C'est devenu un jeu pour moi : rechercher les oeuvres de femmes, dans les musées que je visite.
Le plus souvent il faut y mettre un certain entêtement... La découverte n'en est donc que plus plaisante.
Voici donc mon dernier trophée : le "Portrait de Paolo Morigia", daté de 1596, exposé à la Bibliothèque Ambrosienne de Milan.
"Portrait de Paolo Morigia" - 1596 -Bibliothèque Ambrosienne, Milan, Italie |
Son auteure est une jeune-femme alors âgée de dix-huit ans, Fede GALIZIA, que Paolo Morigia, historien et jésuite n'hésite pas à faire figurer dans son "Nobilita di Milano", parmi les personnes les plus distinguées de la ville.
Détail des loupes dans lesquelles se reflètent des objets de la pièce. |
Elle est née en 1578, à Milan justement ou à Trento, dont son père, Nunzio Galizio, peintre miniaturiste, est originaire.
C'est lui, bien sûr, qui lui apprend le dessin et la peinture, lui donnant peut-être ce goût du détail parfaitement rendu, qui caractérise l'ensemble de ses oeuvres.
On sait relativement peu de choses de sa vie, si ce n'est qu'elle obtint très rapidement une renommée certaine, qu'elle ne se maria jamais, qu'elle prononça ses voeux le 21 juin 1630 et mourut de la peste quelques temps après.
Si beaucoup de ses oeuvres ont disparu, comme celles commandées par l'Empereur Rudolph II, si certaines, peut-être même nombreuses, ont été attribuées à d'autres peintres, on estime à environ soixante-trois le nombre de celles, restantes, qui lui sont officiellement reconnues - car signées et datées - ou attribuées.
Parmi celles-ci, des miniatures, des portraits mais également des retables pour des églises de Milan comme le "Noli me tangere" réalisé en 1618 pour l'église Santo Stefano,
ou des tableaux à sujet religieux comme ce "Judith et Holopherne".
"Judith et Holopherne" -
Ringling Museum, Sarasota, Floride, E-U
|
Détails du bracelet et signature de Fede Galizia. |
Cependant, c'est surtout pour ses natures mortes qu'elle est restée dans les mémoires, puisqu'elle est considérée comme "l'artiste phare de la nature-morte archaïque"* lombarde.
"Coupe avec des prunes, despoires et une rose" - 1602 - Non localisée |
Ce tableau, un petit panneau de bois peint qui est "la première nature morte datée de Fede GALIZIA " et "la première nature-morte datée du XVII ème lombard"*, est caractéristique de son style mais plus largement encore de celui de cette époque et de ce lieu :
"Une grande sobriété, une attention aux choses simples, et une tendance à la géométrisation des formes. "*
Au même moment parviennent à Milan, à l'adresse du cardinal Federico Borromeo les premiers et fastueux bouquets de Jan Bruegel, peints sur cuivre.
Ces deux mondes vont se rencontrer... et la nature-morte évoluer.
Sources :
En français :
- Galerie Canesso : www.canesso.com, dont sont issues toutes les citations marquées d'une *
En anglais :
- article Wikipedia : Fede Galizia
- Clara database of women artists : http;//clara.nmwa.org
- Delia Gaze : "Concise dictionnary of women artists" : Google books
Ce portrait est vraiment superbe et surprenant, il n'embellit pas mais pourtant une sorte de grâce s'en dégage
RépondreSupprimerune artiste au nom totalement inconnu pour moi
Je t'avoue que je ne la connaissais pas du tout avant de voir ce tableau qui m'a beaucoup frappée !
SupprimerQuelle excellente idée celle de se balader à la recherche de femmes!
RépondreSupprimerContrairement à Dominique, je connaissais Fede Galizia grâce à un blog "féministe" que je suis régulièrement: "Les aventures d'Euterpe" qui y a consacré au moins deux billets: http://lesaventuresdeuterpe.blogspot.com.es/2010/07/fede-galizia-et-judith.html
http://lesaventuresdeuterpe.blogspot.com.es/2010/08/natures-mortes-de-fede-galizia-blog-en.html
C'est avec grand plaisir que je la retrouve chez toi! Merci surtout pour tous ces détails qui mettent en valeur le talent de cette dame.
Bonne journée!
J'encourage tout le monde à faire de même, c'est une source de belles découvertes ! Merci pour ces références, Colo, je vais vite consulter ce blog. Très bon week-end, d'hiver, comme ici ?
SupprimerJe ne la connaissais pas non plus. Le portrait est saisissant.
RépondreSupprimerOui, dommage que l'on n'ait plus trace que d'une partie de son oeuvre, les portraits et les sujets religiux ayant été nombreux à disparaître.
SupprimerBeau travail de recherche, soyez en remerciée. Le fait qu'il s'agisse d'une femme n'a rien d'étonnant, c'est l'âge qui suscite l'intérêt. Un père peintre explique peut-être la précocité du talent ?
RépondreSupprimerAccéder à la notoriété n'était pas acquis pour les femmes de l'époque. Merci pour les liens auxquels j'ajoute ceux de Colo.
Merci, Christian, c'est toujours un plaisir que de se lancer dans une recherche, aussi limitée soit-elle ! Nous sommes d'accord, le fait qu'elle soit une femme n'a rien d'étonnant !
SupprimerTu es parfaitement géniale et ces figures féminines sauvées de l'oubli m'émeuvent profondément.
RépondreSupprimerC'est trop, Anis ! A chaque fois que je me lance dans la rédaction d'un billet de ce type, je pense particulièrement à toi. Je sais que tu y seras sensible !
RépondreSupprimerUn billet très intéressant, merci pour ce partage.
RépondreSupprimerMerci à toi, Nadael !
RépondreSupprimerSo interesting -- and I absolutely love the still life ...
RépondreSupprimerIt is an excellent idea to have a goal when you visit museums, rather like a treasure hunt (although it is too bad works by women are so rare that it is hard to find them. But we can only change the future, not the past!)
I like this game... Have you seen that the "Judith and Holophern" is in Florida ? Perhaps could you see it !
RépondreSupprimer