lundi 9 avril 2012

UNE AUTOBIOGRAPHIE


Titre original : "An autobiography"
Auteure : Agatha CHRISTIE
Traducteur : Jean-Michel ALAMAGNY
Editions : du Masque 2002- Livre de poche n° 30908 -935 pages-


Avant de lire cette autobiographie, je dois l'avouer, Agatha Christie me faisait un peu peur : cette femme opulente, le cou entouré de perles,  qui assassine froidement autant de personnes,  risque fort d'être "une forte personnalité", au sens le plus détestable du terme : une personne sûre d'elle-même, péremptoire, peut-être vaniteuse, probablement une rude enquiquineuse.
Je me trompais !

Agatha Miller, car tel est son nom, est le troisième enfant d'un couple épris et heureux en cette fin du dix-neuvième siècle : un père américain et surtout "très gentil", une mère anglaise "énigmatique et marquante", des revenus confortables, une belle maison - sa chère Ashfield-, un grand jardin, une vie charmante et plutôt facile. Des nurses, des jouets, une grande liberté, de l'amour :  bref une enfance heureuse, quoi de mieux pour commencer  et surtout nourrir une vie ? 
Soixante ans plus tard,  à Nimrud, Irak, au moment où, sur un coup de tête elle commence cet ouvrage Agatha le dit elle -même : rien.

Il lui faudra quinze ans pour rédiger ce livre, le prenant, le laissant, le corrigeant et surtout n'y disant que ce qu'elle veut bien dévoiler d'elle-même.

Une enfance totalement heureuse donc "un monde de sécurité et d'insouciance" jusqu'à ses onze ans, peuplée de personnages imaginaires, et sans aucune école.... Puis brusquement, après la mort de son père et le mariage de sa soeur aînée, la réalité qui s'impose :
"... nous n'étions plus à présent les Miller, une famille, mais juste deux personnes qui vivaient ensemble : une femme entre deux âges et une petite-fille en herbe et naïve. Les choses paraissaient les mêmes, mais l'atmosphère était différente."



Une adolescence donc au gré des "lubies" de sa mère : l'école, oui, mais juste certains cours, des séjours à Paris, quelques sorties, du temps solitaire durant lequel elle peut écrire un livre ou des petites pièces, de la musique, du chant, et bientôt la grande interrogation : "Mais qui vais-je donc épouser ?"



La réponse viendra en même temps que la guerre : il est aviateur, elle devient infirmière... puis préparatrice en pharmacie. La paix de retour,  une petite-fille naît, presqu' aussitôt laissée à nurse et grand-mère, le temps de faire un quasi tour du monde avec ce mari, si peu connu.
Au retour, la  dure réalité à nouveau s'impose, puis, au moment où tout semble retrouver sa place, le malheur : deuil et divorce.
Là-dessus Agatha ne s'étend pas.


En 1927 elle repart, seule, pour le Moyen-Orient, découvre l'archéologie et rencontre Max Mallowan, justement archéologue,  qu'elle épouse trois ans plus tard. Elle a hésité - il a quatorze ans de moins qu'elle-, mais son goût du bonheur l'a emporté, et elle a eu raison.
Ils partageront leur vie entre Angleterre, Syrie et Irak, seront séparés quatre ans, le temps d'une deuxième guerre, reprenant ensuite leur vie, heureuse et bien remplie.



Et les livres dans tout ça ?  En fait elle les écrit et n'en fait pas une affaire, au point qu'ils semblent presque être un à-côté !
Les circonstances auraient été différentes, elle serait devenue mathématicienne ou musicienne.
Mais ce n'était pas son "schéma de vie", c'est tout.
Une grande imagination, un pari avec sa soeur, le besoin de gagner sa vie, quelques relations, c'est ainsi qu'elle explique son succès.
Et surtout qu'on ne l'ennuie pas en la traitant d'écrivain !


Elle pensait mourir à quatre-vingt-treize ans, après avoir rendu fou son entourage,  ce sera sept ans plus tôt, paisiblement.
"Merci, mon Dieu, pour cette excellente vie et pour tout l'amour qui m'a été donné."


Après avoir lu cette autobiographie, je pense toujours qu'Agatha Christie est une forte personnalité, mais au sens positif du terme : une femme courageuse, pudique, pleine d'humour, modeste et surtout dotée d'un formidable amour de la vie.

9 commentaires:

  1. Que de bons souvenirs avec les affaires d'Agatha Christie et ses nombreux protagonistes typiquement anglais... Autant j'ai plaisir à replonger dans les vieux Maigret, avec autant de joie retrouverai-je sans doute prochainement quelques enquêtes de Miss Marple...
    Même si "Passager pour Francfort" m'avait déçu.

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    1. J'ai beaucoup moins lu d'Agatha Chritie que de Maigret et je crois que je suis plus sensible au second ! Je vais m'y mettre sérieusement...

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  2. J'ai lu pratiquement tous ses livres qui faisaient partie intégrante de la bibliothèque familiale ...

    Doux lundi de Pâques Annie

    Le temps est tristounet sur les Vosges

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    1. Ici grand soleil, mais si j'ai bien compris pas pour longtemps...

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  3. Je ne l'ai pas lue depuis bien longtemps. Je ne rêve pas, c'est bien elle qui a disparu pendant un certain temps et n'a jamais donné d'explication ?

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    1. Oui, c'est bien ça ! En 1926, alors que sa mère vient de mourir et que son mari lui a annoné qu'il avait une liaison, elle disparaît durant une dizaine de jours. Elle a toujours refusé de donner une explication et son autobiographie ne nous en apprend donc pas plus.

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  4. Oui, c'est une enfance heureuse qui est le meilleur rempart contre le malheur; on y puise la sérénité et la confiance en soi.

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  5. Wonderful review, Annie. I should read more of her mysteries now that I know a bit about her background.

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  6. I have been meaning to read this book for a very long time. You have completely talked me into doing it right away! thank you.

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