Auteur : MARIE ROUANET
Editions : Albin Michel, 2012
Roman -181 pages-
Je me souviens très bien de ma première "rencontre" avec Marie ROUANET. C'était lors d'un numéro d'"Apostrophes", il y a donc très longtemps.
J'avais été charmée par cette petite dame vêtue de noir, aux cheveux frisés maintenus en chignon bas, dont l'accent du Languedoc me rappelait le parler de mes ancêtres et dont la sagesse apparente était démentie par son regard aigü et pétillant.
Depuis, j'ai lu la plupart de ses livres : romans, essais, traités de cuisine et de spiritualité... Tous m'ont plu, parfois bouleversée et certains ("Douze petits mois") m'accompagnent chaque année.
Aucun d'entre eux n'est entré dans les cartons "livres à donner" que j'ai dû faire cette année.
J'aime sa belle écriture, simple, précise et pleine de saveur, qui me renvoie aux étés de mon enfance. J'aime ses évocations du "Midi", non pas les pagnolades provençales, mais le monde plus fermé qui s'étend des Cévennes à la mer, à l'ouest du Rhône.
J'aime les combats qu'elle mène pour les animaux, les humbles, sa terre.
J'aime sa façon d'envisager la vie, tendresse et cruauté, raffinement et "prosaïsme", sensualité et spiritualité.
J'ai donc été heureuse de découvrir qu'elle venait d'écrire un nouveau livre. Un roman ?
Je n'en suis pas sûre, plutôt me semble-t-il un hommage à un ami perdu (?), et certainement à un monde bientôt englouti.
Dans un bourg du Rouergue, arrive un nouveau notaire : pas un bourgeois compassé mais un homme laid, vêtu comme un paysan, qui passe son temps à arpenter le pays. Il le connaît par les cartes, le cadastre, les actes qu'il rédige, mais cela ne lui suffit pas. Ce qu'il veut, c'est mettre de la chair sur ces esquisses, savoir, comprendre, recréer ce monde que la seule personne qui l'ait aimé et qu'il a aimée, sa nourrice Eutargie, lui a donné en héritage.
Ses recherches incessantes lui feront croiser deux hommes :
Le premier est Amans, son contraire et "son seul ami" qui, comme lui engrange : mais pas "les torrents souterrains, les secrets, l'ombre noire des hommes", mais "les traces de lumière qu'ils avaient semés", les objets du quotidien, "la perfection technique de l'utile".
Le second, le narrateur, Emile, qui grâce à eux retrouve les liens qui l'attache à un monde qu'il craint de voir disparaître, celui de la campagne :
"A eux deux, au contraire, ils parlaient des hommes qui étaient les miens, des anonymes. Ni des roys, ni des cartographes ou des géodésiens, des cartographes ou des archevêques, seulement des hommes, des milliards d'hommes qui avant même les dieux de pierre, et les bâtisseurs de murs s'étaient succédé, depuis le premier outil, entre ombre et lumière, jusqu'à moi."
Si ce n'est pas le livre de Marie ROUANET que j'ai préféré, j'ai eu cependant beaucoup de plaisir à le lire. En plus de sa belle écriture, on y retrouve tout ce dont elle aime à parler, et dans l'arpenteur, l'ethnologue qu'elle est aussi. Elle sait lire, les cartes, les plans, les paysages, les traces laissées par les roues ou les pas, les photos affichées et celles qui sont cachées.
Elle nous invite ainsi à plus d'attention, de sagacité, de compréhension, à ouvrir grand les yeux sur tout ce qui nous entoure et qui disparaîtra, comme nous.
Sorry this wasn't her favorite, but it sounds like it's still worth reading.
RépondreSupprimerJe pense avoir vu la même émission d'Apostrophes que toi ! Je n'ai lu que "nous les filles" d'elle. Quel est ton préféré ?
RépondreSupprimerC'est à la suite de ta question, Aifelle, que j'ai cherché comment pouvoir répondre à chaque commentaire et j'ai enfin trouvé ! Donc MERCI.
SupprimerLe livre que je préfère ? Difficile, car il y en a plusieurs : "Quatre temps du silence", "Petit traité romanesque de cuisine", "Douze petits mois" sans oublier "Du côté des hommes" dans lequel toutes celles qui ont (ont eu) des pères, grands-père, arrière-grands-pères méridionaux trouveront des réponses...
Une chose que je suis incapable de faire :
RépondreSupprimerlire les cartes !
En revanche, je fais très attention à tout ce qui m'entoure, surtout en pleine nature ...
Belle journée Annie et gros bisous
Aujourd'hui, le brouillard envahit la plaine
Je ne connais pas cette auteure même si le nom ne m'est pas complètement étranger. Et je me suis dit en te disant qu'il y a une chose que je ne connais pas : l'amour de la terre. Je n'ai pas ce lien privilégié avec un endroit bien que je sois d'ici et de quelque part.
RépondreSupprimerMerci Annie, je note quelques titres au passage ..
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