Titre original : "Night and Day"- 1919 -
Auteure : Virginia WOOLF
Texte, traduit, annoté, commenté par : Françoise PELLAN
Editions : Gallimard- La Pléiade - 2012 - 442 pages
"Nuit et Jour", second roman de Virginia Woolf et également la plus longue de ses oeuvres romanesques, a été publié en octobre 1919, un peu plus de quatre ans après "Traversées".
Pourtant, aucune trace du conflit qui vient de secouer le monde dans ces pages, mais, au contraire, la sérénité et les conventions d'un monde protégé, aimablement tourné vers son glorieux passé, juste effleuré par quelques questions de son temps, comme le suffrage des femmes, toujours à venir, où l'éducation des travailleurs à la démocratie, que des jeunes-gens, tout frais sortis d'Oxford ou de Cambridge, ont décidé mener à bien.
Nous sommes à Londres, aux alentours de 1910.
Katharine Hilbery, petite-fille d'un illustre poète, esprit bien organisé, poursuit chez ses parents une vie plutôt monotone, mais qui semble lui convenir, entre rédaction avec sa mère, charmante et fantasque, d'une biographie toujours repoussée de l'aïeul, et service du thé, qui réunit régulièrement autour de la table, des esprits du meilleur monde. Personne ne sait qu'elle se passionne pour les mathématiques et l'astronmie, qu'elle travaille le soir, retirée dans sa chambre.
Mary Datchet a choisi une autre voie : l'action, bien décidée qu'elle est à devenir la "grande organisatrice" de l'association pour le vote des femmes, dont elle est la secrétaire, bénévole, il va s'en dire. Elle accueille également dans son appartement les réunions bi-mensuelles de divers comités qui s'intéressent à l'art ou à la réforme de l'Etat et c'est ainsi que se croisent, William Rodney, également familier des thés de Mrs Hilbery, qui vient ce soir là parler de "l'emploi de la métaphore dans la littérature élisabéthaine" et Ralph Denham, pilier depuis la mort de son père, d'une trop nombreuse famille, mais aussi juriste apprécié de Mr Hilbery, qui accueille avec joie ses articles, dans la revue de droit, qu'il anime.
La première rencontre tendue entre Katharine Hilbery et Ralph Denham, autour des reliques consciencieusement conservées de l'illustre grand-père, la passion enfin avouée de Rodney pour Katharine, l'amour évident qu'elle croit peut-être trop vite réciproque de Mary Datchet pour Denham, la découverte par celui-ci du trouble pénible dans lequel le plonge le souvenir de Katharine, vont les projeter dans une quête "tour à tour déconcertante, mortifiante et exaltante " : "chercher à repérer un sentiment véritable, dans le chaos des pseudo-sentiments ou demi-sentiments que la vie nous inspire, le reconnaître quand on le trouve, et accepter les conséquences de cette découverte".
L'arrivée tardive de Cassandra, jeune cousine si spontanée, contrairement à eux, de Katharine les aidera à mettre au clair leurs sentiments.
C'est donc un roman très classique que nous offre Virginia Woolf, dont la lecture fait souvent penser, humour compris, aux oeuvres de Jane Austen. Comédie de moeurs, critique d'un petit monde (par ailleurs charmant !) aux rites surannés et passablement ridicules c'est aussi un texte à clés dans lequel on peut croiser et donc mieux comprendre, Vanessa Bell, sa soeur aînée, Léonard Woolf et sa famille et le milieu de Bloomsbury.
Un roman émouvant également, quand on sait que l'auteur, qui aspirait déjà à une forme moins convenue, a aussi probablement choisi cette construction rassurante, pour pouvoir lutter contre un nouvel accès de dépression.
"Oeuvre d'un sujet en miettes dans un monde en chaos", qui le devinerait ?
Les notes de Françoise Pellan, qui a également traduit l'ouvrage, sont là, entre autre, pour nous le rappeler. Elles ont été pour moi un complément nécessaire et passionnant à la lecture de ce livre.
Je me proposais de faire un billet sur "La fascination de l'étang", recueil de nouvelles lu récemment, mais devant ces beaux billets sur VW qui fleurissent sur les blogs (elle le vaut bien), ils me permettront d'être plus succinct en renvoyant vers eux, dont les vôtres si vous permettez.
RépondreSupprimerBien sûr, avec plaisir, mais n'écourtez pas vos billets pour autant ! Ce qui est intéressant c'est l'avis de chacun !
SupprimerI've not read Night and Day, but it sounds very intriguing. Thank you for this lovely review, Annie.
RépondreSupprimerIt's a very interesting book and I was very happy to read it.
SupprimerI still have this on my TBR stack (to be read). I found it in paperback.
RépondreSupprimerAn other one to read ! The pleasure is to know that we 'll have always something interesting to read !
SupprimerJ'ai les oeuvres complètes de Virignia Woolf, mais pas dans cette édition - et donc les notes non plus. Je vais malgré tout m'y intéresser car les traductions évoluent toujours.
RépondreSupprimerJe trouve cette édition vraiment passionnante et les notes très "aidantes". Un bon choix si vous avez envie d'entamer une relecture !
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