samedi 23 juillet 2011

MARSEILLE ANNEES 40


Titre original : "Crossroads Marseilles 1940"


Auteur : Mary Jayne GOLD
Traductrice : Alice SEELOW
Editions  : Phébus -Paris- 2001
Récit - 473 pages-

Lundi dernier, Margot,  consacrait son article aux livres qui ne sont pas de la fiction et je me suis rendue compte alors, que souvent, je préférais ceux-ci à un roman, parce qu'ils me donnaient l'occasion de découvrir une personne réelle plutôt qu'un personnage.
Une personne réelle doit affronter la vie comme vous et moi, "pour de vrai" comme dirait les enfants, doit trouver des solutions, ou tout au moins tenter de le faire  et cette démarche, souvent, enrichit notre pensée, nous ouvre des pistes nouvelles, bref nous aide à avancer !
Dans ce récit, les choses sont un peu différentes. Les faits sont réels et durs, mais celle qui les raconte est un véritable personnage de roman, ce qui ne l'empêche pas de s'affronter à une vie... peu courante et de nous donner quelques leçons de courage et... d'inconscience !

Fille d'une richissime famille de la banlieue de Chicago,  Mary Jayne Gold est en 1939  "une jeune-fille de la bonne société américaine protestante, résidant à Paris dans un appartement de la très élégante avenue Foch".
 "Je skiais tous les hivers, pilotais mon propre avion et hantais les cocktails, les soirées, les grands galas, habillée en toutes circonstances par la haute couture parisienne ".

Plus que la déclaration de la guerre, c'est la reddition de la France et son aversion pour le fascisme qui la poussent à rester en France  et mettent "fin à cette existence dorée". 
Lancée sur les routes de l'exode, avec des amis... et son caniche, elle va bientôt se retrouver à Marseille, en zone libre.
Sa rencontre avec Raymond Couraud un jeune légionnaire déserteur, surnommé "Killer", car il massacre.... la langue anglaise, la conforte dans son idée de rester en France.
 Celui-ci emprisonné, c'est par une de ses amies Miriam Davenport, qui travaille déjà pour lui, qu'elle est mise en contact avec Varian FRY, un compratriote qui dirige le "Centre américain de secours" et organise l'opération "Mouron rouge" qui permettra de faire sortir de France "par des moyens légaux ou illégaux, des centaines de réfugiés anti-nazis, aussi bien juifs que non juifs." : Chagall, Marcel Duchamp, Max Ernst, André Masson, Wanda Landowska, Alma et Franz Werfel, Max Ophüls, Hannah Arendt, André Breton, Golo et Heinrich Mann, Hertha Pauli, notamment échapperont ainsi à leur sort, en tout deux milles réfugiés.

Tout d'abord réticent devant cette bourgeoise qu'il juge frivole, Varian FRY, accepte de la recevoir.... ainsi que les généreux subsides qu'elle apportera au groupe jusqu'au bout.
Chargée dans un premier temps de recevoir les réfugiés et de leur faire passer un premier entretien -"j'ai l'impression de tenir le destin de quelqu'un entre mes mains"- elle  fait également office de messagère entre le service et ceux-ci lorsque le téléphone ne peut plus être utilisé : sautant d'un tramway à l'autre, déjouant la police avec maestria,  elle est souvent celle qui doit annoncer que le départ est reporté. C'est ainsi qu'elle rencontre Franz Werfel et son épouse Anna Malher-Gropius-Werfel (excusez du peu !) dont elle fait un portrait savoureux. 
C'est elle également qui est envoyée au camp du Vernet, pour obtenir la libération temporaire de quatre détenus. On voit a cette occasion, jusqu'où elle est "prête" à aller pour amadouer le responsable du camp : petit tailleur, diamants, parfum de Guerlain, elle joue de tout....
Mais bientôt, les difficultés s'accumulant de tous côtés, aussi bien pour elle que pour ses "camarades", elle sent le besoin de s'écarter un peu de Marseille et loue, dans le quartier de la Pomme, la grande villa Air-Bel. Ce qu'elle imaginait être un refuge pour elle et quelques amis proches devient très vite un quasi centre d'accueil. Varian Fry, André Breton, sa femme et leur fille, Marc Chagall et bien d'autres s'y installent.
Mais "Killer", enfin jugé, sort de prison et tout va se compliquer. Incapable qu'elle est de choisir entre le Comité et lui, son existence devient un véritable roman noir. D'un côté elle comprend ses amis d'Air-Bel, qui ne peuvent accepter de voir le Comité mis en danger par la présence plus qu'encombrante de "Killer", de l'autre, elle découvre à ses risques et périls le milieu marseillais et le côté sombre de son amant qu'elle aidera cependant à gagner la Grande-Bretagne où il pourra, enfin, se comporter en héros.
Quant à elle elle regagnera les Etats-Unis, un peu moins innocente, elle ne se mariera jamais, préférant la présence de caniches successifs qui étaient peut-être les seuls à ne pas l'aimer "cinquante, cinquante", comprenez 50% pour elle-même, 50% pour sa fortune.
 Après une longue vie elle quittera celle-ci à l'âge de 88 ans, certaine que cette année passée à Marseille ait été "la seule qui eût vraiment compté pour elle". 

Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé ce livre aussi bien parce qu'il enrichit notre connaissance de cette période si particulière de notre histoire, qu'il nous fait découvrir ou redécouvrir le rôle majeur du "Centre américain de secours" et le dévouement de ses membres, parce qu'il nous fait révèle une personne attachante et nous rappelle enfin l'importance de l'engagement de chacun.
Décidemment vive les récits !

1 commentaire:

  1. I love books like this too. I find I enjoy non-fiction as long as it read like fiction!

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