Auteure : Sylvie WEIL
Editions : Buchet Chastel -2013- 485 pages
Il y a quelques années, j'avais lu avec beaucoup de plaisir le livre, "Chez les Weil"* que Sylvie Weil avait consacré à sa famille paternelle.
On peut comprendre que passer sa vie entre deux génies, l'un longtemps vivant, le mathématicien André Weil son père, co-fondateur du groupe Bourbaki et le souvenir omniprésent de sa tante, l'illustre, mais "très encombrante" philosophe Simone Weil, ait de quoi marquer une existence !
J'avais alors beaucoup apprécié la manière dont Sylvie Weil avait su leur rendre hommage tout en les égratignant avec impertinence, et peut-être encore plus admiré la façon dont, visiblement, elle avait su faire sa vie, armée qu'elle était, entre autres qualités, d'un inaltérable sens de l'humour.
C'est bien ce sens de l'humour justement qui la fait "mourir de rire", devant la réaction hystérique de sa toute nouvelle belle-mère Molly Weitzner née Shakman, qui balaye "son admirable pedigree", d'un :
"Tu ne crois pas que tu pouvais prétendre à quelque chose de plus reluisant",
adressé à son fils Eric, psychiatre de son état, que Sylvie justement, vient d'épouser "à la sauvette", quelques semaines après l'avoir rencontré , à New-York, en 1980.
C'est pour "savoir de quoi est fait Eric" justement, enfant de Brooklyn qui ignore tout de ses ancêtres au-delà de ses grands-parents, que Sylvie Weil s'est intéressée à cette toute nouvelle famille et plus particulièrement à celle de l'odieuse Molly ("Chez mon fils c'est chez moi...ça m'intéresse de voir comment c'est rangé !") puisque l'histoire de son si doux et si lent beau-père Sam Weitzner se limite à un amour contrarié pour le saxophone, un père tailleur dans le Colorado, et de lointaines racines austro-hongroises. Le saxophone donc c'est pour lui.
Et le hareng, donc, c'est pour Molly.
En interrogeant les uns -en général tous d'avis différents-, en examinant des clichés pâlis, en fouillant dans de vieux papiers, en s'intéressant à la petite troupe de vieux voisins revenus des camps qui s'installe chaque été au pied de l'immeuble du Bronx où elle vit avec son tout nouveau mari, c'est en fait un monde que Sylvie Weil reconstruit peu à peu : des lieux, des noms, des métiers, des traditions : Ouman et Nikolaïev en Ukraine, une ferme dans l'Ontario, des boutiques à New-York, Dovid le petit champion d'échecs et ses descendants Shmiel-Haïm et Esther, qui lassés des progroms sont allés rejoindre les sept de leurs huit enfants vivants qui se sont installés en Amérique. Molly justement est la dernière fille de Guédalia appelé aussi George, épicier et vendeur des fameux harengs, comme l'était déjà son père.
C'est par très courts chapitres que nous découvrons cette histoire, comme Sylvie Weil l'a probablement découverte elle-même, au gré de ses rencontres, sans souci de chronologie.
Si parfois on s'y perd un peu malgré l'arbre généalogique fourni en annexe, on vit vraiment au coeur de cette famille courageuse et difficile, que ce soit aujourd'hui ou hier, admirant le courage des anciens qui ont tout quitté et accepté "après s'être transporté" de "se transformer" autant que nécessaire ou comprenant mieux également les générations plus récentes écrasées ou confortées par le respect de la tradition et de la volonté de leurs pères, qui leur ont cependant permis de trouver la paix "ici".
J'ai beaucoup aimé ce livre plein de vitalité, d'humour et de tendresse, car Sylvie Weil comprend... même la terrible Molly, lui démontrant ainsi que l'intelligence et le ceur sont un bien bel héritage !
Mais arait-elle seulement compris ?
* Publié en anglais sous le titre : "At home with André and Simone Weil"
C'est par très courts chapitres que nous découvrons cette histoire, comme Sylvie Weil l'a probablement découverte elle-même, au gré de ses rencontres, sans souci de chronologie.
Si parfois on s'y perd un peu malgré l'arbre généalogique fourni en annexe, on vit vraiment au coeur de cette famille courageuse et difficile, que ce soit aujourd'hui ou hier, admirant le courage des anciens qui ont tout quitté et accepté "après s'être transporté" de "se transformer" autant que nécessaire ou comprenant mieux également les générations plus récentes écrasées ou confortées par le respect de la tradition et de la volonté de leurs pères, qui leur ont cependant permis de trouver la paix "ici".
J'ai beaucoup aimé ce livre plein de vitalité, d'humour et de tendresse, car Sylvie Weil comprend... même la terrible Molly, lui démontrant ainsi que l'intelligence et le ceur sont un bien bel héritage !
Mais arait-elle seulement compris ?
je ne connais pas celui là mais comme toi j'ai bien aimé "Chez les Weill " une belle façon d'entrer dans l'intimité d'une philosophe et d'un mathématicien
RépondreSupprimerCelui-ci propose plus d'entrer dans une famille d'immigrants et cet aspect est particulièrement intéressant.
SupprimerVery, very interesting review, Annie! This book sounds wonderful.
RépondreSupprimerI hope it'll be soon translated in English.
SupprimerAvec une tante aussi célèbre, soit on attend beaucoup de Sylvie ou bien elle bénéficie du nom.
RépondreSupprimerJe retiens "Chez les Weil" également, car la vie des mathématiciens, pas nécessairement passionnante vue de l'extérieur, doit valoir le détour, et si vous l'avez apprécié...
J'ai eu surtout l'impression qu'elle avait eu à porter le poids d'une si extraordinaire tante, ce qui peut se révéler être aussi un fardeau quand on est une jeune-fille qui a envie de vivre !
SupprimerJe ferais bien connaissance avec cette Weil-là. S'intéresser aux autres, c'est le début de la compréhension.
RépondreSupprimerN'hésitez pas car en plus c'est une lecture réjouissante !
SupprimerIl est très tentant ce livre, et le premier que tu cites également. Et bonne nouvelle, il est à la bibliothèque (le premier)
RépondreSupprimerEt bien, commence par le premier Aifelle, car en plus cela a du sens... Tu riras (par moments) encore plus en lisant le second.
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