Editions : Gaïa- Babel n°1043- 2009 - 237 pages.
C'est la couverture de ce livre qui m'a d'abord attirée, illustrée qu'elle était par un beau et mystérieux tableau de Miriam ESCOFFET (sur laquelle vous pourrez découvrir plus en visitant son site).
Un commentaire élogieux de J.M.G. LE CLEZIO et l'avis enthousiaste des compétentes et accueillantes libraires d' "Au coin des mots passants" à Gap ont fait le reste, je me suis mise à la lecture, de cet étrange et beau roman, écrit directement en français, par une bien talentueuse auteure roumaine.
Il était une fois... en Moldavie, un petit village perdu dans les forêt, nommé Slobozia. Des familles de bûcherons y vivent depuis des siècles, dans leurs maisons bâties le long de la rivière, ou, pour les plus isolées, dans les collines qui entourent la petite agglomération. Un monastère byzantin, bâti non loin de là, en constitue le joyau. Chacun presque immuablement y poursuit sa pauvre existence, ignoré de tous ou presque, s'adaptant autant qu'il est possible aux vicissitudes successives de l'Histoire. Une seule vérité certaine et immuable : on ne s'approche pas de la Fosse aux Lions, un lac de sinistre mémoire, hanté par les moroï, des revenants, probablement les âmes errantes des soldats turcs qui s'y noyèrent au XVI ème siècle.
Car non, nous ne sommes pas au Moyen-Âge, mais bien dans la Roumanie de Ceaucescu ( et même un peu après vers la fin) et tous les personnages que nous allons croiser, sont nos contemporains : Ana Luca la courageuse et ses enfants, Victor le boeuf et Eugenia la fluette, le saint pope Ilie et son prosaïque successeur Ion Fatu, Simion Pop le policier perspicace et Ismaïl le tzigane et bien entendu sorcier, sans parler de Daniel l'ermite en quête de rédemption, et toutes les blanches victimes de l'assassin, qui, depuis deux décennies, hante la contrée.
Il y a ceux qui résistent et ceux qui s'adaptent - pas simple de s'en sortir dans un pays où deux pouvoirs, l'Etat et l'Eglise - cherchent à régenter la vie, ceux qui paient le prix de leurs actes et ceux qui en réchappent, chacun avance, branlant, tiraillé, comme il peut... S'affranchir ? Qui décide ?
Cela faisait très longtemps que je n'avais pas été aussi surprise et ravie par un livre : rien de convenu ici mais des questions : où suis-je ? Dans un conte, une fable, un essai d'ethnologie ? Et pourquoi Ceaucescu et ses sbires déboulent-ils alors que je me croyais dans des temps plus anciens ? Et ces moroï ? Et cette odeur de mandragore ?
Il y a un grand plaisir à se laisser ainsi entraîner d'un monde à l'autre, à se laisser porter par les incertitudes du récit. Fantastique ? Réalité ? Quelle importance ? La magie est là qui nous fait aimer toutes ces pauvres âmes.
Un livre qui agit comme un charme, cela ne peut se refuser.
Un livre qui agit comme un charme, cela ne peut se refuser.
je l'ai lu à sa sortie mais j'ai eu plus de mal que toi à me laisser charmer, il faut dire que je suis un peu hermétique à ce qui est contes et légendes
RépondreSupprimerJe crois que j'ai surtout apprécié d'être déstabilisée en permanence. Mais j'ai beaucoup aimé aussi le côté "Hansel et Gretel" !
SupprimerJe l'ai dans mon immense pile. J'ai tellement été touchée par ces voix roumaines qu'une vraie histoire d'amour et de lectrice est née entre eux et moi tant que durera mes lectures.
RépondreSupprimerC'est une première pour moi. Je vais retourner à tes articles pour trouver d'autres pistes de lecture.
SupprimerVery lovely review, Annie! I think I'd also enjoy being carried away be this story, most certainly.
RépondreSupprimerI think so, if you like tales. Have a nice week Suko !
SupprimerJe ne sais quoi, dans ta lecture, me rappelle l'univers d'Herta Müller, comme si ces sortilèges imprégnaient la culture roumaine. Liliana Lazar, c'est noté, je suis intriguée.
RépondreSupprimerJe ne peux pas te répondre car je ne me souviens pas d'avoir lu Herta Müller. Par contre tu trouveras dans le blog d'Anis (http://femmes-de-lettres.com/?blogsub=confirming) de nombreuses références à des aureures roumaines.
RépondreSupprimerComme j'ai aimé L'homme qui savait la langue des serpents, je sens parfaitement ce conte pour adultes. Merci pour cette belle découverte.
RépondreSupprimerThe cover is beautiful -- I would definitely have picked this book up! Sounds like a magical read.
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