lundi 10 octobre 2011

PRODIGIEUSES CREATURES


Auteure : TRACY CHEVALIER
Traductrice : Anouk NEUHOFF
Editions : Quai Voltaire 2010
Format : Poche Folio n°5267 - 414 pages -


Titre original : "Remarkable creatures" 
Editions : Penguin 2009

Je n'avais jamais lu jusqu'à présent de livres de Tracy Chevalier, juste vu récemment une adaptation télévisée de "La jeune-fille à la perle", qui m'avait beaucoup plu. 
Aussi lorsque j'ai aperçu cet ouvrage sur les rayons de "La librairie des Alpes " à Gap, qui plus est orné d'un post-it en forme de coeur portant un commentaire élogieux, je n'ai pas hésité et l'ai acheté.
J'ai passé de très bons moments à le lire, d'autant plus, peut-être qu'il ne s'agit pas d'un roman mais du récit romancé de la rencontre et de l'amitié entre deux femmes que réunit la même passion des fossiles, bien peu honnête au XIXème siècle, surtout chez des demoiselles !
La première, Elisabeth PHILPOT, qui est aussi la narratrice,  est vraiment une "demoiselle " :   elle vient de s'établir avec ses deux soeurs,  à Lyme Régis, petit port de la côte du Dorset, ayant dû laisser à leur frère et à sa jeune épouse, la demeure familiale de Londres où elles avaient vécu jusque là.  La vingtaine bien entamée, pas assez riche pour disposer d'une dote et ne se laissant pas abattre, Elisabeth va immédiatement découvrir comment occuper son temps : la recherche des fossiles. Ils sont partout sur les plages que parcourt également Mary Anning, alors à peine adolescente, à la suite de son père. Pas question de passer le temps pour eux : il s'agit de ramasser des "curios" -les fossiles- qu'ils vendent ensuite pour (sur)vivre.
Partageant la même passion et dotées toutes deux d'un caractère bien trempé, elles vont apprendre à s'apprécier, exposées aux vents comme aux sarcasmes et mains dans la boue, jusqu'au jour où Mary Anning qui "a l'oeil" va mettre au jour un drôle de "crocodile", source d'interrogations, de revenus et de désillusions.
Ce que j'ai aimé :
- Le double sujet du livre : les fossiles  et la construction d'une amitié. Les premiers, parce qu'ils sont, pour moi à l'origine de l'une des expériences les plus fascinantes que l'on puisse faire : on se baisse, on prend dans sa main ce "caillou" et l'on remonte le temps à toute vitesse, changeant d'époque, de milieu, de climat. La seconde, parce qu'elle est toujours émouvante, surtout lorsque, comme ici bien improbable au départ, et construite embuches après embuches, sur le respect.
- La description de la condition féminine au XIXéme siècle en Angleterre : pas d'héritage, un mari si l'on est belle, assez fortunée et sans aucune originalité en particulier celle d'être intelligente et de refuser de le cacher, un accès limité à la connaissance et à la reconnaissance :  pas d'entrée possible pour Elisabeth à la  Geological Society, quant à  Mary qu'elle découvre des fossiles, oui, mais qu'ils portent son nom , non !
- L'ouverture sur les grandes querelles du siècle dont l'évolutionnisme : comment imaginer que des créatures de Dieu aient pu disparaître parce quelles n'étaient plus adaptées ?
- Le personnage d'Elisabeth PHILPOT avec ses faiblesses et ses forces, son goût pour la liberté, son ironie, son courage farouche.
- La bibliographie complémentaire à la fin de l'ouvrage. 
Ce que j'ai moins aimé :
- L'inévitable (pourquoi ?) rivalité amoureuse qui vient un moment troubler l'amitié entre les deux femmes.

Je ne résiste pas au plaisir de citer le dernier et très court chapitre qui résume pour moi parfaitement l'atmosphère de ce livre :

"Mary Anning et moi cherchons des fossiles sur la plage ; elle ses créatures , moi mes poissons. Nos yeux sont fixés sur le sable et les rochers alors que nous progressons le long du rivage à un rythme différent, la première devant, puis la seconde. Mary s'arrête pour casser une pierre et découvrir ce qui pourrait se loger à l'intérieur. Je creuse dans la glaise, cherchant quelque chose de nouveau et de miraculeux. Nous parlons à peine car nous n'en avons pas besoin. Nous sommes silencieuses ensemble, chacune dans son propre univers, consciente que l'autre est tout près d'elle"

7 commentaires:

  1. Annie, I have read and seen (the movie) The Girl with the Pearl Earring. This novel sounds quite interesting to me--fossils and friendship, and other things we may find on our journey.

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  2. When I saw the name of the author I only remembered "Girl With a Pearl Earring" but as I read your review I realized I had read this book. And I loved it -- same feelings as you had. I just forgot who wrote it. Thank you for the reminder.

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  3. I have been wanting to read this book for ages Annie! I have had it in my Amazon shopping basket and still not bought it. I think it is high time since it seems so interesting with the fossils and the friendship theme.

    Hugs from Holland ~
    Heidi

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  4. Oui tu as raison, cette rivalité n'est peut-être pas nécessaire mais l'auteure s'est inspirée d'un personnage réel. C'est un très beau livre sur la condition des femmes, sur ce qu'elle ont dû sacrifier et tout ce que nous autres, aujourd'hui, nous leur devons.

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  5. Nous parlons à peine car nous n'en avons pas besoin. Nous sommes silencieuses ensemble, chacune dans son propre univers, consciente que l'autre est tout près d'elle"

    Que j'aime cette phrase qui me correspond si bien ...

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  6. j'ai été emballée par ce roman. et je découvre ton blog après avoir lu ton commentaire chez val. Tu as lu "personne" de gwenaelle Aubry ?

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  7. Non, mais je vais regarder çà ! Merci !

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