Auteur : COLUMN MC CANN
Titre originel : "THE SIGHT OF BRIGHTNESS"
Traduction : Marie-Claude PEUGEOT
Il y a la ville, la grande ville, la métropole celle qui peu à peu dévore, les champs, les forêts et s'insinue sous terre, sous les rivières aussi profondes et larges soient-elles, qui étend ses réseaux sur et sous le sol, avant de s'attaquer au ciel en édifiant d'immenses buildings, tours, gratte-ciel, qui peu à peu grignotent l'horizon.
Pour l'irriguer, il a fallu des hommes, des blancs, des noirs des dits rouges ou jaunes, des qui parlent anglais-fort peu-, irlandais, italien, russe, que sais-je encore, qui défoncent le sol à coups de pique ou de mines, qui charrient les gravats, qui sautent aussi parfois en même temps que la roche, qui perdent un membre ou la vie et pour ceux qui s'en sortent, à terme la santé.
Pour la construire, il en a fallu d'autres encore, souples, habiles, indifférents au vide qui pourtant les entourent.
Ouvrier sur un chantier routier, en fin de journée. Yukon Canada. Cliché personnel. |
Tous se sont plaints, tous ont été moqués, ritals ou négros, mais tous ont été fiers. Et puis il faut bien vivre, nourrir la famille que l'on retrouve le soir dans les quartiers où les autres, ceux que la ville enrichit, ne veulent pas vivre, nourrir aussi les illusions de ceux qui sont restés au pays, le vrai, celui qu'on rêve de retrouver, qu'il s'appelle Géorgie, ce sud profond, ou Irlande ou tant d'autres encore.
Les uns ont vécu, ont aimé, ont perdu leurs amours, sont devenus vieux, raides, essoufflés et pourtant son restés joyeux.
D'autres ont cru tout avoir : amour, enfant, et même suffisamment d'argent pour ne plus se sentir pauvre. La vie semblait pouvoir être belle, puis tout brusquement s'est écroulé.
Ils sont devenus des clochards, des épaves : ils son sales, sentent mauvais, boivent, se piquent ou avalent trop de cochonneries. Pourtant ils ne sont pas SDF, ils ont un abri là, dans le ventre de la terre, ou ils conservent la trace des visages ou des lieux qu'ils ont aimés.
Source : Journal "L'Alsace". |
Je ne dirai pas plus de ce très beau livre, construit autour de deux personnages dont on soupçonne jusqu'au bout ou presque les liens sans les comprendre et dont on découvre la vie de chapitre en chapitre, chacun d'entre-eux en étant le centre successivement.
C'est un livre qui marque, qui nous fait regarder avec plus d'attention et de respect, ceux qui travaillent sur les chantiers les plus durs et dont la couleur n'a guère changé, comme ceux que nous trouvons de plus en plus nombreux dans nos villes, assis à la porte du supermarché, grommelant et gesticulant en arpentant nos rues, affalés sous le poids de leur vie et de tout ce qu'ils avalent, pour l'oublier sur les bancs qui peuvent encore les accueillir.
C'est un livre plein d'humanité que je n'oublierai pas.
Durant encore une quinzaine de jours mes parutions risquent fort d'être courtes et mes commentaires sur vos blogs assez irréguliers... Il faut savoir s'adapter et c'est ce que j'essaie de faire, mais je tenais tout de même à m'en excuser auprès de vous.