Auteure : Françoise LAPEYRE
Editions : Payot et Rivages
Format : Poche -256 pages-
Françoise Lapeyre qui en 2007, avait déjà publié chez le même éditeur "Le roman des voyageuses françaises" (1800-1900) a choisi dans celui-ci, d'élargir et de restreindre son propos.
Elargir, car il ne s'agit plus seulement de voyageuses françaises et du seul XIXème siècle : elles sont cent quatre ici, issues de quatorze pays majoritairement occidentaux, à avoir parcouru le monde souvent à la suite de leur mari, entre 1663 et 1895. Restreindre, puisque seul, le regard qu'elles ont porté sur l'esclavage, est analysé. Mais le sujet est malheureusement assez riche pour que cette restriction ne soit pas un défaut !
Le premier intérêt de ce livre, au-delà du fait que nous y découvrons qu'autant de femmes ont écrit sur leurs voyages, est pour moi de nous rappeler que l'esclavage n'a pas eu qu'un visage : avant, pendant, après, le transfert et l'exploitation des Africains, dans les plantations du sud des Etats-Unis, au Brésil ou dans les Antilles, il y a eu aussi, dans le désordre, le servage en Russie, la traite orientale des chrétiennes blanches, la traite orientale des Noirs, les esclaves de harem, la traite intra-africaine et, malheureusement j'en oublie ! De même, il nous remet en mémoire que les abolitions de la traite et de l'esclavage se sont étalées sur plus de deux siècles, de 1769 - abolition en Pennsylvanie- jusqu'en .... 2007 - abolition en Mauritanie-.
Le second intérêt est aussi ce qui nous est renvoyé de l'esclavage : les conditions de capture, de transfert, de vente, de "vie", c'est à dire une déshumanisation fondée autant sur le racisme que sur les bénéfices économiques ou non attendus, par ceux qui vendent comme par ceux qui achètent.
Enfin le troisième, bien sûr, c'est la confrontation avec les textes eux-mêmes, tels que les ont produits nos voyageuses, avec tout ce qu'ils révèlent de leurs personnalités et surtout de leurs milieux et leurs époques . Pour résumer, en reprenant les mots de Françoise Lapeyre, il y a celles qui ne voient rien, celles qui voient et ne trouvent rien à redire, celles qui approuvent, celles qui trouvent déplorable mais exotique, et celles, beaucoup plus rares, qui désapprouvent et le font savoir ou qui participent directement à la lutte contre les négriers.
Un livre très riche donc, mais dont l'intérêt, pour moi à cependant été limité par sa forme. Il m'a semblé que l'auteure n'avait pas réussi à faire un choix clair pour organiser son ouvrage : le mélange de présentation chronologique et d'analyses thématiques conduit ainsi à des redites qui embrouillent considérablement le propos. De même ses commentaires vindicatifs m'ont souvent paru inutiles, les textes cités étant assez explicites par eux-mêmes.
Mais, tout çà n'est que de peu d'importance par rapport au fait que, ce livre, tout au long de sa lecture nous oblige à nous interroger :
Et nous, à côté de quoi passons-nous sans le voir ? Que laissons-nous faire sans nous émouvoir ?
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