Titre original : "Jeder stirbt für sich allein"
Auteur : Hans FALLADA
Traducteurs : A. VIRELLE et A.VANDERVOORDE
Editions : Denoël - Folio n°"3977- 2002. 556 pages
Dernier retour à Berlin, du moins pour le moment, avec ce très beau livre de résistance, - "l'un des plus beaux livres sur la résistance allemande" d'après Primo Levi.
Nous sommes en 1940 à Berlin. La France vient de capituler.
Dans un immeuble d'un quartier populaire, vivent plusieurs familles que seul rassemble ce lieu partagé : Au premier, il y a les Persicke, qui déjà fêtent la victoire du Führer, que leurs trois fils servent avec enthousiasme. Le second est occupé par les Quangel, Anna et son mari Otto, dont le fils est parti à la guerre. Au troisième vit le conseiller Fromm seul avec sa gouvernante et ses livres, enfin au quatrième la vieille Frau Rosenthal, qui jadis, avec son époux tenait une si jolie boutique de lingerie. Le magasin a été aryanisé et son mari arrêté il y a quinze jours.
C'est dans cet immeuble que vient d'entrer Eva Kluge, la factrice, porteuse d'une lettre de la poste militaire, une sale lettre, qu'il va bien falloir remettre aux Quangel.
L'aveuglement et l'avidité des uns, la douleur des autres et surtout le malheureux "Toi et ton Führer !" que va lancer Anna Quangel au visage, resté impassible de son mari, vont bouleverser cet équilibre précaire.
Chacun va choisir sa voie dans cette ville gangrenée par la peur, une voie qui mènera certains jusqu'à la mort, faisant d'eux les héros qu'ils n'avaient jamais envisagé d'être.
J'ai trouvé la lecture de ce livre passionnante à plus d'un titre :
En tant que roman, c'est une très belle intrigue, magnifiquement construite, peuplée de personnages dont l'humanité bonne ou mauvaise, parfois les deux, n'est jamais factice. Chacun a du poids et se révèle par des petits détails, des attitudes d'une parfaite vérité, croquées avec des mots simples, sans aucune emphase.
En tant que document, c'est un témoignage de première main, sur la vie des allemands durant la guerre : les plus âgés, les femmes, tous ceux qui n'étaient pas sur le front : on continue à travailler, mais on fabrique des cercueils à la place de commodes, on tient sa maison, on profite des petites joies, ou alors on boit, on cherche la bonne affaire et surtout on a peur : du voisin, du gamin pas bien sympathique qui s'est enrôlé dans les Jeunesses hitlériennes, de ce commissaire de police qui vous demande de surveiller la voisine, de tout et de tous.
C'est aussi, bien sûr un témoignage sur ceux qui résistent, seuls ou en groupes, avec des armes, des ronéos ou simplement, comme Otto et Anna Quangel avec une plume et quelques cartes postales.
Ils ont résisté au-dehors, ils résistent aussi dans les prisons où on les envoie croupir avant de les exécuter et leur courage, leur discipline, leurs regards, leur force rappellent jour après jour aux bourreaux, qui ne s'en remettent pas toujours, la force des victimes.
Ils ont résisté au-dehors, ils résistent aussi dans les prisons où on les envoie croupir avant de les exécuter et leur courage, leur discipline, leurs regards, leur force rappellent jour après jour aux bourreaux, qui ne s'en remettent pas toujours, la force des victimes.
C'est aussi, après tout ce noir, un magnifique livre d'espoir : il y a ceux qui en sortiront grandis, qui auront su tourner la page pour pouvoir rester humains et entamer un autre chemin.
Enfin, l'histoire du roman est également passionnante :
C'est en quelque sorte un livre de commande, qu'Hans Fallada a rédigé en quatre semaines, à partir d'un dossier de la Gestapo concernant un couple d'ouvriers berlinois, que lui avait remis un militant communiste.
Hans Fallada, âgé de cinquante-quatre ans, mourra quelques semaines après l'avoir achevé, épuisé par une vie tourmentée et le prodigieux effort qu'il venait de fournir pour venir à bout de ce qui reste son chef d'oeuvre.
Si vous voulez en savoir plus sur ce livre et cet auteur, je ne saurais trop vous conseiller d'écouter sur France culture , l' émission de la série "Une vie, une oeuvre", qui leur a été consacrée récemment.
La vie d'Hans Fallada est à elle seule un roman.
C'est justement en écoutant France Culture que j'ai découvert Hans fallada et que je vais d'ici peu me plonger dans "Seul dans Berlin".A lire votre enthousiasme il me semble que la déception ne sera pas au rendez-vous.En passant j'en profite pour signaler cette émission à laquelle vous faites allusion: Une vie, une oeuvre" le samedi à 16h .
RépondreSupprimerMerci pour ce complément que je vais ajouter dans mon texte. Bonne lecture !
SupprimerJe l'ai lu il y a quelques années et en ai gardé un souvenir très sombre. J'ai été passionnée par l'émission de France-Culture et les concessions que l'auteur à dû faire. Du coup, j'aimerais lire la version authentique.
RépondreSupprimerBien sûr, c'est sombre mais je trouve que l'espoir l'emporte.
SupprimerIl y a eu récemment une autre émission, toujours sur France Culture, consacrée au seul livre, et tout aussi passionnante, mais je n'ai pas réussi à la retrouver pour la mettre en lien.
Annie, this sounds fascinating and you have presented it so well!
RépondreSupprimerThanks, Suko. You can read this book in English : just "Alone in Berlin", of course !
Supprimerje l'ai lu il y a pas mal de temps mais il m'est bien resté en mémoire c'est un livre superbe
RépondreSupprimerOui, c'est le cas. Je ne le connaissais pas du out avant d'écouter ces émissions. C'est d'ailleurs de la même façon que j'avais découvert "Terres de sang".
RépondreSupprimerThe picture alone gave me cold shivers. What a terrible time it was and how brave some people were. I had not ever heard of this author....you always give me so much to think about and so many books I want to read.
RépondreSupprimerThanks you, Sallie ! He is a strange author in a so difficult time, with a strange and sad life. You can find the book in English and for your Kindle : "Alone in Berlin".
RépondreSupprimerJe ne connais pas du tout ce livre mais vous me donnez vraiment envie de le connaître. J'aime lire des romans sur cette période. Merci et bon week end.
RépondreSupprimerC'est un très beu livre ! Je suis passionnée par cette période (comment cela a-t-il été possible ?) et les livres la concernant sont nombreux. Il faut juste faire une petite pause de temps en temps pour ne pas tomber dans une trop grande tristesse.
SupprimerCe titre est sur ma liste "à lire" et ce billet me confirme dans mon intention, merci Annie.
RépondreSupprimerN'hésite-pas et si tu as le temps, l'émission est également passionnante.
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