Auteurs : Marie-France et Jean-Christophe SARRAZIN
Aquarelles : Silvio PARADISO
Traduction en anglais : Blandine DELORME et James GADD
Collection : "Les contes savants du P'tit montagnard" - 2013 - 33 pages
Dans quelques jours et durant deux mois, des milliers de personnes venues de tous les coins d'Europe, vont passer en car, en camping-car, en voiture, en moto, à bicyclette, et même parfois assez imprudemment à pied, sur le beau pont qui franchit le lac de Serre-Ponçon à la hauteur de Savines-le-lac.
Mais à part les autochtones, surtout s'ils sont âgés, combien seront-ils à savoir, que sous le pont, sous l'eau, se trouvent encore les traces du village de Savines ?
Peu je pense et c'est bien dommage, car ce qui s'est passé ici a profondément marqué la vie de la région, laissant chez certains, et on le comprend, des cicatrices encore très douloureuses.
En effet, le 3 mai 1961, après que le petit millier d'habitants de ce bourg aient été expropriés, après que l'ensemble de leurs maisons aient été démolies, après que l'église ait été dynamitée et que les tombes des cimetières aient été déplacées, le barrage à été mis en eau et les flots de la Durance ont peu à peu englouti ce qui faisait le cadre de leurs vies.
Photo : " Le Dauphiné Libéré" |
Photo : " Le Dauphiné Libéré" |
C'est pour que le souvenir de Savines reste vivace, notamment auprès des enfants, que les auteurs ont décidé de publier ce petit livre en deux parties.
Tout d'abord un conte, également traduit en anglais au bénéfice de tous les petits britanniques et néerlandais qui viendront bientôt se baigner ici, suivi d'un glossaire qui fournit des informations sur quelques unes des célébrités du pays : le préfet Ladoucette, le sculpteur Jean-Esprit Marcellin, Vauban, et quelques sites remarquables : la citadelle de Sisteron, Briançon et ses gargouilles, la cathédrale d'Embrun, le barrage de Serre-Ponçon bien sûr et les autres villages engloutis à l'instar de Savines : Ubaye, l'Ile Rousset, la Ribière, la gare de Prunières.
"Quel rapport avec le conte ?", allez-vous peut-être penser.
La disparition.
Car c'est le choix des auteurs : un fantôme, ancien habitant du village, fait disparaître jour après jour, les monuments célèbres de la région, pour reconstruire son village sous les eaux avant d'ouvrir les vannes du barrage et ainsi le faire réapparaître et revivre.
Il faudra convoquer le prestigieux Vauban, très actif dans la région, pour l'en dissuader.
N'ayant pas en ce moment de jeunes oreilles à proximité, je ne peux me prononcer sur l'efficacité du procédé.
Mais j'ai trouvé que c'est une très belle initiative, susceptible en outre de passionner les enfants.
Je suis certaine également que de nombreux parents pourront y trouver leur compte et que certains voudront ensuite en savoir plus.
J'ai bien apprécié également les illustrations et notamment le beau rendu des visages.
Un seul regret : que le glossaire ne soit pas également traduit...
Mais rien n'est parfait en ce monde !
Anis, "Traversées", ce sera pour la semaine prochaine !
Anis, "Traversées", ce sera pour la semaine prochaine !
je trouve ton billet passionnant, figures toi que j'ai l'âge de me souvenir de cet évènement, mon père était un naturaliste dans l'âme et ce genre de chose le touchait particulièrement aussi je me souviens être allé au bord du lac et l'avoir entendu raconter comment l'on avait noyé un village
RépondreSupprimerJe suis heureuse d'avoir pu ainsi te faire remonter le temps !
SupprimerDéjà, le traumatisme a dû être fort (je crois que je m'en souviens), la moindre des choses c'est de maintenir la mémoire de ce qui s'est passé. D'autant qu'à mon avis, les lieux les portent les souvenirs.
RépondreSupprimerOui, surtout en hiver, quand le niveau du lac baisse et que peu à peu les traces du village réapparaissent : routes, ponts, murettes, périmètre des maisons. Cela m'émeut toujours.
SupprimerAnnie, this is a lovely and wistful post today.
RépondreSupprimerThe village story is witful and I'm sad for all he people who suffer this loss.
SupprimerBeau travail de mémoire, des lieux et des gens. Je suis déjà passée sur ce pont.
RépondreSupprimerJe pense souvent, devant des lacs de barrage, à ce qu'ils ont noyé dans leurs eaux. L'été dernier, dans la région du lac de Sainte-Croix, j'ai appris que grâce à la mobilisation des habitants, seul un des trois villages menacés a disparu.
Moi aussi ! Ce sont des histoires qui me touchent toujours. Je pense que c'est une très cruelle expérience.
SupprimerCela me fait penser au lac du Der.
RépondreSupprimerJ'ai connu son histoire car nous avons fait un séjour à Saint Dizier ...
Tous les lacs artificiels doivent cacher de telles histoires...
SupprimerCe village englouti me rappelle une lecture où il est question de l'enfance du narrateur enfouie sous les eaux: il s'agit de "L'homme qui ne savait pas dire non" de Serge Joncour, avec de très beaux passages sur la mémoire engloutie.
RépondreSupprimerJ'attends donc la suite de la mémoire de Savines.
Bon week-end !
Merci pour cette référence ! Très bon week-end à vous également.
RépondreSupprimerJe suis venue avec mes élèves visiter la région et le lac de Serre-Ponçon ainsi que l'histoire de la mise en eau nous avait été racontées. C'était assez bouleversant.
RépondreSupprimer