux pieds. Ces tremblements ne cesseront qu'une fois le dernier mot prononcé.
Devant la récurrence du phénomène, qui la fait de manière angoissante, se découvrir dédoublée sans pouvoir rien contrôler, déjà portée par une curiosité initiale, devenue passion impérieuse pour "tout ce qui touche [son] propre système nerveux", elle décide, faute de pouvoir guérir, de chercher à comprendre son mal.
"Qui sommes-nous ?...
Qu'est-ce que le corps et qu'est-ce que l'esprit ?...
Chacun d'entre-nous est-il singulier ou pluriel ?...
Comment nous souvenons-nous des choses et comment les oublions-nous ?...
Comment lisons-nous un symptome ou une maladie ?..."
telles sont quelques unes des questions que Siri HUSTVEDT, se pose.
Pour y répondre, elle convoque tous ceux qui se sont interrogés sur nos cerveaux, de Galien, le médecin de l'empereur Marc-Aurèle aux neurologues psychiatres, psychanalistes, neuro-psychiatres contemporains qu'elle consulte de manière fictive ou réelle ; lectrice boulimique elle interroge tous les écrits qu'elle a pu étudier et qu'ont produits scientifiques ou philosophes ; elle n'oublie pas son histoire et fouille dans son passé pour confronter ces théories à ses expériences personnelles, lointaines ou proches, ou à celles des "individus, atteints de maladies complexes" auprès desquels, depuis des années, elle anime un stage d'écriture dans une clinique psychiatrique ; elle se soumet enfin à tous les examens qui lui sont prescrits et teste différentes molécules.
En vain ou presque, le mystère reste entier.
Je dois l'avouer tout de suite cet essai ne se lit pas comme un roman et m'a donné parfois du fil à retordre !
J'ai été gênée, par l'absence de chapitres : 257 pages d'une seule traite sur un sujet ardu font souhaiter quelques pauses ! J'ai été également parfois accablée par autant de références dans des domaines que je suis loin de bien maîtriser.
J'ai été gênée, par l'absence de chapitres : 257 pages d'une seule traite sur un sujet ardu font souhaiter quelques pauses ! J'ai été également parfois accablée par autant de références dans des domaines que je suis loin de bien maîtriser.
Cependant par beaucoup d'aspects ce livre m'a aussi passionnée :
Parce qu'il nous permet de partager les expériences douloureuses et déconcertantes d'un autre être humain, parce qu'il nous renvoie à nos propres troubles et à la façon dont nous essayons de les juguler ou de nous interroger à leur sujet, parce qu'il soulève un coin du voile sur les mystères de nos cerveaux, de nos pensées, de nos cultures et nous fait découvrir toutes les stratégies que nous mettons en place pour faire face à la souffrance et à la perte d'une partie de soi ou à celle d'un autre.
On y trouve également une belle leçon de vie : comment apprendre à vivre, avec la douleur, comment accepter de ne plus y porter trop d'attention, pour ne pas l'exacerber.
Accepter en quelque sorte d'être aussi "la femme qui tremble".
On y trouve également une belle leçon de vie : comment apprendre à vivre, avec la douleur, comment accepter de ne plus y porter trop d'attention, pour ne pas l'exacerber.
Accepter en quelque sorte d'être aussi "la femme qui tremble".
Such a story makes me realize how very fortunate we have been in our health -- and makes me vow never again to complain about any minor aches and pains.
RépondreSupprimerI agree with you about books without Chapters, especially when it is a book like this that is difficult to think about. I like to have definite "stopping points."
Somme people suffer badly. For her, very long head-aches (two of them during more than a year), and now this shaking body ! But complaining (a little !) is sometimes a way to feel better too...
SupprimerVoilà un livre que j'ai eu entre les mains en bibliothèque et ai hésité à l'emporter. Sans doute l'ai-je feuilleté et comme vous, l'absence de chapitres peut m'avoir découragé: je n'aime pas lire d'une traite, et préfère découper la lecture comme l'écrivain l'a voulu.
RépondreSupprimerJe note qu'il vous a passionné.
Il s'agit de l'épouse de Paul Auster, je crois ?
Oui, c'est elle, "l'Unique", dont il parle dans "Chroniques d'hiver" : comment ne pas avoir envie de faire sa connaissance ? Je vais à présent m'attaquer à un de ses romans.
SupprimerJ'espère que vous parlerez ici de ce que vous découvrez avec ce roman-là. Je lis Invisible de P Auster pour le moment.
SupprimerBonne soirée.
Comment vivre avec la douleur, voilà qui m'intéresse beaucoup, mais aurais-je le courage de me lancer dans la lecture telle que la décrit ?
RépondreSupprimerC'est loin d'etre le centre de cet essai qui porte beaucoup plus sur une compréhension des troubles qui l'assaillent, ce qui est d'ailleurs pour elle un moyen de comprendre et donc de mieux accepter la douleur. Ses autre outils : le biofeedback, la méditation, certains médicaments (c'est une grande migraineuse), et le travail, qui lui permet de ne pas trop se concentrer sur son mal.
SupprimerUne auteur qui vient de plus en plus sur le devant de la scène en faisant même de l'ombre à son mari !
RépondreSupprimerj'ai lu certains de ses livres avec intérêt mais pas celui là
En lisant ce billet je pense à Dostoïevski en proie à l'épilepsie
C'est le premier livre que je lis d'elle. Je vais tenter un roman à présent !
SupprimerL'épilepsie est bien sûr également évoquée dans cet essai. Tout un monde de troubles très troublants, si j'ose dire.
J'ai hésité avant de le lire mais il me parait trop perturbant... ;-)
RépondreSupprimerJe ne le trouve pas perturbant, mais plutôt, complexe.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup cette romancière. Ce livre-ci est beaucoup plus personnel, courageux, douloureux sans doute - à lire plutôt dans une période sereine, il me semble. Je retiens ce titre, Annie, et vous souhaite bonne lecture de ses romans.
RépondreSupprimerMerci Tania ! C'est toujours un tel plaisir que de découvrir un nouvel auteur !
SupprimerEffectivement j'avais lu cela quand je m'étais intéressée à elle. Chez cette femme si belle, le contraste m'avait encore plus impressionnée.
RépondreSupprimerTu as raison Anis. On a toujours l'impression que les gens très beaux et aimés de surcroit ont une vie sans problèmes.
RépondreSupprimerVoilà bien une démonstration du contraire !