samedi 30 juillet 2011

L'OEUF ET MOI

Titre original : "THE EGG AND I"
Auteur : BETTY MAC DONALD
Traducteur : Georges BELMONT
Editions : Hachette  L'Idéal-Bibliothèque -1959 -188 pages-
Edition condensée


Il y a une quinzaine de livres, fouillant sur les tables pleines de livres que le Secours Populaire proposait à la vente pour financer ses actions, je suis tombée avec ravissement, sur l'un des livres que j'avais eu le plus de plaisir à lire étant enfant.
Rien ne manquait ! La couverture blanche aux étoiles dorées,



la dédicace, comme nous en écrivaient nos parents, quand ils voulaient marquer l'importance du moment qui justifiait ce cadeau : ici un père à sa fille de retour à Pnom-Penh,


 et les dynamiques illustrations, très "années 50" de Jacques Poirier, dont je me souvenais si bien !


Pour celles qui auraient la malchance de n'avoir jamais lu ce livre voici, en gros, de quoi il s'agit :

Une jeune-mariée, décidée à être une bonne épouse, suit à la lettre le principe que lui a inculqué sa mère :

"Commencez par vous assurer que votre mari a bien le genre d'occupation qui lui plaît et pour lequel il est le mieux fait, puis acceptez-en de gaieté de coeur les conséquences."

Bien qu'un peu déstabilisée, il devait au départ devenir agent d'assurances, elle accompagne, sans morigéner, son Bob de mari, tout au nord de l'état de Washington, dans une "charmante petite ferme", comme diraient nos bobos (traduisez : en bois, sans aucun confort- ni eau, ni électricité- et éloignée de tout), où il a décidé d'élever des poules, et quand je dis des poules, il s'agit de 1500 volatiles, pour commencer.
Tout est à faire : construire couvoirs, nichoirs etc, défricher le verger et des terres pour créer un potager et, en tout dernier lieu, restaurer  la maison avant que l'hiver n'arrive.
 Notre jeune amie, jusqu'ici habituée au confort de la ville et d'un milieu que l'on suppose plutôt bourgeois, se voit donc dans l'obligation de se mettre au travail, il vaudrait mieux dire aux travaux (forcés). Transporter une commode, clouer des planches, écorcer les arbres, diriger le cheval, monter les murs du couvoir, rien ne lui est épargné, le "reste" : faire les repas, faire les conserves, brosser les planchers, faire la lessive, repasser au fer (en fonte) n'étant compté pour rien.
L'hiver n'arrange pas les choses, le poêle dit "poêle" ne marche pas, le linge refuse de sécher et la montagne de toute sa hauteur menace et écrase.


Les plus proches voisins, l'inénarrable famille Kettle sont à plus de six kilomètres, la "ville" bien loin aussi et le travail n'en finit jamais  : une poule ça mange, ça boit, ça doit être tenu propre et au chaud, ça pond et des fois c'est malade,  alors 1500.... Inutile d'ajouter qu'elles sont en plus idiotes, conclusion à laquelle notre héroïne arrive très vite. 
Les saisons vont passer, les joies se multiplier et les charges encore plus : indiens ivres, voisines aussi serviables que critiques, incendies, poussins rétifs, couguars et ours en maraude ...  tel sera donc le quotidien.

Pas drôle, allez-vous me dire et plutôt décourageant .
 Et bien non ! Très drôle au contraire, on rit à gorge déployée ! 
Betty Mac Donald écrit merveilleusement bien : elle sait avec humour, tendresse et parfois cruauté (on la comprend !)  tout décrire  : ses propres déboires - en fait elle n'est pas douée pour la vie de fermière-, les travers  de ses voisins qu'elle sait rendre comiques, les situations plus ou moins scabreuses dans lesquelles elle et son mari se retrouvent, mais aussi, sans aucun larmoiement, ses moments de détresse ou de reconnaissance, quand enfin quelqu'un veut bien se préoccuper d'elle. 

J'ai du lire et relire ce livre entre 9 et 12 ans et cinquante ans après, je me demande dans quel mesure il a influencé mes goûts ! 
Celui de la lecture bien sûr, mais d'autres aussi plus prosaïques : je déteste les poules, aime les sombres forêts  du nord-ouest américain,  "rêve" d'une maison où les conserves s'aligneraient sur les étagères comme des petits soldats à la parade.... Mais heureusement j'ai été prévenue ! 

En reposant  "L'oeuf et moi", j'ai pris trois résolutions :
- continuer à dissuader mon frère de se lancer dans l'élevage (même modeste) de poules
- commander tout de suite la version intégrale de ce livre devenu rare,
- mettre des groseilles en conserve.

J'y vais, de ce pas !


1 commentaire:

  1. Cette collection est aussi sur mes étagères, j'ai lu ce livre en bibliothèque il y a des lustres et je ris en lisant ton billet, chouette souvenir

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