Couleur : Lucie Firoud et guy Delisle
Editions : Delcourt coll. Shampooing -2011- 334 pages
J'étais entrain de terminer "Jérusalem -une biographie-" lorsque j'ai appris que la BD qui venait d'obtenir le "Fauve d'or - prix du meilleur album 2012-", au festival d'Angoulême avait pour titre "Chroniques de Jérusalem".
Bien que n'étant pas lectrice de BD, je me suis dit que je ne pouvais pas manquer çà, et ne l'ai pas regretté.
Il doit y avoir à peu près deux ans, Guy Delisle, comme il semble en avoir l'habitude, quitte le Québec, pour suivre sa compagne, Nadège qui travaille pour "Médecins Sans Frontière". Elle vient d'obtenir une mission d'un an à Jérusalem-Est. Leurs deux jeunes enfants, Louis et Alice, les accompagnent.
Mois par mois, nous allons partager la vie de la famille ou plus exactement celle de Guy Delisle qui, tout en assurant l'intendance, entrevoit le monde complexe qui l'entoure et cherche à en rendre compte avec ses outils habituels : papier et crayons.
Petit à petit, accompagné ou non de ses enfants, il va découvrir son quartier, puis au gré de rencontres fortuites ou organisées, le reste de la ville, la plage de Tel-Aviv, Hébron, Naplouse, un peu de la Cisjordanie, les colonies....
Il va donc tenter de circuler dans une ville quadrillée de murs et scandée par les check-points, tenter de visiter la Vieille Ville en échappant aux foudres des intégristes de tout poil, tenter de trouver le lieu le jour et l'heure où il pourra admirer l'esplanade des Mosquées.
Il va aussi se lier avec d'autres expatriés souvent aussi perplexes que lui, découvrir la vie en morceaux de ses voisins arabes, accompagner des militantes israéliennes pour la paix, observer prudemment les hassidims dans leur quartier, être confronté indirectement aux exactions des "faucons".
Puis lui et sa famille vont repartir.
Ce qui fait pour moi tout l'intérêt de cet ouvrage c'est le parti choisi par Guy Delisle.
S'il a des convictions, il n'est pas dupe et ne se drape en rien dans la posture du farouche militant. Il sait qu'il ne fait que passer.
C'est un petit homme qui a souvent trop chaud, qui est fatigué par le bruit, la poussière, qui aimerait bien parfois pouvoir dessiner tranquillement. Il gaffe, râle, parfois s'ennuie, s'étonne, se tortille la cervelle pendant de longues minutes, dans le supermarché d'une colonie, pour savoir s'il est moral ou pas d'y acheter ses céréales favorites. Il y renonce. Quelques semaines plus tard, après avoir partagé les affres des humanitaires qui tentent d'intervenir à Gaza durant l'opération "Plomb durci", c'est assez tranquillement, avec son copain Nicolaï, qu'il regarde filer au-dessus de la plage les avions militaires qui vont terminer le travail.
Pourtant, en refermant le livre nous savons qu'il n'est pas passé pour rien car il dessinne, des petits croquis comme on en ferait sur une nappe en papier pour expliquer la situation des territoires : un gruyère. Deux autres et l'histoire récente d'Hébron devient claire. Une dizaine de plus et mille ans d'histoire sont résumés. Deux pages et on sent la colère ou l'abattement monter.
Parce qu'il décrit ce que Simon Sebag-Montefiore ne fait qu'évoquer : Jérusalem aujourd'hui, parce qu'il éclaire en quelques traits des situations restées confuses, ce livre est un parfait complément au précédent, qui à l'inverse nous rappelle qu'aujourd'hui est aussi le fruit d'hier.
C'est en plus un livre plein d'humour et peut être mieux encore plein d'humanité.
Pour une première découverte, cliquer ici : .http://www.guydelisle.com/jerusalem/jeru-index.html
Bien que n'étant pas lectrice de BD, je me suis dit que je ne pouvais pas manquer çà, et ne l'ai pas regretté.
Il doit y avoir à peu près deux ans, Guy Delisle, comme il semble en avoir l'habitude, quitte le Québec, pour suivre sa compagne, Nadège qui travaille pour "Médecins Sans Frontière". Elle vient d'obtenir une mission d'un an à Jérusalem-Est. Leurs deux jeunes enfants, Louis et Alice, les accompagnent.
Mois par mois, nous allons partager la vie de la famille ou plus exactement celle de Guy Delisle qui, tout en assurant l'intendance, entrevoit le monde complexe qui l'entoure et cherche à en rendre compte avec ses outils habituels : papier et crayons.
Petit à petit, accompagné ou non de ses enfants, il va découvrir son quartier, puis au gré de rencontres fortuites ou organisées, le reste de la ville, la plage de Tel-Aviv, Hébron, Naplouse, un peu de la Cisjordanie, les colonies....
Il va donc tenter de circuler dans une ville quadrillée de murs et scandée par les check-points, tenter de visiter la Vieille Ville en échappant aux foudres des intégristes de tout poil, tenter de trouver le lieu le jour et l'heure où il pourra admirer l'esplanade des Mosquées.
Il va aussi se lier avec d'autres expatriés souvent aussi perplexes que lui, découvrir la vie en morceaux de ses voisins arabes, accompagner des militantes israéliennes pour la paix, observer prudemment les hassidims dans leur quartier, être confronté indirectement aux exactions des "faucons".
Puis lui et sa famille vont repartir.
Ce qui fait pour moi tout l'intérêt de cet ouvrage c'est le parti choisi par Guy Delisle.
S'il a des convictions, il n'est pas dupe et ne se drape en rien dans la posture du farouche militant. Il sait qu'il ne fait que passer.
C'est un petit homme qui a souvent trop chaud, qui est fatigué par le bruit, la poussière, qui aimerait bien parfois pouvoir dessiner tranquillement. Il gaffe, râle, parfois s'ennuie, s'étonne, se tortille la cervelle pendant de longues minutes, dans le supermarché d'une colonie, pour savoir s'il est moral ou pas d'y acheter ses céréales favorites. Il y renonce. Quelques semaines plus tard, après avoir partagé les affres des humanitaires qui tentent d'intervenir à Gaza durant l'opération "Plomb durci", c'est assez tranquillement, avec son copain Nicolaï, qu'il regarde filer au-dessus de la plage les avions militaires qui vont terminer le travail.
Pourtant, en refermant le livre nous savons qu'il n'est pas passé pour rien car il dessinne, des petits croquis comme on en ferait sur une nappe en papier pour expliquer la situation des territoires : un gruyère. Deux autres et l'histoire récente d'Hébron devient claire. Une dizaine de plus et mille ans d'histoire sont résumés. Deux pages et on sent la colère ou l'abattement monter.
Parce qu'il décrit ce que Simon Sebag-Montefiore ne fait qu'évoquer : Jérusalem aujourd'hui, parce qu'il éclaire en quelques traits des situations restées confuses, ce livre est un parfait complément au précédent, qui à l'inverse nous rappelle qu'aujourd'hui est aussi le fruit d'hier.
C'est en plus un livre plein d'humour et peut être mieux encore plein d'humanité.
Pour une première découverte, cliquer ici : .http://www.guydelisle.com/jerusalem/jeru-index.html
I am a little ashamed at my reading habits Annie! I've been very lazy lately, just reading mysteries. You're a good role model making me want to try a little harder.
RépondreSupprimerThanks, Sallie but I do like reading mysteries too.
SupprimerIl faudrait que je me penche sur les albums de Guy Delisle, j'ai l'impression que c'est un auteur intéressant.
RépondreSupprimerMoi qui ne sais pas lire les BD, j'ai trouvé celle-ci très agréable et intéressante. J'ai autant aimé les textes que les dessins.
Supprimerj'espère pouvoir un jour le trouver dans ma bibliothèque mais la chasse aux BD est très compliquée !!!
RépondreSupprimerBonne chasse, alors...
SupprimerJ'ai entendu beaucoup de bien effectivement de cette BD.
RépondreSupprimerIl y a en plus quelques réflexions sur la vie des femmes au foyer qui te plairaient je pense !
SupprimerVery nice review, Annie! A book full of humor and humanity would be my cup of tea, too.
RépondreSupprimerYes, humor and humanity are really necessary in our world.
SupprimerJ'ai feuilleté l'ouvrage sur le Net.
RépondreSupprimerJ'aime le dessin épuré. Je ne connaissais pas jusqu'ici cet aspect reportage de la BD.
Moi non plus, mais j'ai été conquise !
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